Un pas de plus vers l’isolement ? Après le revirement de Nauru, petite nation du Pacifique, décidant de rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan pour établir des liens avec la Chine, seuls 12 pays reconnaissent désormais officiellement cette île.

Autant de pays avec lesquels Pékin n’entretient pas de relations diplomatiques, puisque les autorités chinoises sont opposées aux communications officielles entre Taipei et des puissances étrangères. Pour rappel, la Chine considère l’île démocratique de Taïwan comme l’une de ses provinces.

La plupart des alliés officiels de l’île sont de petits Etats, souvent insulaires, qui reçoivent une aide au développement importante de la part de Taïwan.

Ainsi, sur les 12 Etats restants, sept sont situés en Amérique latine et dans les Caraïbes : le Guatemala, Belize, le Paraguay, Haïti, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Le Vatican reste le seul en Europe et l’Eswatini, le dernier en Afrique. Les Palaos, les îles Marshall et Tuvalu sont trois pays d’Océanie à reconnaître Taïwan.

21 alliés officiels en 2016

Toutefois, à l’image de Nauru, les revirements d’anciens pays reconnaissant Taipei ont été nombreux ces dernières années. En 2016, Taïwan comptait encore 21 alliés officiels. Sept se sont retirés depuis, sous la pression d’une politique diplomatique toujours plus agressive de la part du Parti communiste chinois.

Par exemple, en 2019, les îles Salomon avaient également annoncé qu’elles abandonnaient toute relation avec Taïwan en échange d’investissements de Pékin dans les infrastructures.

Menaces de Pékin

Après l’élection, samedi 13 janvier, de l’indépendantiste Lai Ching-te à la présidence de l’île, les menaces de Pékin se sont encore accentuées. Si les Philippines ne reconnaissent pas officiellement le gouvernement de Taipei, le président Ferdinand Marcos a déclaré qu’il avait hâte d’entamer une "collaboration étroite" avec le nouveau dirigeant taïwanais.

Une déclaration qui n’a pas échappé à la Chine, qui a aussitôt annoncé avoir convoqué l’ambassadeur des Philippines. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ces remarques "constituent une violation grave du principe d’une seule Chine […], une violation grave des engagements politiques pris par les Philippines envers la partie chinoise et une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine".

Entre les Philippines et la Chine, les liens étaient déjà tendus. Les deux pays ont des revendications concurrentes en mer de Chine méridionale qui ont donné lieu à de fréquents incidents en mer ces derniers mois.

Les alliés officieux de Taipei

Si la liste des alliés officiels tend à se réduire, celle des alliés officieux, elle, semble se stabiliser. D’après le journal La Croix, Taïwan possède en tout "111 représentations à l’étranger, ce qui la place devant des Etats comme la Malaisie, Israël ou la Norvège, bien qu’elles ne soient pas toutes des ambassades".

L’île peut, par ailleurs, compter sur le soutien de pays occidentaux opposés à Pékin. En premier lieu, les Etats-Unis, qui ont envoyé une délégation informelle le 14 janvier, au lendemain de l’élection du nouveau président.

Du côté de la France, et bien que les relations soient rompues avec Taipei depuis 1964, un nouveau bureau représentatif a été ouvert en 2020 à Aix-en-Provence, après celui de Paris.