Iran : les frappes en Irak et en Syrie virent à la crise diplomatique
Au Moyen-Orient, les tensions ne cessent de croître. Les Gardiens de la Révolution iraniens ont annoncé, ce mardi 16 janvier, avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles "terroristes" en Irak et en Syrie. Quelques heures plus tard, les autorités irakiennes ont convoqué le chargé d’affaires iranien à Bagdad.
Au Kurdistan d’Irak, au moins "quatre civils" ont été tués et six autres blessés dans les tirs de missiles iraniens, selon les autorités de la région autonome, précisant que certains blessés se trouvaient dans un "état critique".
Selon le ministère des Affaires étrangères, ces frappes résultaient d’une "opération ciblée" conforme "aux droits légitimes" du pays à "défendre sa sécurité". Elles interviennent dans un contexte régional tendu, sur fond de guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien qui fait craindre un embrasement régional entre les alliés des deux camps.
Dans la périphérie d’Erbil, capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, les Gardiens de la Révolution iraniens ont assuré avoir visé et détruit "un quartier général d’espionnage" - qu’ils ont attribué à Israël - ainsi qu’un "rassemblement de groupes terroristes anti-iraniens", selon l’agence de presse officielle IRNA.
Par ailleurs le Corps des gardiens a affirmé, sur son site internet Sepah News, avoir identifié en Syrie "les lieux de rassemblement des commandants et des principaux éléments liés aux récentes opérations terroristes, en particulier l’Etat islamique" (EI) et les avoir "détruits en tirant un certain nombre de missiles balistiques".
Des "violations inadmissibles" de la souveraineté irakienne
En réaction, le ministère des Affaires étrangères irakien a condamné ces tirs de missiles meurtriers, y voyant une "agression visant la souveraineté de l’Irak et la sécurité de son peuple".
Après ces frappes, les autorités assurent qu’elles vont "prendre toutes les mesures légales" nécessaires, y compris "une plainte au Conseil de sécurité" de l’ONU. La diplomatie irakienne a annoncé, en outre, la formation d’une commission d’enquête pour prouver "à l’opinion publique irakienne et internationale la fausseté des allégations de ceux qui sont responsables de ces actes condamnables".
A Paris, le Quai d’Orsay dénonce des "violations inadmissibles" de la souveraineté irakienne, contribuant "à l’escalade des tensions régionales. Outre-Atlantique, une responsable américaine a dénoncé "une série de frappes imprudentes et imprécises". Le département d’Etat américain a également souligné que les Etats-Unis étaient "opposés" à ces "frappes irresponsables" qui "sapent la stabilité de l’Irak".
Une réponse aux attaques de l’EI et d’Israël
Cette attaque, selon le Corps des gardiens, est une "réponse aux récents crimes de groupes terroristes qui ont injustement martyrisé un certain nombre de nos chers compatriotes à Kerman [dans le sud de l’Iran] et Rask".
Le 3 janvier dernier, des assaillants ont perpétré un attentat suicide contre la foule rassemblée à Kerman, lors d’une cérémonie commémorative près de la tombe du général Qassem Soleimani, l’ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak. Près de 90 personnes sont mortes à l’issue de cet attentat, revendiqué par l’Etat islamique.
Par ailleurs, selon l’agence de presse IRNA, l’attaque à Erbil intervient en représailles aux assassinats récents de plusieurs commandants des Gardiens de la Révolution mais aussi de chefs de "l’axe de résistance" - nom donné aux alliés de Téhéran dans sa lutte contre Israël.
Pour rappel, le 2 janvier, dans la banlieue sud de Beyrouth, une frappe attribuée à l’Etat Hébreu tuait le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri, et six autres responsables et cadres du mouvement islamiste palestinien.