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À l’époque des bains-douches à Cusset

À l’époque des bains-douches à Cusset

C’est un bâtiment qui a vu, durant plusieurs décennies, passer des milliers de cussétois en quête d’un plaisir simple : celui de se laver. Focus sur les fameux bains-douches de Cusset.

Si la salle de bains est une pièce indispensable que l’on trouve maintenant dans tous les logements, cela n’a pas toujours été le cas. Au XIX e   siècle, c’est un luxe existant dans les seuls palais ou riches hôtels particuliers, à une époque où l’eau courante est encore loin d’avoir fait son entrée dans tous les foyers.

À cette époque, bien souvent, la grande bassine familiale disposée au milieu de la cuisine, tenait lieu de salle de bains, remplie d’une eau chauffée sur le poêle à feu continu, l’on se lavait à l’éponge, et pas chaque jour, bien entendu.

D’anciennes croyances avaient la vie dure, l’eau pendant longtemps fut soupçonnée d’être la cause de maladies, la crasse devant être protectrice pour la peau… Ce n’est véritablement qu’au XX e   siècle, avec le développement des notions d’hygiène, que commencent à arriver les salles de bains dans les nouveaux logements.

Se tenir propre moyennant une somme modique

Qui se souvient, en passant devant le 32 rue Liandon, qu’existèrent ici les bains-douches et lavoir municipaux, jusqu’au début des années 1980 ? C’est par une délibération municipale du 25 septembre 1930, Georges Roux étant maire, que fut prise la décision de créer cet établissement destiné à donner aux habitants la possibilité de se tenir propre moyennant une somme modique, alors que la population de Cusset, surtout ouvrière, s’accroît rapidement avec environ 8.000 âmes. Un terrain disponible rue Liandon (ex-rue Derrière-les-Murs), équipé en tout à l’égout, eau et gaz, fera l’affaire. Une subvention d’État sera même octroyée pour ce projet d’utilité publique. Le constructeur choisi est Jules Bafoil, avec le concours de l’architecte Pierre Lablaude.

C’est en février 1932, qu’ouvrent les bains douches de Cusset, vastes et modernes pour l’époque, l’accès se fait avec un abonnement de 10 tickets. « Au 1 er étage, étaient disposés côté hommes, 12 douches et 3 bains, et côté femmes, 8 douches et 8 bains », se souvient Raymond Jonnard, qui avec Jeanine son épouse, ont fait office de gardiens pendant de longues années, chargés d’encaisser les règlements et avaient leur logement sur place.

« Chaque lundi, le garde municipal, un certain Dumont, venait chercher l’argent », se remémore Raymond qui assure qu’ils « faisaient » en moyenne plus de 200 personnes par week-end. Un vaste lavoir de 24 places, accueillait les lavandières, qui, en lavant leur linge sale, pouvaient désormais papoter dans un lieu confortable et bien équipé. Nombre de confidences et ragots sur la vie cussétoise ont dû se colporter entre ces murs au fil du temps…

Le témoin nécessaire d’une autre époque

Le bâtiment a aujourd’hui perdu de sa superbe, mais est toujours debout, de style Art Déco avec ses formes géométriques, en béton granité, nouveau matériau à l’époque de sa construction. Avec ses deux ailes latérales, sa corniche, ses murs orangés et ses boules incrustées sur une céramique vert pâle en partie haute, et l’inscription bains douches gravée en lettres bâton au-dessus d’une des portes, il démontre la volonté de ses créateurs d’avoir un édifice certes fonctionnel, mais aussi de belle facture. Les bains douches, n’ayant connu aucune réparation depuis leur mise en service, abîmés pendant l’occupation allemande, bénéficieront en 1948, d’une réfection confiée à l’architecte Pierre Lefort. Puis, plombés petit à petit par l’augmentation considérable du prix des énergies, et aussi par le confort se développant fort heureusement dans les logements, et la démocratisation du lave-linge, les bains-douches et lavoir municipaux ayant perdu leur utilité, détrônés par le modernisme, fermeront définitivement en 1981.

Brièvement occupés par le Foyer d’entraide sociale, puis local de stockage pour le comité des fêtes, les lieux sont encore là pour rappeler aux jeunes générations, que le confort dont chacun peut jouir aujourd’hui chez soi, n’a pas toujours existé.

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