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Avant Black Lion - ASM, en Challenge Cup, rencontre avec Levan Tsabadze, le premier Géorgien à être venu à Clermont

Le rendez-vous est donné rue Shardeni, l’une des artères les plus fréquentées de la vieille ville de Tbilisi. En ce début de mardi soir, les rues de la capitale géorgienne ne grouillent pas encore de monde. Mais même parmi une foule compacte, difficile de manquer la silhouette de Levan Tsabadze.

L’ancien pilier de l’ASM possède toujours le même physique imposant que celui de ses jeunes années. « Vous saluerez bien tous les gens à Clermont-Ferrand de ma part. J’en ai gardé un merveilleux souvenir ». Un souvenir vieux de 20 ans déjà…

À 51 ans, l’ancien joueur professionnel en a fini depuis longtemps avec le ballon ovale. « Depuis que j’ai terminé ma carrière à l’ASM en 2004, j’ai peu à peu décroché du rugby. J’ai fait beaucoup de choses par la suite. J’ai fait de la politique, j’ai été maire de la ville d'Aspinza. Même si j’ai fait une petite pige comme entraîneur à Moscou, je n’ai plus jamais vécu du rugby. Je prends cela comme un hobby », décrit-il dans un bon français. Des bases qu’il a gardées de son passage de huit ans en Europe.

Venir en Europe, le rêve de tous les jeunes Géorgiens

Et quand on lui demande de se replonger sur sa carrière de rugbyman, les yeux de l’ancien sportif s’illuminent. Si aujourd’hui beaucoup de Géorgiens tentent chaque saison l’aventure du Top 14 ou de la Pro D2, Levan Tsabadze fait figure de pionnier.

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Le robuste pilier a en effet ouvert la voie à une multitude d’autres joueurs. Nous sommes en 1996, l’équipe nationale du Caucase est en tournée en France. La Géorgie, qui ne possède pas encore la réputation qu’elle possède aujourd’hui, effectue de simples matchs amicaux contre le bataillon de Joinville, Dijon ou Châteaurenard. Loin, très loin du Parc des Princes… Et c’est lors de cette dernière rencontre que tout va basculer Pour Levan Tsabadze.

« Des dirigeants du club de Châteaurenard ont contacté la Fédération pour que je vienne jouer chez eux en France. J’ai dit oui tout de suite. Ce n’était même pas un rêve, c’était inimaginable. Je n’étais qu’un jeune homme issu d’un pays de l’ancienne union soviétique. Je venais en Europe, là où il y avait la démocratie et la liberté. Tous les jeunes de ma génération rêvaient de partir quelque part pour essayer d’évoluer tranquillement.  »

Aujourd’hui, beaucoup de Géorgiens évoluent dans le championnat de France. Mais pour moi, qui fus l’un des premiers, c’était très difficile. À chaque match, tout le monde se questionnait sur mon niveau. Tous les week-ends, c’était un vrai défi.Levan Tsabadze, pilier de l'ASM de 2002 à 2004. Photo Arnaud Clergue

Tout n’a pas été simple au début. Loin de sa famille, Levan Tsabadze a dû apprendre à se débrouiller dans une culture très différente de ce qu’il avait jusqu’alors vécu. Tout juste père, il a dû faire sans son fils et son épouse pendant plusieurs mois. Mais comme tout bon Géorgien, il s’est accroché et son niveau a tout de suite frappé les yeux de clubs plus huppés. Narbonne, Castres puis Clermont-Ferrand.

Et lorsqu’il débarque en Auvergne en 2002, le droitier s’est donc constitué un solide CV. Mais lorsque l’on est un pionnier, les clichés ont parfois la peau dure. « À l’époque, c’était inimaginable de pouvoir évoluer dans top clubs comme Castres ou Clermont. Aujourd’hui, beaucoup de Géorgiens évoluent dans le championnat de France. Mais pour moi, qui fus l’un des premiers, c’était très difficile. À chaque match, tout le monde se questionnait sur mon niveau. Tous les week-ends, c’était un vrai défi. Ce n’est qu’en arrivant à Clermont que l’on m’a considéré enfin comme un vrai joueur pro. »

Il a conseillé à l’ASM de prendre « Dato »

Et même après l’arrêt de sa carrière après deux saisons pleines à l’ASM (2002-2004), Le Géorgien a continué à rendre de fières chandelles à son dernier club. Si Davit Zirakashvili est à jamais une légende clermontoise, son aîné n’y est pas tout à fait étranger.

« En 2004, le président (René Fontès) et le directeur sportif (Jean-Marc Lhermet) m’ont demandé ce que valait Davit Zirakashivili qui évoluait alors à Aubenas. Je le connaissais bien, puisque l’on venait du même club de Rustavi (à une vingtaine de kilomètres de Tbilissi, ndlr). Je savais que c’était un bon garçon promis à un grand avenir s’il était entre de bonnes mains. La suite de sa carrière m’a prouvé que je ne m’étais pas trompé. »

Ce samedi, Levan Tsabadze aura l’occasion de tirer un trait d’union entre son présent et son glorieux passé. L’ancien Clermontois sera dans les tribunes du stade Mikheil Meskhi pour assister à la rencontre opposant le Black Lion à l’ASM.

« Je serai peut-être le seul et le premier Géorgien à être supporter clermontois », se marre-t-il. Encore et toujours pionnier. 

 

A Tbilissi, Arnaud Clergue

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