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Isabelle Mayrand, une créatrice clermontoise aux doigts d'argent

Isabelle Mayrand, une créatrice clermontoise aux doigts d'argent

Depuis trente ans, Isabelle Mayrand transforme les envies de ses clientes en création unique, voire en œuvre d’art. Au vu de la passion qui l’anime, la couturière n’est pas prête à raccrocher ses ciseaux.

Isabelle Mayrand a toujours aimé créer. Autour des fourneaux de sa famille qui habitait à Lapalisse, dans l’Allier. Dans l’atelier de son grand-père. Puis pour ses poupées : « La mienne avait cinquante robes que je lui avais fabriquées », se souvient-elle.

Un don pour la couture qu’elle a peut-être hérité de sa mère, qui l’habillait quand elle était enfant, elle, ainsi que sa sœur. Alors au moment de choisir son orientation post-troisième, c’est sans hésitation qu’elle renonce à la cuisine et opte pour un brevet de technicienne en Sciences et techniques, conception, construction, fabrication habillement. Il la conduit à Bourges, durant trois ans.

« Je suis capable de faire un patron, de faire une gradation, de couper, monter, donner du travail à une équipe… », liste Isabelle Mayrand.

À Ambert durant vingt ans

Sa vie personnelle la conduit d’abord à Issoire, puis à Saint-Amant-Roche-Savine et à Ambert. Là, elle ouvre d’abord Isabelle couture dans un local de 15 m², en 1993. Le succès est tel qu’elle passe à 60 m² et finalement à une troisième boutique de 70 m². Vingt ans s’écoulent. « 80 % de mon chiffre d’affaires, c’était de la retouche. »

Et même si ça marche bien à l’époque, elle, a envie d’autre chose. Et surtout de venir à Clermont-Ferrand. Elle franchit le pas en 2013 et crée Au dé d’argent (devenu ensuite Au dé d'argent by Isabelle Mayrand).

À Ambert, je faisais trois robes de mariée dans l’année. En 2023, j’en ai confectionné 58, plus 15 robes pour des défilés de mode.

De moins de 1.000 € à 3.000 €

Dans sa boutique de la rue de la Treille, tout commence derrière son bureau. Posée, elle prend le temps d’écouter ses clientes. De regarder les photos qu’elles lui apportent. De comprendre leurs envies. Place ensuite à l’imagination !

« C’est vraiment de la création, avec un budget très extensible, de moins de 1.000 € à 3.000 € », dit Isabelle Mayrand. Lorsque le budget le lui permet, la couturière se tourne en priorité vers les matières françaises, les dentelles, le haut de gamme… « Hier, j’ai eu une demande pour une robe des années 1920. La dame n’a pas trouvé ce qu’elle voulait. C’est pour avril. » Un nouveau défi pour lequel Isabelle Mayrand va se retrousser les manches…

« Je cogite tout le temps »

Car quel que soit le budget - ou la demande -, chacune de ses créations l’habite, « je cogite tout le temps ». Et les centaines de photos accrochées aux murs de sa boutique témoignent de la créativité comme de la capacité d’adaptation d’Isabelle Mayrand.

Mes robes ont toute une histoire. Celle-là, c’était pour une jeune femme qui vit à Los Angeles ; ses parents étaient d’Ambert, elle est venue un mois, durant lequel j’ai fait sa robe. Pareil pour une autre jeune femme qui vivait au Gabon.

« Il y a une autre robe qui m’a marqué : la cliente avait un petit budget, alors je lui ai dit de regarder les dentelles des rideaux. La robe devait être faite dans une toile de lin, courte devant, longue derrière ; à la taille, elle voulait mettre des rubans de toutes les couleurs. Au final, ça a fait une belle robe printanière », illustre la quinquagénaire.

Bonus réparation. Isabelle Mayrand habille la femme en général, fait du sur-mesure, crée des robes de mariée, réalise retouches et autres réparations… Suite au lancement du bonus réparation sur le textile, par le gouvernement, elle a été labellisée. De quoi permettre à ses clients de bénéficier de réductions.

Une autre fois, une autre cliente ne pouvant pas acheter de la dentelle de Calais s’est, elle, tournée vers des napperons. Et bien le résultat a été si surprenant que sa témoin a fait de même pour se confectionner une robe bleue. « Et cette robe de mariée avec les napperons, je l’ai mise en fond d’écran sur mon site ! Je découvre tout le temps », s’enthousiasme Isabelle Mayrand, qui s'engage à ne jamais faire deux fois la même robe.

La fameuse robe en papier bulles présentée en 2014 au Salon du mariage au casino de Royat (photo d'archives Thierry Nicolas)Une robe en... papier bulle

« J’aime les robes. Quand je fais un défilé de mode, j’en fais toujours quatre ou cinq dans des styles qui permettent aux spectateurs de se projeter. Les autres sont plus loufoques, parce que j’aime le côté création. En 2014, j’avais fait une robe en papier bulle. On m’en parle encore ! », s’amuse-t-elle.

D’autant que l’ambiance des défilés de mode, lors des salons du mariage, lui permet de toucher à un autre pan de la création. « J’adore l’ambiance des défilés, même si, comme j’habille les mannequins, je ne vois pas le défilé ni entends les commentaires. »

Pourtant, lors du Covid, Isabelle Mayrand a bien eu peur de devoir mettre la clef sous la porte, entre confinements, interdiction des rassemblements, annulation des mariages… Les aides de l’État ont été une bouffée d’oxygène, avant le rattrapage de l’activité l’année suivante.

Pour son atelier, la grosse période s’étale de janvier à septembre ; novembre et décembre sont un peu plus creux, même si cet hiver, elle a confectionné deux robes de mariée en octobre, une en novembre et une pour le 23 décembre. 

Collection. Qui dit couturière, dit outils. Et parmi eux, le précieux dé. Un dé qu’Isabelle Mayrand collectionne sous sa forme en porcelaine : « Au début, j’en achetais ainsi que ma famille, quand elle partait en voyage. Parfois des clientes m’en ramènent ». Ils sont près de 400 à avoir trouvé leur place dans sa boutique de la rue de la Treille.

Texte : Gaëlle Chazal

Photos : Thierry Nicolas

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