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Grand plan pour lutter contre l'infertilité en France : trois questions pour mieux comprendre

Grand plan pour lutter contre l'infertilité en France : trois questions pour mieux comprendre

Le président de la République a annoncé mardi 16 janvier 2024 un " grand plan" pour lutter contre "l’infertilité" lors de sa conférence de presse à l’Élysée. Pourquoi une telle mesure ? L’infertilité en France, ça représente quoi ? On vous en dit plus.

Emmanuel Macron a annoncé mardi 16 janvier le lancement d'un "grand plan" pour lutter contre le "fléau" de l'infertilité, une mesure visant avec le congé de naissance à relancer la natalité en France.

Combien de personnes sont touchées en France ? 

Face à l'infertilité en hausse, "un grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement ce réarmement démographique", a martelé le président de la République. 

Dans l’Hexagone, 3,3 millions de personnes sont touchées par l’infertilité, selon le récent rapport (en PDF) du professeur Samir Hamamah, chef du service biologie de la reproduction au CHU de Montpellier (Hérault), remis au ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, en février 2022. 

Si l’infertilité est devenue un enjeu de santé publique majeur, ce fléau n'a  jamais été traité comme telle par les pouvoirs publics. Sur la base de 130 auditions réalisées auprès des acteurs institutionnels, des spécialistes de la fertilité, des représentants du monde associatif et de la société civile, mais aussi des couples de patients et d’anciens patients, le rapport de 2022 sur les causes d’infertilité dresse les contours d'une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité. 

Quelles sont les causes de l'infertilité ? 

Le recul de l’âge à la maternité. En quatre décennies, cet âge a augmenté de cinq ans, affirment les auteurs du rapport. En 2019, les Françaises avaient leur premier enfant à 29 ans en moyenne. La  fertilité déclinant progressivement à partir de 30 ans, les maternités dites "tardives" augmentent mécaniquement le risque d’infertilité. 

Des facteurs sociétaux. La généralisation du travail féminin et des techniques contraceptives a contribué au recul de l'âge de la maternité. Les sociologues identifient également d’autres déterminants, tels qu’un possible déclin du désir d’enfant chez les jeunes générations, la recherche d’une stabilité professionnelle et affective avant de concrétiser un projet parental, une crise économique ou encore l’absence d’une politique publique facilitant la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. 

Des facteurs environnementaux. Une méta-analyse réalisée en 2017 a fait apparaître un déclin de plus de 50 % de la concentration spermatique chez les hommes des pays industrialisés entre 1973 et 2011, se poursuivantprobablement au même rythme depuis cette date. Ce phénomène serait notamment lié à une exposition régulière aux perturbateurs endocriniens. Par ailleurs, de récentes études montrent l’impact négatif des modes de vie occidentaux sur la fertilité des hommes et des femmes, en particulier pendant la période pré-conceptionnelle, à savoir les 6 mois précédant la grossesse : consommation de tabac ou de cannabis, obésité, troubles de l’alimentation… 

Des causes médicales. Chez les femmes, l'infertilité peut avoir une origine mécanique, l’endométriose, par exemple, pathologie répandue, mais encore mal connue, provoquant une obstruction des trompes. Elle peut aussi être d’origine hormonale. Ainsi le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est-il la cause la plus fréquente de troubles du cycle menstruel et d’absence d’ovulation. Chez les hommes, l’infertilité peut enfin avoir une origine endocrinienne, testiculaire, ou bien être liée à des lésions des voies génitales. La cause la plus fréquente est la varicocèle.

Quelles sont les pistes pour améliorer la situation ? 

La mission présidée par le professeur Samir Hamamah présente plusieurs axes d’améliorations.L'information du public. Et ce dès le collège et tout au long de la vie, sur la physiologie de la reproduction, le déclin de la fertilité avec l’âge, les facteurs de risques d’infertilité, à travers notamment l’instauration d’une journéenationale de sensibilisation à l’infertilité, la création d’un numéro vert et d’un site internet dédié, et le lancement régulier de campagnes d’information grand public.

L'instauration de consultations ciblées. Objectif ? Que les jeunes hommeset les jeunes femmes puissent repérer de potentiels facteurs d’altération de leur fertilité, avec une première consultation médicale prolongée à destination des adolescents. Plus tard, tout homme ou femme en âge de procréer devrait également pouvoir bénéficier d’une consultation fertilité auprès d’un professionnel de santé formé à cet effet. 

Renforcer la formation des médecins. La mission recommande d’ajouter au contenu du deuxième cycle des études médicales un volet "prévention de l’infertilité" dans les unités d’enseignement abordant la reproduction et de créer une UE optionnelle "Santé reproductive, causes et prévention de l’infertilité".

Développer la recherche dans le domaine de la reproduction humaine et de l’infertilité. La  mission proposait d’intégrer cette problématique dans les priorités d’investissements d’avenir du gouvernement, ce qui se traduirait par la mise en place d’un Programme et Équipements prioritaires de recherche (PEPR) dédié à la reproduction humaine et à la lutte contre l’infertilité, avec pour thématiques de recherche

Création d’un Institut national de la fertilité. "Seule la création de cet institut permettra de piloter et de coordonner la recherche, les actions de prévention de l’infertilité, et la prise en charge des patients, de façon holistique, innovante et efficace", lit-on dans le rapport, qui "se conçoit comme la première pierre permettant de construire l’édifice d’une approche nationale." 

Nicolas Faucon 

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