Frànçois Atlas & Aja : “On aimerait que le public s’allonge et regarde le paysage”

Comment se déroulera votre résidence 22ème Ciel à l’Hyper Weekend Festival ?

Frànçois Atlas — On a choisi un titre volontairement aérien pour offrir une proposition musicale la plus ouverte possible. On a plein d’envies, à commencer par le lieu situé au 22^e étage de Radio France qui donne naturellement envie de planer. On souhaite également travailler des textures sonores qui rappellent les éléments comme la terre ou le bois, donc apporter des sources de samples ou des objets, comme des percussions que j’avais fabriquées à l’époque de Piano ombre (2014). La musique d’Aja possède déjà des vertus thérapeutiques sur le moment comme dans le temps long. Pour ma part, j’ai demandé à Blumi, qui peut jouer de la flûte traversière comme de la guitare, de nous accompagner.

Aja — De mon côté, j’ai sollicité Variéras, avec qui j’ai l’habitude de collaborer, pour compléter notre formule en quatuor et ramener encore plus d’acoustique et de chœurs sur scène, où je jouerai notamment de la harpe et de l’organetto. C’est aussi très confortable de n’avoir aucun instrument à brancher. [sourire]

On va osciller entre deux équilibres, musique planante et texte enivrant

À quoi ressemblera le répertoire ?

Frànçois Atlas — J’avais envie de travailler depuis longtemps sur des textes d’Yves Bonnefoy, un poète français mort en 2016. Comme on parle de voyages, d’hypnose et d’une lente avancée dans le rêve, j’ai commencé à mettre en musique des poèmes extraits des Planches courbes qui évoquent l’état entre le réveil et le rêve, et la manière dont le langage tourne en spirale sur ce double état de conscience et d’inconscience.

C’est un recueil très signifiant quand on prend le temps de l’écouter lentement, comme le permet la musique ambient. Comme dans Rimbaud, chaque mot d’Yves Bonnefoy est en lui-même tellement envoûtant qu’il permet d’oublier le sens et de partir dans un voyage. On va ainsi osciller entre ces deux équilibres, musique planante et texte enivrant.

Qu’est-ce qui change dans le fait de donner deux représentations par soir pendant trois jours ?

Frànçois Atlas — Jouer plusieurs fois sur un week-end confère moins de stress et détend forcément les performances. Cela crée presque une sorte d’annexe ou de chill room au festival.

Aja — C’est toujours agréable de jouer devant des jauges intimistes, puisqu’il y aura 80 personnes par représentation. On aimerait bien que le public puisse s’allonger et regarder le paysage au-dessus des toits de Paris à travers les baies vitrées du 22^e étage. L’acoustique et l’architecture du lieu vont forcément influer sur notre musique. Un cadre idéal pour l’introspection et le voyage.

Frànçois Atlas & Aja au 22^e étage de la Maison de la Radio et de la Musique, vendredi 26, samedi 27 et dimanche 28 janvier à 18 h et 19 h 30.