“Primadonna”, un film lumineux sur l’émancipation féminine
“La vérité demande des efforts.” C’est ainsi qu’on insiste auprès de Lia pour qu’elle puisse oser prendre la parole. Prendre la parole et maintenir sa position. Celle d’un refus.
Sicile, 1965, dans un village rural, le fils d’un patron semi-mafieux local enlève de force Lia, qui se refusait à lui, la viole et organise un “mariage réparateur”, une loi stipulant alors, strictement d’après le Code pénal, qu’un violeur pouvait échapper aux poursuites judiciaires s’il épousait la victime, même mineure.
La jeune femme n’accepte pas cette union forcée et traîne l’affaire au tribunal. Cette histoire s’inspire de celle de Franca Viola, l’une des premières femmes italiennes à dire “non” publiquement et devenue au cours des années 1960 un symbole d’émancipation féminine.
Une aura étonnement claire
Primadonna, premier film de la cinéaste italienne Marta Savina, fait de prime abord redouter le déroulé d’une reconstitution historique en pilotage automatique. Mais il réserve, dans son académisme de façade, des moments d’affranchissement intenses qui expliquent, on le comprend à rebours, pourquoi il distille une aura étonnamment claire et lumineuse.
Il tient pour beaucoup à la prestation de Claudia Gusmano, qui traverse le long métrage avec une grande modernité et rappelle à quel point il a été inimaginable à l’époque d’imaginer une troisième voie autre que celles dictées par le patriarcat, entre madones et vieilles filles. Au milieu d’une foule d’hommes, sur les bancs d’un tribunal, la première “nouvelle femme” est arrivée.
Primadonna de Marta Savina, avec Claudia Gusmano, Fabrizio Ferracane, Francesco Colella. En salle le 17 janvier.