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L'un des médecins nommés pour réorganiser les urgences de Nevers a été condamné pour escroquerie en première instance

L'un des médecins nommés pour réorganiser les urgences de Nevers a été condamné pour escroquerie en première instance

Un nouveau médecin a été nommé par l’ARS et l’administration provisoire pour réorganiser les urgences de Nevers. Problème, une procédure pour escroquerie à son encontre est en cours. De quoi exaspérer les soignants nivernais.

L’hôpital de Nevers annonçait mercredi 10 janvier l’arrivée de Pierre Carli, grand professeur de médecine, en provenance du Samu de Paris. Si la nouvelle est réjouissante pour le territoire nivernais et les urgences du Chan (centre hospitalier de l’Agglomération de Nevers), le personnel de l’hôpital a rapidement déchanté en voyant le médecin qui l’accompagne.

Une inquiétude émerge dans les équipes : le professeur Carli, censé relever les urgences, risque, selon certains, de ne pas se présenter régulièrement au Chan. En effet, en parallèle de sa mission au sein de l’hôpital, il accompagne la préparation de la sécurisation des Jeux Olympiques à Paris.

Le médecin qui pourrait être le plus présent à Nevers est le docteur Gibey. Il arrive tout droit du service des urgences de Dole (Jura). Il y était chef de service et président de la commission médicale d’établissement. Ce dernier vient d’abandonner ses missions à responsabilités dans le Jura, après sa condamnation en première instance devant le tribunal de Lons-le-Saunier.

Il a été jugé coupable d’escroquerie pour être à l’origine d’un préjudice de 214.000 € à l’hôpital de Dole entre 2017 et 2021. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis et à 5.000 € d’amende pour les 21 jours litigieux où de nombreuses incohérences apparaissaient.

Les malversations avaient été révélées par le journal Le Progrès en 2022 puis lors de comptes rendus d’audiences. Le médecin, responsable des plannings et de l’administratif, s’était attribué plusieurs gardes et permanences lors de jours où il ne travaillait pas. Sa carte bleue avait même été utilisée à l’étranger sur des jours où il était supposément de garde.

"Condamné à réussir"

Le docteur Gibey a cependant fait appel de la décision du tribunal du Jura et est à nouveau présumé innocent. Il fait aussi l’objet d’une procédure à l’Ordre des médecins, selon Le Progrès, mais celle-ci est en pause, en attendant le jugement définitif. Renseignements pris, le médecin a bien quitté ce mois-ci les effectifs de l’hôpital de Dole pour rejoindre Nevers pour six mois.

D’après nos informations, le docteur Gibey ne sera pas amené à effectuer des actes médicaux, mais s’occupera davantage de l’aspect administratif. Il aurait aujourd’hui pour ligne de conduite de remettre du sens aux urgences de Nevers.

Au sein de l’hôpital, les nouvelles vont vite. Les réactions des soignants n’ont pas tardé. Entre exaspération de voir un tel CV et lassitude, les soignants sondés sont fatigués du traitement que réservent les autorités à l’hôpital de Nevers. Certains lâchent : "On nous annonce un cador, il a des casseroles."

À la CFDT, syndicat majoritaire au Chan, David Boucher déclare :

Dans la situation actuelle de l’établissement, la venue de ce médecin ne peut qu’interroger. Ceux qui sont contre le système sont peut-être les plus à même de le changer ? Les affaires pénales qui le concernent n’ont rien à voir avec la situation de l’hôpital de Nevers. Sa peine, ici, est d’être condamné à réussir.

Il ajoute : "C’est cependant truculent, si un agent avait eu ce genre de condamnation, il serait remercié de la fonction publique. Puissant ou misérable, pas le même traitement."

L’ARS défend son médecin

L’ARS (Agence régionale de santé) en revanche rapporte, quant aux missions des deux médecins nommés, que "le professeur Carli, en lien avec l’ARS et les administrateurs provisoires, pilote la mission d’appui au parcours des soins d’urgence au centre hospitalier de l’Agglomération de Nevers. Il est le chef de cette mission composée du docteur Gibey, qui a la responsabilité fonctionnelle et opérationnelle du service des urgences et participe ainsi à l’élaboration d’un projet opérationnel pour le service."

Le professeur Carli et le docteur Gibey, disposent chacun d’un bureau au sein de l’établissement et seront présents à Nevers très régulièrement. […] Le professeur Carli et le docteur Gibey ont rencontré l’ensemble des urgentistes, sur site, la semaine dernière.

À ce propos, des soignants urgentistes déclarent ne pas les avoir vus pour l’instant. L’ARS conclut au sujet de la condamnation du docteur : "Le docteur Gibey poursuit ses entretiens cette semaine, avec les acteurs de l’urgence de Dijon, sa mission s’inscrivant dans une dimension territoriale et visant le parcours global du patient. Ce médecin, ancien président de commission médicale d’établissement, urgentiste chevronné, a toute la confiance du professeur Carli. La procédure en cours est sans lien avec ses compétences médicales et l’activité hospitalière du docteur Gibey. Ses capacités d’organisation, d’expérience et de management d’un service d’urgences ont été déterminantes dans le choix de lui confier ces travaux."

La direction de l’hôpital, interrogée sur la venue de ces médecins, renvoie aux réponses de l’ARS.

Simon Dubos

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