Instinct paternel

C’est bien beau de vouloir filer l’anaphore mais c’est une bien étrange manière que d’aborder la natalité à travers un vocabulaire guerrier. Le Président veut « réarmer » sa démographie mais il risque vite de finir désarmé devant une équation bien plus complexe qu’une somme d’argent. Suffit-il de mieux payer les pères pour qu’ils le deviennent ? Ou le poids des normes de genre sera-t-il toujours plus fort ? Il en va de la paternité comme de la maternité : les désirs ou répulsions bataillent avec les injonctions sociétales, jusqu’à ce qu’un camp baisse la garde, par découragement, suivi de frustration. Il en coûte parfois de franchir ces obstacles économiques, culturels, psychologiques ou tout simplement pratiques quand viennent à manquer les modes de garde. C’est aussi une affaire de vases communicants. Aux inégalités dans la vie de famille, répondent celles dans le monde du travail. Les deux s’entretiennent, au même titre qu’elles entretiennent un déséquilibre délétère plus général. Il n’y a pas plus d’instinct maternel que d’instinct paternel. Juste des femmes et des hommes trop souvent entravés dans leurs choix divers.

l’éditorial

Florence Chédotal