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Arrêt de la foire-expo de Cournon : "Une page qui se tourne", "inéluctable vu les tarifs"

Arrêt de la foire-expo de Cournon :

"C'est une page qui se tourne, pour beaucoup d'Auvergnats, une coutume, une tradition, une... culture". L'annonce de l'arrêt de la foire-expo de Cournon au terme de 45 éditions a fait réagir les lecteurs de La Montagne sur Facebook. Entre regret et constat d'un modèle qui avait vieilli et ne répondait plus aux attentes des exposants locaux et des visiteurs.

La foire-expo de Cournon a tenu bon longtemps, évolué au gré de ses changements de lieux, de la place des Salins à Clermont-Ferrand au plan d'eau de Cournon avant de s'installer à la Grande Halle d'Auvergne. Mais son changement de format avec cinq jours au lieu de neuf en septembre 2023 n'aura cependant pas suffi. Cette 45e édition aura été la dernière. La foire-expo aura survécu au Covid, pas au désamour des exposants et des visiteurs qui s'étaient fait moins nombreux au fil des ans, nouvelles habitudes de consommations obligent.

Carlos, Morgan Parra, Clara Morgane... Toute une époque

"C'est une page qui se tourne, pour beaucoup d'Auvergnats, une coutume, une tradition, une ...culture" . 

"Moi, j'ai de bons souvenirs quand elle se tenait au plan d'eau de Cournon. Le chanteur Carlos était venu sur le podium installé au bord de l'eau. Bon, je n'étais qu'une gamine, mais je m'en souviens", témoigne Lalie. 

"J'ai connu place des Salins avec le bib Michelin à l'entrée... Mon grand-père était fier de m'y amener. Puis toutes les autres et ma dernière en 2010 où j'ai eu la chance de rencontrer Morgan Parra", raconte

Ce contact avec des vedettes était l'un des atouts de la foire-expo. Kainy remercie "du fond du cœur le staff, pour lui avoir permis de rencontrer ses stars préférées et pour tous ces souvenirs inoubliables" . Kainy et Clara Morgane

Une âme et une convivialité perdues au fil des ans 

"Il fut un temps où j'y allais en groupe. On y passait de bons moments et on y faisait réellement de bonnes affaires. On terminait la soirée dans un des restaurants éphémères "collés" à la foire. Et puis ça a été supprimé et les prix n'étaient pas plus intéressants que ça.  On y allait pour l'ambiance et le thème de l'année".

Mathieu, qui a participé au montage des emplacements, il y a près de vingt ans, se rappelle"

Il y a vingt ans lorsque je montais les emplacements, il régnait une ambiance sympathique et conviviale, mais depuis quelques années, c'était devenu sans âme...

Un truc de boomer

De son côté, Jean-Pierre, 75 ans, salue la "sage décision des dirigeants".

"Le modèle économique, commercial et culturel de la foire-exposition ne correspondait plus aux nouvelles pratiques d’achat et de consommation de nos concitoyens. L’événement "n’imprimait" plus, même avec ses thèmes et animations".

Didier abonde dans le même sens tout en soulignant que "cela traduit quand même un peu le défaut d’attractivité de notre territoire".

Jean-Pierre encore répond que "la problématique ne concerne pas que Clermont. On est vraiment dans de profonds changements de modes de consommation".

Mes enfants quadragénaires achètent beaucoup sur le net, y compris des meubles… La foire-expo avait une dimension générationnelle, touchait un public d’âge mûr et peu de jeunes adultes. Il suffisait d’arpenter les allées, les stands, pour le constater. Ça avait quand même un côté boomer ! "  

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Des stands devenus trop chers pour la fréquentation

Du côté des professionnels, on regrette que le modèle économique n'ait pas évolué et que les demandes des visiteurs et des exposants n'aient pas été suffisamment prises en compte. 

C'est le cas de Michaël Angermann, gérant d'Optirenov.  

"Je vends des produits de nettoyage de voiture et j'ai l'habitude d'aller sur des concentrations automobiles où les gens viennent chercher le produit. En 2022, les organisateurs qui voulaient faire de la place aux exposants locaux m'ont fait un prix, 1.200 € pour un stand de 3 m X 2 m, mais une fois sur place, la fréquentation était morose. 

"On travaillait essentiellement entre 17 et 19 heures. Le reste du temps, c'était une clientèle...  plutôt âgée qui venait passer le temps, mais n'achetait pas. Si je voulais faire mon chiffre, il fallait faire le show, être plus agressif.

En 2023, les organisateurs ont maintenu leur prix de stand alors qu'ils réduisaient la durée de la foire. "Impossible de suivre" pour Michaël Angermann.  Et puis, dit-il, "le consommateur est perdu avec les promos toute l'année et les soi-disant "prix foire" n'attirent plus". 

Michel Angermann mise désormais tout sur la foire Origine Auvergne.  "Je l'ai découverte en tant que simple visiteur et j'ai trouvé ça extra. Ça a cartonné !  Elle répond aux attentes des visiteurs en demande de produits locaux et les exposants ont super bien travaillé".

Des portes ouvertes plus porteuses

Françoise Pinel, des meubles Cosson, a, elle aussi, renoncé à la foire après des années de participation parce qu'elle ne s'y retrouvait plus, ni financièrement, ni dans le contact client. "

Le concept des foires s'essoufflait avant le Covid et devenait inaccessible en termes de tarif pour une petite structure comme la nôtre, d'autant que le nombre de visiteurs était en chute et les contacts visiteurs étaient beaucoup trop faibles.

"La dernière année en 2018, on a payé 4.800 € pour notre stand. C'était un sacré investissement, d'autant que, pendant la foire, le magasin était fermé et l'atelier de production tournait au ralenti. Ce n'était plus rentable pour nous et littéralement épuisant physiquement".

Maintenant, on organise des portes ouvertes dans notre atelier en invitant d'autres professionnels qui partagent les mêmes valeurs et on s'y retrouve sans rien dépenser.

Propos recueillis par Géraldine Messina

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