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Le nouveau congé de naissance de six mois sera mieux rémunéré mais le congé de maternité sera inclus

Le nouveau congé de naissance de six mois sera mieux rémunéré mais le congé de maternité sera inclus

Annonce phare de la conférence de presse d’Emmanuel Macron de mardi soir, le nouveau « congé de naissance » a vocation à stimuler le désir d’enfant chez les Français et à favoriser l’égalité homme-femme. On sait qu’il sera mieux indemnisé et que deux congés de six mois pourront être cumulés par les parents. Pour les femmes, le gain de temps sera plus modeste puisque, selon la ministre Aurore Bergé, le congé de naissance inclura le congé maternité.

Même si cela ne déclenche pas le passage à l’acte, les futurs parents vont d’ores et déjà se demander : « Combien ?  ». Le montant de l’indemnité mensuelle du futur congé de naissance n’est pas encore connu mais un rapport parlementaire avait préconisé de s’aligner sur l’Allemagne : 67 % du revenu (ce taux monte à 75 % dans les pays nordiques).

« Les niveaux du plafond et du plancher seront également décisifs », souligne Hélène Périvier, économiste à l’ OFCE-Sciences Po, spécialiste des politiques familiales. Le congé parental est actuellement payé par la CAF, mais rien n’est dit sur la prise en charge de l’« augmentation ».

Si l’on s’appuie sur les déclarations de la ministre Aurore Bergé, hier : ce congé de six mois pourra être pris simultanément ou successivement par les deux parents. Or, la ministre a également précisé  mercredi que la « durée de six mois englobe la période de congé maternité (16 semaines) et de congé paternité (28 jours) ». Pour les mères, le « bonus » de temps passé avec leur jeune enfant pourrait donc rester assez modeste.

Le sociologue Julien Damon, qui enseigne à Sciences-Po, HES et à l'école des cadres de la Sécurité sociale, insiste sur le fait que ce congé de naissance sera surtout « le nouveau nom de l’indemnisation du congé parental, qui, lui, est inscrit dans le Code du Travail » et donc devrait subsister. Maternité, paternité, parental, naissance, familial… la confusion guette. Les dispositifs de la politique familiale n’en finissent pas de faire des petits.

Ce dispositif nataliste pourrait-il inverser la tendance démographique ? 

Encourager le « réarmement démographique » du pays. C’est avec cette formule martiale que le président de la République a introduit l’une des annonces phares de son allocution de mardi soir, dont l’objectif affiché est d’enrayer la chute du taux de fécondité national.Même si les Françaises restent les plus fertiles, dans un contexte d’effondrement général à l’échelle de l’Union européenne, les dispositifs d’accompagnement de la parentalité existants sont manifestement insuffisants.

 « Aujourd’hui, les femmes en Europe sont éduquées, elles veulent une carrière, être autonomes. Si vous ne leur permettez pas ça, elles ne font pas d’enfants ».

En parlant de « réarmement », le président Macron a sans doute conscience que le ton patriotique de l’incantation aura sans doute un effet limité dans les chambres à coucher.Sans en exposer toutes les modalités, le chef de l’État a tracé les contours de ce nouveau « congé de naissance ».D’une durée de six mois, ouvert aux deux parents, il assurerait un meilleur maintien du niveau de vie du foyer par rapport au forfait (429 euros par mois) de l’actuel congé parental, qui, lui, peut s’étaler sur deux ans. Et même être rallongé d’un an à partir du deuxième enfant. De moins en moins de familles ont recours au congé parental : 14 % des mères et moins de 1 % des pères en 2020.

 

« Réduire la durée d’indemnisation et en augmenter le montant, plusieurs rapports allaient dans le même sens », éclaire Julien Damon, qui a lui-même remis un rapport sur le sujet à Élisabeth Borne, alors ministre du Travail, en 2021.Le président de la République s’appuie également sur les propositions faites en novembre par Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations. C’est en tant que ministre des Solidarités qu’elle avait annoncé la mise en place d’un « congé familial » en 2025.

Une incitation qui cible « les classes moyennes »

 

Julien Damon estime que ce nouveau congé va « dans le bon sens » : « Il répond à une aspiration des jeunes parents ; garder leur enfant entre zéro et six mois […] C’est bon pour l’implication des pères mais aussi de toutes les mères ».Et notamment de celles qui ont des revenus nettement supérieurs à l’actuelle indemnité du congé parental.La ministre Aurore Bergé a précisé mercredi  au micro de Sud-Radio que l’incitation ciblait « les classes moyennes ».Il ne faut pas attendre non plus de « miracle sur la fécondité », estime Julien Damon. 

« C’est surtout la dépense Petite enfance qui a de l’impact sur le nombre d’enfants. En plus d’un congé, les futurs parents veulent être certains d’obtenir une place en crèche ou chez une assistante maternelle ».

Hélène Périvier ne voit pas non plus le dispositif déclencher un boom démographique. « La baisse de natalité, c’est structurel, on n’en connaît pas les causes profondes. C’est un mélange de valeurs qui changent chez les jeunes générations. Il y a évidemment les valeurs féministes : “Je veux faire une carrière, je ne veux pas d’un deuxième enfant, ça me prend trop de temps”. Ce n’est pas parce qu’on fait un congé parental de quatre mois chacun que le partage des tâches va devenir égalitaire », analyse l’économiste de la famille.Les mères d'aujourd'hui sont écartelées entre différentes injonctions  

S’il n’y a pas d’étude complète sur le sujet, lâcher des pères « en autonomie » dans les premières semaines de l’enfant aurait toutefois une incidence positive sur le « partage » ultérieur de la charge parentale.Faire un enfant, c’est déjà bien, comme disait Mao Tsé-Toung, en faire trois, ou quatre ce serait encore mieux pour « réarmer » la démographie comme y appelle le président Macron.

Le sociologue Julien Damon ne s’inquiète pas de la raréfaction des familles nombreuses : « On n’a plus le temps d’en fonder car on se sépare beaucoup, mais les familles recomposées sont les familles nombreuses d’aujourd’hui »

Julien Rapegno

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