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À 80 ans, les Amis des arbres de Montluçon voient leur nombre d'adhérents s'accroitre

À 80 ans, les Amis des arbres de Montluçon voient leur nombre d'adhérents s'accroitre

L’association Les Amis des arbres de Montluçon (Allier) est née il y a 80 ans. Après des années plus calmes, elle attire de nouveaux les adhérents grâce à la qualité de son expertise.

À 80 ans, l’association Les Amis des arbres de Montluçon et sa région fait penser aux arbres fruitiers qu’elle entretient et défend. Avec l’âge, ils donnent de très beaux fruits. Retour sur une association encore verte.

Les premières graines ont été semées en pleine guerre, en 1943. Sous l’impulsion du docteur Perrin-Maréchal, un groupe d’hommes s’inspirent de l’association vichyssoise Les Amis des arbres pour leur structure éponyme, en partenariat avec les jardins ouvriers.

En raison des pénuries de l’époque, les premiers adhérents plantent et entretiennent des arbres pour des raisons nourricières. "C’était la guerre, il n’y avait pas beaucoup de fruits. L’idée était d’avoir une grosse synergie entre les membres de l’association et ceux des jardins ouvriers pour avoir plus de fruits", explique Denis Aufèvre, le secrétaire des Amis des arbres. Les conditions de vie de ces premiers adhérents influencent les cultures.

"Les gens avaient des petits jardins de ville. Comme ils n’avaient pas beaucoup de place, ils privilégiaient les petits arbres et les arbres palissés."

Des changements dans l'après-guerre

Plusieurs changements ont lieu durant les premières années de vie de l’association. Elle change de nom en 1944 pour devenir Les Amis des arbres bourbonnais. En 1948, elle se sépare des jardins ouvriers.

L’année suivante, l’association prend le nom des Amis des arbres et des roses, car en cette période d’après-guerre, les arbres fruitiers ne sont plus ses seuls sujets d’intérêt. Elle opte pour son nom définitif, Les Amis des arbres de Montluçon et sa région, en 1976.

Qui sont les adhérents ?

L’association compte 300 adhérents actuellement. Ce chiffre est monté à plus de 1.000 personnes dans les années 1960-1970. La variation des effectifs des Amis des arbres est concomitante aux évolutions de la société. Avec les Trente Glorieuses, les personnes ont eu des jardins plus grands. C’est pour cela que l’association a étendu son champ d’action aux rosiers. Le développement des supermarchés et des jardineries donne accès à des variétés d’arbres plus faciles à cultiver. Petit à petit, les habitants ne sollicitent plus l’association.

Ces derniers temps, en revanche, Les Amis des arbres constatent une hausse du nombre d’adhérents et une diversification des profils.

"Avant, nous avions surtout des hommes. À présent, nous avons aussi beaucoup de dames et surtout plus de couples. Ce sont des retraités comme des gens plus jeunes."

"Les gens viennent nous voir quand ils achètent une maison. Ils veulent remettre en état le jardin et ne savent pas par où commencer", renchérit Denis Aufèvre.

Derrière cette démarche se cache aussi une évolution des mentalités.

"Il y a 20 ans, quand les gens achetaient une maison, ils rasaient tout et replantaient des plantes d’ornements en parterres. Aujourd’hui, les gens ont des jardins plus petits et sont dans l'idée de conserver ce qu’il y a déjà."

Ce qui satisfait les membres du bureau, c’est que le bouche-à-oreille est leur premier pourvoyeur de membres. "Il y a une très bonne ambiance au sein de l’association et ça se sait. On fait les choses sérieusement mais sans se prendre au sérieux", précise avec un sourire Patrick Sabatier.

Les objectifs

Le but des Amis des arbres est de conseiller les jardiniers amateurs et d’échanger connaissances et greffons. "Contrairement à ce que pensent à tort certaines personnes, nous ne sommes pas une entreprise paysagiste mais nous sommes une association qui donne des conseils ! On a un rôle pédagogique mais nous ne faisons pas à la place des gens même si on peut donner un coup de main s’il le faut", insiste le président.

Tout au long de l’année, les membres les plus expérimentés de l’association proposent gratuitement des conférences sur de nombreuses thématiques. "

"Notre objectif est de montrer aux gens comment faire pour entretenir leurs arbres et leur jardin, qu’ils acquièrent les gestes essentiels. Nous avons aussi une bibliothèque dans laquelle ils peuvent puiser pour trouver les informations dont ils ont besoin."

Une expertise reconnue

Les connaissances acquises depuis quatre-vingts ans ont fait de l’association Les Amis des arbres une experte reconnue, en particulier dans la préservation des variétés locales d’arbres fruitiers (pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers…). L’association travaille avec les collectivités dans l’entretien des vergers municipaux ou communautaires. Son expertise lui permet également de gérer la pépinière conservatoire des Réaux qui fait perdurer ces variétés locales. La foire aux greffons - le 7 mars cette année - est l’un des points d’orgue de cette démarche de préservation.

Le siège des Amis des arbres de Montluçon est à la maison des associations, 4 quai Turgot. C’est là qu’ils donnent leurs cours et conférences, les jeudis à 18 heures. Renseignements sur le site Internet amis-desarbres.fr

Comment les Amis des arbres font faceau changement climatique ?

Au fil des ans, Les Amis des arbres constatent les effets du dérèglement climatique avec le manque d’eau, les températures qui grimpent… Face à ces aléas, le travail de préservation des variétés anciennes et locales, l’usage de techniques plus naturelles (sans produits phytosanitaires industriels) prend tout son sens.

"En été, il faut surveiller. Il faut pailler au pied de l’arbre pour éviter l’évaporation et laisser la nature faire. Les anciens n’allaient pas arroser tout le temps. L’important est d’avoir un sol bien nourri. On n’invente rien aux Amis des arbres", glisse Patrick Sabatier. Il met aussi en avant les capacités de résilience des variétés locales.

Entretenir un jardin est plus compliqué maintenant. Les arbres résistent moins car l’humain a trop touché la nature. Il a trop pensé à la rentabilité avec des arbres qui poussent vite avec beaucoup de fruits. Ils s’épuisent et sont plus fragiles. Les variétés locales donnent peut-être moins de fruits mais ils ont du goût et elles sont plus résistantes.

Denis Aufèvre constate d’ailleurs une prise de conscience chez les jardiniers amateurs. Les habitants voient l’intérêt des variétés locales, des pratiques raisonnées et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont de plus en plus nombreux à venir demander conseil aux Amis des arbres pour conserver les arbres plutôt que de les remplacer par de la pelouse.

Florence Farina

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