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Découvrez la gare de Limoges-Bénédictins comme vous ne l'avez jamais vue

Découvrez la gare de Limoges-Bénédictins comme vous ne l'avez jamais vue

La gare de Limoges-Bénédictins permet des photos et des vidéos esthétiques. Mais au lieu de la regarder toujours sous le même angle, si on la regardait différemment ? Une découverte à retrouver dans le dossier consacré à la gare de Limoges du dernier numéro du magazine Pays du Limousin.

Si on allait dans des endroits de la gare de Limoges-Bénédictins qu’on ne voit pas habituellement ? Et si on la regardait vraiment ? Allez, on commence avec un élément de la gare qui se voit comme le nez au milieu de la figure : le campanile.

Mais qu’y a-t-il dans le campanile ?

À Limoges, c’est vrai, on n’a pas la mer, mais on a, à défaut d’un phare, un campanile que l’on voit de loin. Il culmine à 67 mètres et ce n’est pas sa seule particularité. Comme le reste de la gare de Limoges-Bénédictins, il est fait de béton recouvert d’éléments en pierre. Il a une toiture de cuivre, surmontée d’un vase lui aussi en cuivre, et qui est lui-même surmonté d’une flèche paratonnerre.Photo Thomas JouhannaudQu’on le regarde de n’importe quelle direction, on voit une horloge dans sa partie haute. Une horloge qui donne… l’heure. "Il ne faut plus croire à cette histoire qui dit que l’horloge du campanile a 2 minutes d’avance pour vous éviter de rater votre train, prévient Bertrand Ehrengardt, directeur des gares du Limousin. C’était fondé, mais c’est fini. Les quatre horloges donnent la même heure et elles sont à l’heure." Chacun des cadrans mesure 4 mètres et les chiffres romains font chacun 60 centimètres de haut. Autant dire qu’on n’a pas besoin de montre quand on a le campanile en ligne de mire…Photo Thomas JouhannaudPhoto Thomas Jouhannaud

Comme dans un phare

Le campanile ne se visite plus aujourd’hui. Mais comme on suppose que vous êtes aussi curieux que nous, on est allé voir - accompagnés parce qu’on n’y rentre pas comme ça -, ce qui se cache à l’intérieur. Au fur et à mesure que l’on monte les marches, comme dans un phare, la vue depuis les fenêtres est de plus en plus spectaculaire. Dans le campanile, en fait, il n’y a rien. Seulement un escalier et des horloges tout en haut de l’escalier. Et on comprend rapidement pourquoi le campanile n’est pas ouvert à la visite. Pour aller tout là-haut, il faut emprunter un escalier hélicoïdal en fer. Ça tourne et c’est assez étroit. Mais comme dans un phare, une fois tout en haut, la récompense est devant nos yeux. Par une des fenêtres, on voit le dôme et ses détails de beaucoup plus près et la vue sur Limoges est belle.Photo Thomas Jouhannaud

Un poste émetteur récepteur de la Résistance

Cet endroit est aussi un synonyme de luttes. Certains disent que c’est une légende, d’autres affirment que cette histoire est vraie : pendant la guerre, les résistants étaient en liaison avec Londres grâce à un poste émetteur récepteur caché dans ce même campanile et c’est grâce à leurs renseignements que la Royal Air Force bombarda dans la nuit du 9 au 10 février 1944 l’usine Gnome et Rhône, qui fabriquait des moteurs d’avions pour la Luftwaffe à Puy Imbert, à quelques centaines de mètres de la gare des Bénédictins.Photo Thomas Jouhannaud

Un drapeau rouge tout en haut

Et quoi de mieux qu’un monument visible d’aussi loin pour manifester son mécontentement ? Le 20 mai 1968, un drapeau rouge flotte en haut du campanile, accroché par deux jeunes cheminots en lutte. En 1995, contre le plan Juppé sur les retraites et la sécurité sociale, puis en 2020, en signe de protestation des cheminots contre la réforme de retraites, le drapeau rouge flottera à nouveau en haut du campanile.

Retrouvez notre dossier consacré à la gare de Limoges-Bénédictins et bien d'autres découvertes en Limousin, dans le numéro 116 de janvier, février et mars 2024 du magazine Pays du Limousin, en vente en kiosque et en ligne sur la boutique Centre France.De nouvelles cartes de sentiers de randonnée y sont aussi proposées en partenariat avec Chamina.

Après être montés tout là-haut, on vous invite à redescendre… sous la gare. Oui, sous la gare, à la découverte d’un petit morceau d’Histoire. Saviez-vous que la gare des Bénédictins a été bombardée par les Italiens, en juin 1940, avant d’être occupée par les Allemands ? De cette occupation, il reste une trace, invisible aux yeux du public.

Limoges occupée

Le 12 novembre 1942, les Allemands passent la ligne de démarcation. Limoges n’est plus en zone libre. La ville est occupée. À la gare des Bénédictins, des soldats Allemands sont affectés à la surveillance des cheminots et du trafic ferroviaire. Les panneaux de signalisation en français sont doublés de panneaux en allemand et un couvre-feu est instauré.Le panneau "Réservé à la Wehrmacht" est toujours visible aujourd’hui. Photo Thomas Jouhannaud

Une rue jusqu'à la maison centrale

Les Allemands qui occupent la gare, placés sous les ordres de la Transport-Kommandantur et appelés "banofs" par les cheminots, découvrent l’accès à la rue souterraine qui court sous la gare. Un vieux tunnel qui abritait autrefois le chemin menant du champ de Juillet à la maison centrale de Limoges, installée au début du XIXe siècle à l’emplacement du monastère des Bénédictins, fermé au moment de la Révolution. Les soldats allemands murent une partie de ce tunnel qui ne sert plus depuis la construction de la gare pour y aménager un abri, réservé à la Wehrmacht.Photo Thomas Jouhannaud

Une centaine de mètres de long

Le tunnel, aujourd’hui inaccessible au public sauf en de rares occasions, s’étend sur une centaine de mètres de long et est fermé de part et d’autre. Le panneau Réservé à la Wehrmacht est toujours visible aujourd’hui, au-dessus de l’entrée sans porte de ce qui n’est plus qu’une pièce humide au bout de la rue souterraine. Des pavés et de vieilles machines sont entassés sur les côtés de la rue. Au bout, là-bas une forte ventilation ronronne. Au-dessus de la voûte de pierre passent les voies. Un pan de l’histoire datant d’avant la gare est enfermé là, sous terre.

On vous dit tout sur les secrets de la gare ferroviaire de Limoges

À la gare des Bénédictins, les voyageurs en retard courent toujours, les Limougeauds attendent l’arrivée de leurs proches en surveillant l’affichage et ceux qui sont arrivés en avance attendent sur un des sièges à leur disposition dans le hall. Ont-ils remarqué cette carte touristique au mur ? Ils ne le savent pas forcément, mais cet élément n’est pas là que pour la déco. Cette carte a connu la gare en d’autres temps. Au temps où la gare avait encore ses meubles de bois, ces boiseries qui mettaient en valeur cette carte touristique du centre ouest.La carte touristique accrochée dans la gare. Photo Stéphane LefèvreLa carte récemment restaurée retrouve en cette fin 2023 son entourage de bois, sauvé du « grand ménage » des années 1970 par des cheminots amoureux du patrimoine et restauré par l’entreprise spécialisée Blanchon. En cette même fin d’année, la gare retrouve aussi son buffet et une partie des bancs en cuir et bois d’autrefois. Eux aussi restaurés, ils ont repris place dans le hall. Sans revenir en 1929, la gare de Limoges-Bénédictins réintègre des matières qui avaient disparu.Des vitraux signés Chicot. Photo Thomas JouhannaudEt il suffit de tourner la tête, de lever les yeux, à l’intérieur ou à l’extérieur de la gare, pour redécouvrir les vitraux de Chigot, qui vont prochainement être nettoyés, ou les statues d’Henri Varenne représentant l’émail et la porcelaine, les caryatides symbolisant les quatre provinces que desservait autrefois la Compagnie de Paris à Orléans, les lettres PO de Paris Orléans, les cornes d’abondance… Pour un peu, vous en rateriez presque votre train…Dans le hall du Limousin. Photo Thomas JouhannaudTexte : Nathalie Goursaud

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