Son "rendez-vous" n’est pas passé inaperçu. Si, pour 51 % des Français, Emmanuel Macron n’a pas été convaincant lors de sa conférence de presse donnée mardi 16 janvier, selon un sondage BVA Xsight pour RTL, pour la plupart des médias à l’étranger, le ton est donné. Le chef de l’Etat cherche à donner "un coup d’accélérateur à son mandat", affirme le quotidien espagnol El País (centre gauche).

Lors de ce "rendez-vous avec la Nation", retransmis en direct sur six chaînes de télévision, le président français a multiplié les nouvelles pistes. Si peu de détails ont été apportés, pour Le Soir (libéral), les idées présidentielles se rapprochent de celles d’une figure bien connue de la droite française : "De l’uniforme à La Marseillaise, le nouveau cap sarkozyste d’Emmanuel Macron", titre ainsi le quotidien belge, qui résume : "L’ordre, le mérite, le travail, le respect, la famille, le civisme : voilà ce qui a été mis en avant."

Et pour cause, à quelques mois des élections européennes, Emmanuel Macron doit se trouver une nouvelle voie, une nouvelle image auprès de la population. Et, pour cela, il doit s’approprier des valeurs qui semblent chères aux Français.

"Et maintenant, tout le monde chante La Marseillaise !"

"Au cours des vingt dernières années, un Le Pen – d’abord le père, Jean-Marie, puis la fille, Marine – s’est qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle, sauf à deux reprises : lorsque Sarkozy était candidat. Il y est parvenu à partir de la droite et en s’appropriant les thèmes favoris de l’extrême droite, comme l’identité", remarque ainsi El País.

Une tentative d’"éviter une défaite humiliante face au Rassemblement national", décrit le quotidien britannique le Times (centre droit), qui regrette néanmoins la "vision old school" du chef de l’Etat.

Celle-ci commence dès l’école. Uniforme, temps d’écran limité pour les enfants, revalorisation du théâtre et de l’histoire de l’art… Emmanuel Macron souhaite que les Français partagent à nouveau "des valeurs communes". Comme le rappelle le Times, c’est en participant à une pièce de théâtre que le dirigeant a rencontré sa future épouse, Brigitte, lorsqu’il était au lycée.

D’après le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung (libéral), l’ancien ministre de l’Economie regrette "la perte des rites et les traditions de la République qui guidaient [la société]". La solution, selon lui ? "Et maintenant, tout le monde chante La Marseillaise !" ironise en titre le journal créé à Munich.

"Briser des tabous"

En deuxième partie d’une conférence qui a duré plus de deux heures, Emmanuel Macron s’est concentré sur le chômage et l’économie. Il souhaite "briser des tabous", titre le New York Times (centre gauche). Le président a ainsi promis un "acte II de la réforme du marché du travail", avec des "règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées".

"Macron veut poursuivre ses mesures libérales visant à atteindre le plein-emploi d’ici à 2027", observe le quotidien brésilien O Globo (centre droit), bien que celles-ci – et notamment la tant décriée réforme des retraites – aient mené à la démission de sa Première ministre, Elisabeth Borne. "L’objectif du président est d’atteindre un taux de chômage de 5 %, soit 2,4 points de pourcentage de moins que le scénario actuel", poursuit le journal basé à Rio de Janeiro.

Cette conférence était une promesse d’Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines, après un remaniement tumultueux et grippé par l’affaire de la scolarisation dans le privé des enfants de la ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra. Bilan de ce "rendez-vous", selon le quotidien suisse Le Temps : le président souhaite "réarmer la France, civiquement et économiquement", notamment en soutenant davantage les "classes moyennes".

Seulement, voilà. "Il y a une France de l’angle mort : tous [ceux] qui gagnent déjà trop pour ne pas être aidés et pas assez pour bien vivre", souligne le quotidien basé à Genève.