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Les écoliers clermontois sont déjà à l'heure du Festival du court métrage

Les écoliers clermontois sont déjà à l'heure du Festival du court métrage

Environ 40.000 enfants profitent chaque année des programmes jeune public concoctés par les organisateurs du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. Pour la deuxième édition consécutive, 27 séances scolaires seront proposées en amont de l’événement dès le 29 janvier.

Depuis 2023, les séances scolaires du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand sont avancées d’une semaine par rapport à l’événement. Une idée née à l’époque où l’on parlait encore de limiter les flux dans les lieux culturels, au sortir d’une pandémie bien contraignante. Pour l’association Sauve qui peut le court métrage qui organise le festival, le dispositif présente le deuxième avantage de libérer des salles au plus fort de la manifestation.

C’est donc le 29 janvier, quatre dodos avant la cérémonie d’ouverture du 2 février, que la 46e édition va démarrer pour le jeune public (de la maternelle à la 5e). Entre trois et six séances par jour du lundi au vendredi (27 au total), cela va faire du monde. On arrondit à 40.000 le nombre de scolaires qui vont voir des courts métrages en salles cet hiver, si l’on ajoute les séances délocalisées à Riom, Thiers, Issoire, Cournon et Yssingeaux.

"Nous avons lancé ces projections en dehors de Clermont il y a quelques années, précise Bertrand Rouchit qui coordonne la section jeunes publics au sein de Sauve qui peut le court métrage.

Il n’a échappé à personne que le prix de l’essence a augmenté. Et pour une classe, cela revient plus cher de louer un bus qu’une salle de cinéma. C’est donc le festival qui se déplace.

Pour nous, c’est important de pouvoir toucher le plus d’enfants possible. On l’a vu par exemple sur le bassin de Riom. Là où l’on touchait 200 enfants grâce au dispositif classique, il y a, je crois, cette année, plus de 1.500 inscrits."

Travail sur l'image

Le travail mené tout au long de l’année autour de l’éducation à l’image et à travers Circuit court porte ses fruits et le court métrage gagne à chaque édition du terrain et des aficionados. Mais Clermont reste et restera la capitale du court. Grâce aux liens tissés avec les établissements scolaires de la ville, des milliers de petites Clermontoises et de petits Clermontois ont été biberonnés à ce cinéma-là.

Souvent, l’implication d’un ou d’une enseignante fait la différence. À l’image d’Aurélie Lesage, directrice de l’école maternelle Paul-Bert et fidèle du festival pour lequel elle a fait partie du comité de sélection jeune public pendant six ans. Emmener les élèves en salle est devenue une tradition immuable pour elle.

A l'école Paul-Bert, les enfants étaient invités par leur maîtresse à montrer ce qu'ils reconnaissaient sur l'affiche de Stacey Rozich (photo Richard Brunel).

Ce jour-là, Aurélie prépare sa classe de petite section à l’événement. L’affiche 2024 est collée au mur. Les règles du jeu sont simples et adaptées à l’auditoire, âgé de 3 à 4 ans : qu’est-ce que vous voyez ? Peuplée d’animaux, remplie d’univers divers et colorés, l’œuvre signée Stacey Rozich se prête bien à l’exercice. Les uns reconnaissent un lapin qui joue de la guitare, les autres une voiture qui brûle. Aurélie Lesage ne cherche pas autre chose : le court métrage offre l’occasion à ses élèves de s’exprimer. "S’il y a un intérêt pédagogique à cet exercice, c’est le langage. Apprendre du vocabulaire, essayer d’expliquer à ses camarades ce que l’on voit, ce que l’on ressent.

Je travaille beaucoup sur l’image avec eux. Pour les préparer au mieux à la projection. Car on doit composer avec des enfants qui, à 3 ans, sont déjà noyés d’images à la maison, et d’autres qui n’ont pas la télévision ou d’écran et n’ont jamais vu d’image animée...

Bertrand Rouchit défend l’idée de proposer des courts métrages à des tout-petits. "Les films qu’ils auront l’occasion de voir seront assez éloignés des dessins animés qu’ils peuvent regarder à la télé ou même des longs métrages de Disney. Et ces enfants, ce sont nos spectateurs de demain ! On ne devient pas curieux à 25 ans par l’opération du Saint-Esprit. Il faut donc éduquer leur œil, les sensibiliser à des formes différentes, à des narrations différentes, à des points de vue différents. Chaque année on le voit bien, les élèves sont touchés par des films. Il faut cultiver cette émotion et pour cela, le court métrage c’est un outil parfait. Parce qu’en une séance de festival, on va faire le tour du monde et aborder des sujets très différents."

Des écoliers jurés

Dans la classe de CM1 de Sophie Guillaumin, à l’école Aristide-Briand, les 26 élèves ont bien compris depuis vendredi l’importance du point de vue, de l’émotion, du ressenti. Leur mission, puisqu’ils l’ont acceptée, sera d’attribuer le Coup de cœur Canal+ Kids 2024. Ils vont pour cela voir les six séances jeune public (ECO 1, 2, 3 ; EVAC 1 et 2 ; E) en amont du festival. Le mardi 6 février, ils délibéreront avant la cérémonie de remise du prix, le 7 février, sur la scène de la salle Jean-Cocteau.

Une délégation de Sauve qui peut le court métrage, emmenée par Bertrand Rouchit, a expliqué aux élèves de CM1 de l'école Aristide-Briand leur rôle de juré (photo Richard Brunel).

Pour les préparer à ce challenge, une petite délégation de Sauve qui peut le court métrage s’est rendue dans la classe en fin de semaine dernière. Aux côtés de Bertrand Rouchit, on retrouvait Fabien de Macedo, notamment régisseur général du festival, Fanny Barrot, entre autres membre active du pôle d’éducation aux images, et Juliette Merrer, chargée de médiation en service civique, qui accompagnera la classe sur ce projet. Des carnets de jury ont été distribués et quelques conseils ont été prodigués : "regarder et écouter !", "noter les qualités, les défauts de chaque film", "penser à des mots-clés, à une image qui permettront de vous rappeler du court métrage quand vous débattrez en classe".

L’enseignante recense beaucoup d’intérêts à ce défi collectif, au-delà de l’ouverture à la culture : "J’y vois la notion d’égalité pour tous parce que la culture n’est pas accessible pour toutes les familles.

C’est aussi l’occasion de travailler la compréhension, l’échange. Est-on capable d’écouter, de respecter l’avis de l’autre, de changer son propre avis s’il le faut ?

Et finalement, je pense que ça peut aussi souder le groupe car c’est une aventure unique que nous allons vivre ensemble."

Les écoliers seront chargés de décerner le Coup de cœur Canal+ Kids 2024 (photo Richard Brunel).

Le Coup de cœur Canal+ Kids est entre de bonnes mains. Il ne reste plus qu’à attendre les retours de ces premiers spectateurs et des autres scolaires pour finaliser sa sélection 2024. Car rappelons que l’on retrouvera tous les films de cette 34e programmation jeune public durant le festival, du 2 au 10 février. Chaque année, on peut y dénicher des petites pépites…

Rien n’est laissé au hasard dans la construction d’une séance jeune public, souligne Bertrand Rouchit. Pour l’édition 2024, la première étape a consisté à retenir parmi les quelque 9.400 courts métrages inscrits ceux qui pouvaient être réorientés vers le jeune public. 450 environ. Là, un comité de sélection jeune public a été constitué pour n’en retenir que 46 et les répartir dans les six programmes jeune public.

"Pour le choix, le prérequis c’est la qualité, explique Bertrand Rouchit. Puis il y a les impératifs liés aux tranches d’âge." Un film qui peut être vu par les CP peut plaire aux collégiens mais l’inverse est rarement possible. Ces séances n’excédant pas 50 minutes, il faut additionner les durées, alterner les sujets, les formats, les humeurs, éviter les sous-titres pour les plus petits. Le tout afin de garder l’attention des enfants.

Info plus. Le programme SCO, destiné aux élèves de la 4e à la terminale, est diffusé pendant le festival, du 5 au 9 février. Il est établi à partir de films en compétition et repose sur des rencontres avec des réalisateurs.

Il faut également faire des choix. Parfois difficiles. "Il y a des films que j’adore que vous ne verrez pas", sourit Bertrand. Et de citer l’exemple de Humo. "Un court très réussi sur le plan technique, qui traite du sujet difficile des camps de concentration. Il est même présélectionné pour les Oscars. Mais c’est un film très noir. Sur cette thématique de la Shoah, nous lui avons préféré Historien Om Bodri (ECO 3), qui n’élude pas la question mais la traite avec un regard moins sombre." On a envie de leur faire confiance. La notoriété internationale du festival parle pour eux.

Plus d'infos sur le site de l'association clermont-filmfest.org

Thierry Senzier

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