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Du jamais vu depuis 1945 : pourquoi les pêcheurs du Golfe des Gascogne vont rester à quais pendant un mois ?

Du jamais vu depuis 1945 : pourquoi les pêcheurs du Golfe des Gascogne vont rester à quais pendant un mois ?

L'essentiel des bateaux de pêche doivent rester à quai dans le golfe de Gascogne à partir de ce lundi 22 janvier pour préserver les dauphins, une interdiction qui angoisse la filière malgré les aides annoncées. C'est du jamais-vu depuis 1945.

Au large d'une vaste zone allant du Finistère au Pays Basque, l'arrêt concerne tous les bateaux, français ou étrangers, de plus de huit mètres et certaines techniques de pêche jusqu'au 20 février. 

Cet arrêt d'un mois doit se répéter pendant les hivers 2025 et 2026 au nom de la protection des dauphins.

Cette "fermeture spatio-temporelle" a été décrétée après que le Conseil d'Etat, saisi par des associations environnementales, a demandé au gouvernement d'agir pour réduire les décès de petits cétacés pris accidentellement dans les filets.

Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime à environ 9.000 le nombre de dauphins communs morts chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, pour un niveau soutenable de 4.900 décès au maximum. 

Il recommande des fermetures de trois mois en hiver et d'au moins un mois en été, périodes de pics de mortalité des dauphins.

Serge Larzabal, président du comité interdépartemental des pêches des Landes et Pyrénées-Atlantiques, juge toutefois l'interdiction prononcée "en totale disproportion par rapport au peu de danger sur le stock de mammifères marins". 

450 bateaux à quai

"Tout le travail fait pendant six mois avec les professionnels pour les convaincre de s'équiper de caméras, de moyens de dissuasion et de collecte des données pour limiter les prises accidentelles, le Conseil d’État s'en fiche, les ONG aussi", poursuit-il.

Le gouvernement avait initialement prévu des dérogations pour les navires équipés de répulsifs acoustiques, de balises ou de caméras, mais le Conseil d’État les a jugées fin décembre "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles".

Entre Saint-Jean-de-Luz et Capbreton, environ un tiers de la flottille est touchée par cette interdiction, soit une cinquantaine de navires pour 200 à 250 marins. Au total, 450 bateaux français devraient rester à quai.

Pour Franck Lalande, vice-président du Comité régional des pêches de Nouvelle-Aquitaine, "un bateau à quai, c'est entre 250.000 et 300.000 euros de perte de chiffre d'affaires pendant un mois". "Il va y avoir de la casse", ajoute cet armateur de deux bateaux à Arcachon (Gironde).

Pour compenser, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a promis vendredi que les indemnisations allaient "varier entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux" concernés par l'interdiction.

Vers une probable inflation

Ces aides seront versées "aussi rapidement que possible", a ajouté le ministre, en réponse aux craintes des pêcheurs pour leur trésorerie.  

Le ministre a promis également d'accompagner le reste de la filière avec notamment une aide aux mareyeurs qui ira "jusqu'à 75% de leurs pertes".

"Nous sommes rassurés de voir validé le principe d'une indemnisation", a déclaré jeudi à l'AFP Frédéric Toulliou, président de l'Union du mareyage français (UMF) et de l'association interprofessionnelle France Filière Pêche, qui a lancé "un appel au secours".

Cette fermeture (...) va se traduire par 8.000 tonnes de produits de la mer en moins et représenter une perte de 60 millions d'euros de chiffre d'affaires pour le mareyage.

Durant cette période, les grossistes devront trouver du poisson pêché ailleurs, avec une probable inflation pour le consommateur final.

"On est aujourd'hui à 80% de poisson importé dans l'assiette des Français. Est-ce qu'on veut passer sous les 20% d'apport de la pêche française, pour importer plus de poissons capturés dans des conditions indignes à l'autre bout du monde ?", met en garde le président du comité national des pêches, Olivier Le Nézet.

"On veut garder une filière de pêche française, et la concilier avec des impératifs de préservation de la biodiversité", a promis vendredi M. Béchu. 

Avec AFP

 

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