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Macronie : une aile gauche sans réelle consistance politique

Macronie : une aile gauche sans réelle consistance politique

Le second mandat d’Emmanuel Macron va mettre les consciences de l’aile gauche de la majorité présidentielle à rude épreuve. La Macronie a glissé à droite et pas que sur le plan économique...

Réformes des retraites, loi Immigration, uniforme à l’école et, coup de grâce, Rachida Dati en égérie du gouvernement Attal : l’aile gauche de la Maronie n’en finit pas d’avaler des couleuvres. Mais il faut croire qu’elle les digère bien.Certes, la réécriture par la droite parlementaire de la loi Immigration avec l’assentiment du Rassemblement national a vu Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), Aurélien Rousseau (Santé), Clément Beaune (Transports) et Patrice Vergriete (Logement) mettre leur ministère dans la balance face à un texte trop dur. Les deux premiers sont allés au bout de leur intention, pas les deux autres. La démission de Sylvie Retailleau « refusée », seul Aurélien Rousseau a finalement quitté le gouvernement Borne en sursis.

L’aile gauche de la Macronie n’a donc rien de volatil. Et pour cause : « Ces transfuges du Parti socialiste n’étaient pas connus avant, ils ne le sont pas plus aujourd’hui, pas suffisamment en tout cas pour faire une carrière politique en dehors d’un parti ou en créer un, aconstate le politiste Christophe Bouillaud. Les uns ont rallié la candidature de l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande avec le mouvement “Les Jeunes avec Macron”, les autres, beaucoup des seconds couteaux de l’aile droite du PS, avec “En marche”. À cette vague de 2016, a succédé, l’année suivante, une nouvelle vague de ralliements avec des élus PS à l’image d’Olivier Dussopt. »

Atermoiements

« Mais, poursuit l’universitaire grenoblois, cette scission de la droite du PS, notamment des sociaux-libéraux du courant porté par Dominique Strauss-Kahn, n’a pas entraîné le départ de poids lourds du parti à l’exception, notoire, du maire du Lyon Gérard Collomb qui avait emmené avec lui toute la fédération socialiste du Rhône ou presque. Pas ou peu d’élus de grande ville ou de collectivité territoriale d’envergure mais, j’insiste, de parfaits inconnus fréquemment promus au sein de l’exécutif dans l’ombre de l’Élysée, l’aile gauche de la majorité n’a pas de visibilité. Ses élus doivent tout à Emmanuel Macron qui en dispose à son gré. Sans doute Gérard Collomb, qui s’est désengagé dès 2018, aurait-il pu leur donner une visibilité. Qui connaît le parti Territoire de progrès créé en janvier 2020 par les ministres Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt ? »

L’aile gauche de la Macronie en est ainsi réduite aux atermoiements. Ses élus ont peu d’options, de surcroît plus individuelles que collectives. « Première possibilité : à l’image fantasmée des bourgeois de Calais en chemise, la corde au cou, les députés peuvent rejoindre leurs collègues socialistes, énumère le chercheur. Le PS y trouverait également son intérêt. La députée de la quatrième circonscription du Rhône, Anne Brugera, qui a voté contre la loi Immigration, n’a-t-elle pas été invitée à revenir dans la maison socialiste par Romain Blachier, un proche de Gérard Colomb, qui n’a pas rallié la Macronie. Deuxième possibilité : créer un parti, mais sans leader c’est désormais impossible. Seuls les vieux partis comme LR et le PS désignent leur chef. Dans les autres, les membres du parti suivent le chef bon gré mal gré. Troisième possibilité : arrêter la politique… »

Glissement à droite

« Le vote de la loi Immigration, reprend Christophe Bouillaud, donne une idée de leur force, autour de 25 élus. En comptant large, on peut aller jusqu’à quarante, assez pour constituer un “parti” parlementaire. Mais sans leader charismatique, quel intérêt ? Ce serait, en l’occurrence, d’autant plus anecdotique que, faute de majorité absolue, l’exécutif survit grâce à l’impossibilité d’une coalition des oppositions : RN, LF et Nupes, qui aimeraient certes le faire tomber, mais pas ensemble. »

C’est à peine si ce petit monde peut entrapercevoir la possibilité, non pas d’une île, mais d’une presqu’île alors que la Macronie glisse naturellement à droite : « Globalement favorable aux réformes économiques, pointe le politiste, cette aile gauche regimbe face aux réformes sociétales et culturelles. En actant, avec la préférence nationale, la victoire symbolique du RN, l’exécutif est allé très loin pour ces élus de gauche et libéraux stricto sensu.  »

Et ce n’est pas fini : « Emmanuel Macron, conclut le politiste, suit l’électorat qui lui est resté fidèle depuis les européennes de 2019. Perdant sa part d’électorat de gauche, il s’est installé sur l’espace politique de LR à la faveur d’un changement de valeurs de la bourgeoisie hier catholique, anticommuniste et homophobe. Aujourd’hui, l’homosexualité ne fait plus peur à celle-ci, ni le communisme au regard de ce qu’il en reste. Or, LR campe sur le schéma d’hier quand Gabriel Attal incarne celui d’aujourd’hui. »

Jérôme Pilleyre

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