A Jenzat, "L'Essentiel" finira-t-il par manquer ?

Depuis des années, l’épicerie "L’Essentiel", située à Jenzat, subie des reprises d’affaire maladroites et des périodes de fermeture plus ou moins allongées. Depuis fin novembre, Georges Trémolières, en est le nouvel épicier et l'équipe municipale espère bien voir l'histoire perdurer.

À Jenzat, commune de 500 âmes au nord de Gannat, l’épicerie "L’Essentiel" connaît bien des rebondissements. La maire, Claire Mathieu-Portejoie, tente de faire perdurer le commerce de proximité depuis son premier mandat, en 2008. Ayant rouvert ces portes fin novembre, l’épicerie écrit une nouvelle page de son histoire après plusieurs mois de fermeture.

La mairie prend les rênes

"Depuis que je suis là, le commerce a été tenu deux fois par l’équipe municipale, livre Claire Mathieu-Portejoie. Nous avions de grandes difficultés à trouver un remplaçant à l’épicier qui avait travaillé là pendant 50 ans". C’est en 2017, que le commerce se trouve menacé de fermeture définitive, Dès lors, les élus municipaux décident de prendre le relais temporairement. Les horaires d’ouverture sont alors limités de 7 à 14 heures : "On faisait dépôt de pains. Nous passions commandes la veille à Saint-Germain-de-Salles", détaille la maire. Après avoir posté des annonces sur différents sites, un repreneur se manifeste. 

Nous étions enthousiastes au début, mais ça ne s’est pas très bien passé. Après six à huit mois de service, il a quitté les lieux et nous avons encore repris les rênes pendant deux mois.

Deux mois après lesquels un couple a récupéré l’affaire. "Nous pensions que tout allait bien, mais ça a été la douche froide. Le local était sous contrat de location-gérance et nous nous sommes rendu compte, six mois après leur arrivée, qu’ils ne payaient rien. Ni le loyer, ni les fournisseurs… On y a laissé près de 10.000 balles", se souvient la maire avec désolement. Ces derniers ont depuis quitté le village. 

Dernière gérante en date, une commerçante venue du centre-ville de Vichy. "C’était une personne très bien de prime abord, même si elle n’avait pas le profil d’une épicière de campagne", poursuit la maire. Celle-ci a transformé l’épicerie à son goût, lui donnant une ambiance de salon de thé. "Le problème est qu’elle s’est mise à être irrégulière sur les horaires d’ouverture. Et, un an et demi après, elle n’a plus voulu gérer l’endroit". Nouveau coup dur pour l’équipe municipale de Jenzat, qui se retrouve sans tenancier pour la petite épicerie en février dernier.

C’est important pour une commune son dernier petit commerce. Je ne veux pas être le maire qui ferme l’épicerie.

Une annonce est, encore une fois, partagée. Et la mairie ne cache pas son désolement. "Au fil du temps, Jenzat est devenue une ville-dortoir. Les Jenzatois doivent aller à Gannat faire leurs courses, ne disposant que du dépôt de pain de Broût-Vernet. Il arrivait auparavant qu’un camion-épicerie fasse le déplacement depuis Chantelle pour des habitantes assez âgées qui en faisaient la demande. Une offre d’épicerie est d’autant plus importante que notre population n’est pas toute jeune", livre Claire Mathieu-Portejoie, tout en glissant qu’elle ne souhaite pas briguer de nouveau mandat.

Georges Trémolières, le nouvel épicier

Lors de la dernière campagne de recherches, Georges Trémolières s’est présenté. En provenance de Creuse, ce gendarme de formation a aussi tenu des affaires dans l’Aveyron. Pour lui, s’installer à Jenzat relève d’un "pur hasard". "Je devais quitter mon épicerie à Auzances, le propriétaire étant décédé", explique le commerçant qui met pour la première fois les pieds dans l’Allier. Ce dernier avoue aussi avoir eu d’autres opportunités :  "J’ai vu des annonces similaires à Monestier et Target", mais c'est finalement à Jenzat que l'affaire se fait.  

Georges Trémolières s’installe dans le logement attenant à l’épicerie et réalise quelques transformations, avant l’ouverture officielle. "À Auzances, j’avais une activité de snack, c’est tout naturellement que je poursuis ici", indique-t-il.Outre la mise en état de la cuisine, il installe un buffet, transformé en bar et surmonté d’un grand écran. Toutes ces nouveautés sont une aubaine pour la mairie qui espère enfin que l’épicerie prospère. 

Nous sommes confiants, jusqu’à 2.000 véhicules passent tous les jours devant et on estime qu’une trentaine d’habitants s’y rendent régulièrement. Nous aussi, nous jouerons le jeu lors d’événements.

Un mois après la réouverture de L’Essentiel, dont l’inauguration a eu lieu le 25 novembre et a attiré une centaine de personnes, le bilan est très positif."Georges est un bon communicant, il tient les clients au courant de ce qu’il se passe sur sa page Facebook. Quelques-uns de ses produits, notamment la viande et les légumes, proviennent du GAEC local de Chavenon. Les habitants sont satisfaits et le trouvent très sympa", se réjouit Claire Mathieu-Portejoie.

De son côté, l’épicier a bien pris ses marques, ravi de la progression de son activité. "Le bar peine à démarrer, mais j’ai des habitués au café le matin. Le snack marche aussi très bien". C’est avec une joie non dissimulée qu’il annonce vouloir "rester un maximum de temps à Jenzat".

Horaires d’ouverture : 7 h 30 à 14 heures et de 17 heures à 20/21 heures. Fermeture jeudi toute la journée et dimanche après-midi.

Chloé Goigoux

Photos François-Xavier Gutton