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Du 22 au 28 janvier, Vichy accueille une nouvelle édition d’ "Histoire et Mémoire(s)", autour de l'année 1944

Du 22 au 28 janvier, Vichy accueille une nouvelle édition d’

La semaine "Histoire et Mémoire(s)", du lundi 22 au dimanche 28 janvier à Vichy, présidée par Serge Klarsfeld, s’intéresse à l’année 1944. Pour l’occasion, plusieurs historiens spécialistes de la Shoah sont présents, dont Tal Bruttmann.

Chercheur en histoire, spécialiste de la Shoah et auteur de divers ouvrages, Tal Bruttmann est rattaché à l’université de Cergy. À l’occasion de l’édition 2024 d’ "Histoire et Mémoire(s)", à Vichy, du 22 au 28 janvier, il intervient à plusieurs reprises.

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L’importance de  l’analyse de l’image

D’abord, le 24 janvier, dans le cadre d’une conférence autour de son ouvrage, coécrit avec deux collègues allemands, Un album d’Auschwitz : Comment les nazis ont photographié leurs crimes (Seuil, 2023). Un travail de longue haleine, de cinq ans passés à analyser près de 200 photos prises par les SS dans le camp d’Auschwitz.

On pense que l’image est facile, que ce n’est pas quelque chose que l’on a besoin de comprendre et que l’on ne doit pas réfléchir à ce que l’on voit. Pourtant, une image se lit au même titre qu’un écrit.

Selon le contexte dans laquelle la photographie a été réalisée, et à quel public elle se destine, elle ne siginifie pas la même chose, d’après l’historien. "Il est nécessaire de se demander qui est l’auteur de la photo et quel était son but lorsqu’il l’a prise". L’ensemble de ces questionnements font aujourd’hui écho à l’actualité, au choc des images, qui nous sont données à voir dans différents conflits mondiaux. Comme le résume Tal Bruttmann, "les images ont leur faire dire ce que l’on veut", et il pousse le curseur encore plus loin : "Elles sont rapidement décontextualisées, voir surutilisées". 

Tal Bruttman, historien spécialiste de la Shoah, intervient à plusieurs reprises dans le cadre« d'Histoires et Mémoires » (photo droits réservés). 

L’historien s’attachera à expliquer l’importance de l’analyse de l’image, et le recul que nous devons prendre pour les regarder, sans se laisser prendre par le mirage de la capture de l’instant. Ce ne sera pas un exercice nouveau pour celui qui est déjà venu à Vichy, assister à de précédentes éditions de l’événement, initié et présidé par Serge Klarsfeld, historien et avocat qui a consacré sa vie, avec son épouse, à traquer les nazis et lutter contre l’antisémitisme.

L'escalade de la terreur en France en 1944

"Il est important que l’événement se déroule à Vichy, selon Tal Bruttmann, déjà, parce que cela prouve que la municipalité a décidé d’embrasser son histoire, de l’assumer, mais aussi de tourner la page. C’est, de plus, une jolie ville, agréable.Je ne pense pas qu’il y ait un passé particulier qui lui pèse dessus".

Après sa conférence, le spécialiste de la Shoah, sera aussi présent à l’issue de la représentation de la pièce Sélectionné, sur la scène de l’Opéra, le 25 janvier.Amir Haddad campera alors le rôle d’Alfred Nakache, "le nageur d’Auschwitz". Enfin, le 26 janvier, il participera au colloque sur "Les temps forts de l’année 1944 pour les Juifs", en abordant le thème “Qui arrêtait les Juifs en 1944 et où ?”. 

Deux tiers des Français rejettent l’antisémitisme.

"1944, c’est une année particulière dans le conflit, qui marque le retour de la guerre en France. Les maquis sont très actifs, tandis que les Allemands changent leur manière d’opérer, devenant de plus en plus hostiles. C’est aussi la dernière transformation à Vichy, l’Etat milicien connaît une série de mutations. Le but est d’instaurer la terreur pour que la population se tienne à carreau. On tue massivement, par exécutions sommaires, et les déportations continuent. On assiste à une vraie hausse de la violence", retrace l’historien qui s’attachera à expliquer les mécanismes à l’œuvre.

Recrudescence d'actes antisémites

Nouvel écho à l’actualité, la hausse des actes antisémites en France depuis octobre dernier. "En 2023, il y a trois fois plus d’actes antisémites en un mois, avec le déclenchement de la guerre Israël-Palestine, que sur l’ensemble de l’année 2022, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur", rappelle-t-il. Fantasme, "pensée vieille de 2.000 ans qui reste ancrée", tels sont les termes de l’historien pour résumer le phénomène.

L’antisémitisme, au contraire de la négrophobie, parle d’une crainte de domination par une minorité. Ce ne sont pas les mêmes ressorts qui sont à l’œuvre qu’avec le racisme ordinaire, dans lequel on se sent supérieur et l’on hait celui qui nous est inférieur.

Fort du succès de son dernier livre, qui "entre en résonnance avec l’actualité", l’historien le présente actuellement à travers la France. Il sera notamment le 27 janvier à Perpignan, le 28 à Strasbourg, et le 29 à Paris. En attendant, il fera escale à Vichy, pour intervenir durant l’événement "Histoire et Mémoire(s)", les 24, 25 et 26 janvier prochains, aux côtés d’autres historiens spécialistes de la Shoah.

Chloé Goigoux

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Jeudi 25 janvier

Opéra de vichy. Théâtre. Le spectacle Sélectionné, interprété par Amir Haddad, relate l’histoire d’Alfred Nakache, "celle d’un parcours hors du commun, d’une résistance et d’une résilience à toute épreuve. À la force de ses bras, ce gamin de Constantine, Toulousain d’adoption, est devenu champion de France de natation et a représenté son pays aux JO de Berlin en 1936.  À la force de son courage, celui qui portait sur son poignet le matricule 172763, a nagé dans les bassins insalubres du camp d’Auschwitz dont sa femme et sa fille ne sont jamais revenues. En leur mémoire, il s’est relevé et a repris la compétition jusqu’à récupérer son titre de champion de France et participer, à nouveau, aux JO de Londres en 1948."Réservations sur la billetterie de l’Opéra de Vichy.

Exposition. "Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz", l’exposition réalisée par le Mémorial de la Shoah sera présentée en marge du spectacle le 25 janvier àl’Opéra, puis du 26 janvier au 22 février dans le hall de la mairie de Vichy.

Vendredi 26 janvier

Palais des congrès. Colloque. "Les temps forts de l’année 1944 pour les Juifs", présidé par Serge Klarsfeld, aux côtés d’historiens spécialistes de la Shoah. À partir de 10 heures, mot d’accueil du maire de Vichy, Frédéric Aguilera, et introduction par Serge Klarsfeld."Qui arrêtait les Juifs en 1944 et où", par l’historien Tal Bruttmannn, à partir de 10 h 40.À 11 heures, "Les enfants d’Izieu dans la mémoire collective", par Dominique Vidaud (directeur de la Maison d’Izieu).À 11 h 30, "Le sort des Juifs déportés en 1944 par rapport à ceux de 1942 et 1943", par Alexandre Doulut, docteur en histoire.Reprise à 14 h 30, pour aborder "La rafle des enfants des centres de l’Union générale des Israélites de France (UGIF)", par Katy Hazan, historienne à l’Œuvre de secours aux enfants (OSE).À 14 h 55, "Les Juifs du groupe Manouchian", par Stéphane Courtois, historien du communisme français et international et directeur de recherche honoraire au CNRS.À 15 h 20, "La Justice face aux dirigeants allemands de la solution finale et à leurs complices français", par Serge Klarsfled.Un temps de questions/réponses aura ensuite lieu.

Dédicaces. Dès 16 h 15, avec les historiens à l’issue du colloque en présence des librairies Carnot et À la Page.

Exposition. Salon Napoléon III, "Les épreuves des Juifs en 1944", réalisée par Serge Klarsfeld. Elle sera à retrouver, du samedi 27 janvier au jeudi 22 février à lamédiathèque Valery-Larbaud.

Dimanche 28 janvier

Journée nationale commémorative de l’Holocauste et 79e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.  À partir de 10 heures, inauguration de la rue Étienne Espinel, Juste parmi les Nations (nouvelle voie reliant le boulevard Denière à l’impasse Frobert). Et, à 11 h 30, cérémonie autour de la stèle, rue du Parc.

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