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En Corrèze, la robotique au secours des agriculteurs en production laitière

Le grand-père trayait encore à la main, le seau entre les jambes. Le père, Alain, a surtout connu la salle de traite traditionnelle. Le fils, Rémy Couderc, regarde, toujours admiratif, le robot-traite. En Xaintrie, à Servières-le-Château, chez les Couderc, on a toujours fait du lait. « Le grand-père vient encore traîner par là et la première fois qu’il a vu le robot-traite, il repoussait la casquette pour se gratter la tête », raconte Alain en rigolant. Ça fait rire le fils aussi, qui se souvient de la scène.

La proximité du Cantal et ses AOP fromages cantal et bleu d’Auvergne ont depuis longtemps incité des agriculteurs de Xaintrie à faire du lait plutôt que de la viande. Certains faisaient les deux. Et en Corrèze, on fait souvent les deux. Histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

"Ca change qu'à 19 heures je suis à la maison"

Chez les Couderc, c’est donc le lait. Et quand Rémy s’est installé en Gaec avec son père Alain, plus question de travailler comme un damné, sept jours sur sept. En juillet 2022 est arrivé le robot-traite. « Ça change qu’à 19 heures, je suis à la maison », explique Rémy. Et ça tombe bien puisqu’il est papa depuis deux ans. Lui qui, à 29 ans, a connu la contrainte de la traite des;. soixante vaches prim’holstein, tous les matins et tous les soirs, c’est un changement radical.

Les trois robots nous épargnent quatre heures de travail par jour

Rémy Couderc

Alain, le père, confirme à quel point ça soulage la journée de travail : « Moi, je ne rentrais jamais avant 21 heures… quand je rentrais à 20?h?30 j’étais content. C’est vrai que mes deux enfants, je ne les ai pas vus beaucoup quand ils étaient petits. » Alain qui travaille encore et n’est pas pressé d’être à la retraite profite aujourd’hui d’un confort de travail inespéré.

La machine au service de l’homme et de la vache. Et du bien-être. « Devant le robot-traite, Rémy explique que les vaches viennent se faire traire à leur rythme, vraiment quand elles veulent. Elles ont leurs habitudes et viennent plutôt à heures fixes, certaines se présentent même trois fois par jour. » Le robot est très silencieux. Certaines arrivent à se faire traire même la nuit. Avant d’aller se recoucher sur les matelas qui équipent désormais les logettes.

Le robot fournit également des indications sur la production de lait pour chacun des quatre pis. Et le robot est relié à un ordinateur : « C’est bien parce que ça nous permet de détecter des anomalies, des maladies sous-jacentes », explique Rémy Couderc.

"Trois fois par jour, c'est de la fatigue en main"

Le robot-traite n’est pas la seule aide pour les producteurs. Le robot repoussoir et le robot racleur complètent l’équipement. Le robot repoussoir surtout, qui, dans l’étable, vient trois fois par jour repousser le fourrage auprès des bêtes. L’image d’Épinal du paysan qui repousse le foin vers les vaches avec sa fourche en prend un coup. « Mais trois fois par jour, c’est une fatigue physique en moins », plaide Régis Destruel, un conseiller de la Chambre d’agriculture qui accompagne l’exploitation des Couderc.

Quand elles voient le robot repoussoir se mettre doucement en marche, elles sont contentes les vaches : « Mais pour autant, elles ne mangent jamais plus qu’à leur faim », indique encore le conseiller consulaire.

"Ca laisse du temps pour la paperasse"

« Au total, si on devait compter, les trois robots nous épargnent environ quatre heures de travail par jour, estime Rémy. Ça raccourcit la journée mais surtout, ça laisse du temps pour faire autre chose… » À son père d’ironiser : « Ça laisse le temps de faire la paperasse. » « Clairement, ça permet un meilleur suivi des vaches et du troupeau en général », résume aussi Régis Destruel. 200.000 euros, c’est le montant de l’investissement pour les trois robots. Une somme qui sera remboursée à la banque sur dix ans.

« C’est sûr que je me sens mieux à faire du lait, résume Rémy Couderc, j’ai aussi un voisin, pas loin d’ici, qui avait un troupeau de vaches allaitantes pour la viande… il est passé à faire du lait et il ne reviendrait pas en arrière. »

Arnaud Besnard

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