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La colère gronde chez les exploitants : "Si on ne fait rien, il n’y aura plus d’agriculteurs dans nos campagnes"

La colère gronde chez les exploitants :

Le préfet du Puy-de-Dôme était, lundi 22 janvier, près d’Issoire (Puy-de-Dôme) pour échanger avec des exploitants et des représentants du monde agricole sur plusieurs sujets de crispation.

C’est Joël Mathurin lui-même qui a lancé l’invitation. Ce lundi 22 janvier après-midi, le préfet du Puy-de-Dôme s’est rendu dans la ferme de Clément Journiat, à Madriat, près d’Issoire, pour échanger avec près de 70 personnes autour de nombreux sujets qui font monter la tension dans le milieu agricole. Une rencontre plutôt franche qui a permis aux exploitants de s’exprimer, mais aussi au représentant de l’État d’écouter et d’apporter quelques éléments de réponse.

Une érosion des salaires

Car la colère gronde chez les agriculteurs français. "On n’arrive pas à comprendre où est la logique par rapport aux orientations politiques, lance David Chauve, président de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. On arrive sur des lignes de rupture et les choses peuvent monter très rapidement."

Augmentation des charges, contraintes commerciales, prix et revenus en berne, imports croissants sont autant de sujets qui mettent les agriculteurs sous pression.

"On a des produits qui ont pris entre 10 et 30 euros d’écotaxe. Tout mis bout à bout, cela fait une somme. Et on arrive à la fin de l’année avec davantage de dépenses. Depuis 2011, je connais une hausse des charges de 30 %."

Une augmentation qui se conclut par une "érosion des salaires". "Et si demain, on veut installer des jeunes, ce n’est plus possible. Si on ne fait rien, il n’y aura plus d’agriculteurs dans nos campagnes", alerte Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63, qui ajoute que la problématique "vient de plus haut".Le préfet du Puy-de-Dôme a rencontré les représentants du monde agricole.

Au contact des agriculteurs, Joël Mathurin a assuré que sa présence "était une marque de considération" et que "le dialogue était permanent avec les représentants de la profession", concédant tout de même "des incompréhensions".

Surcharge réglementaire 

Au rayon des difficultés, les agriculteurs ont notamment pointé le nombre de contrôles qu’ils subissent, "jusqu’à une vingtaine dans l’année". "Il me semble que l’on avait avancé sur les contrôles coordonnés", répond le préfet. Membre du bureau des Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme, Henry Ferret a ciblé la surcharge réglementaire "qui nous prend énormément de temps. Un jeune ne s’installe pas pour passer 80 % de son temps dans un bureau". Prédisant une mise en action des agriculteurs "si rien ne bouge".

L’empilement de normes fait également bondir la profession. "On ne veut pas une pause normative, mais un recul ! On en a marre. Par exemple, il y a quatorze textes de loi pour gérer les haies en France ! Croyez-moi, je ne veux pas de haies chez moi", avoue Sylvain Deloche, secrétaire général de la FNSEA 63. "Laissez-nous exercer notre métier", résume un agriculteur.

Une future mobilisation ?La rencontre a permis d'échanger sur des nombreux sujets.

La problématique de la gestion de l’eau a, elle aussi, été au cœur des discussions. "Il faut que l’État porte le projet d’un barrage de grande ampleur sur le territoire", prêche Sylvain Deloche. "Il n’y a pas d’agriculture sans eau, répond le préfet. La question du stockage multi-usage de l’eau se pose dans notre département."

La loi Egalim, qui doit réguler plusieurs aspects de l’alimentation et du secteur agroalimentaire français, est également dans le viseur de la profession. "Cette loi va dans le sens de dire que personne ne touchera à la Pac (politique agricole commune) : les 100 millions pour les départements sont versés. Elle dit aussi qu’un prix rémunérateur doit être fixé pour qu’un agriculteur puisse vivre", détaille le préfet. "Mais ça, c'est dans la loi. Nous avons des pressions sur les prix. Nous n’avons pas le choix", répondent plusieurs agriculteurs.

"On a un bel outil législatif, mais les choses n’ont pas fondamentalement changé"

Après deux heures d’échanges, le préfet, accompagné de la députée de la 4e circonscription du Puy-de-Dôme, Delphine Lingemann, a demandé une continuité des échanges. "Une partie des réponses se trouvent sur le terrain, dans l’intelligence collective locale. » Les représentants syndicaux, eux, ont annoncé que la mobilisation allait "monter graduellement dans les prochains jours" et qu’ils attendent "un fort engagement de l’État".

Jean-Baptiste Botella

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