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Le bonus réparation change de braquet, suffisamment pour se généraliser ?

Le bonus réparation change de braquet, suffisamment pour se généraliser ?

L’engagement de l’État est-il à la hauteur pour rendre populaire le bonus réparation ? Cette incitation aussi bonne pour la planète que pour le porte-monnaie cherche encore sa vitesse de croisière.

A eux seuls, les équipements électriques et électroniques produisent 1,8 million de déchets par an en France. Mais au lieu de s’en débarrasser – 61 % sont collectés correctement – la réparation, quand elle est possible, est une option très avantageuse : c’est bon pour l’emploi local, les ressources naturelles, le porte-monnaie.

Depuis un an, le consommateur dispose d’un bonus réparation, financé par l’éco-contribution incluse dans le prix d’achat de tous les appareils.

À combien se monte le bonus ? 

En 2024, l’État a décidé de mettre les bouchées doubles. De 49 produits éligibles en 2023, on passe à 73 aujourd’hui. Le montant est multiplié par deux pour cinq appareils parmi les plus fréquemment réparés : téléviseur, aspirateur, lave-linge, lave-vaisselle, sèche-linge. Il a été accru de 5 euros pour 21 produits tels que les plaques de cuisson, hottes, cuisinières, grille-pain ou fers à repasser. L’aide va de 15 à 60 euros selon l’appareil.

« En moyenne, le bonus couvre 17 % du coût de la réparation », a calculé la CLCV.L’association de consommateurs et d’usagers a mis en place un observatoire pour étudier le bon fonctionnement de ce dispositif et suivre la tarification. À travers la remontée des données des deux éco-organismes qui pilotent le bonus réparation, Ecologic et Ecosystem, la CLCV a pu analyser les 158.132 réparations opérées dans 4.641 points (sites physiques, techniciens itinérants et sous-traitants) entre le 15 décembre 2022 et le 4 décembre 2023.

Cette étude a mis au jour une hausse de 10 à 15 % du coût de la réparation entre ces deux dates. Avec de variations allant de +18 % pour les téléphones, +14 % pour les téléviseurs et -4 % pour les ordinateurs portables.

« L’inflation, la hausse des coûts des matières premières peuvent être des explications mais on ne pas exclure non plus un opportunisme de la part de certains réparateurs. »

La réparation est-elle toujours avantageuse ?

Pour que le bonus réparation garde un avantage tarifaire – autrement dit que ça vaille le coup –, l’État a décidé non seulement de l’augmenter, de l’élargir, dont une aide de 25 € pour réparer son écran de smartphone, mais aussi d’encadrer la labellisation. « Depuis le 1er janvier 2024, le maintien de l’agrément est conditionné au maintien des tarifs publics hors taxes du réparateur constatés au 1er janvier 2023 », signale le ministère de la Transition écologique. Toute hausse abusive sera sanctionnée par les éco-organismes avec, au bout, une possible exclusion du dispositif.

L’étude de la CLCV confirme qu’il reste avantageux de réparer un lave-linge, un lave-vaisselle, un réfrigérateur ou un congélateur mais que ce n’est pas le cas pour un grille-pain, une bouilloire ou un presse-agrumes dont il revient toujours moins cher de les racheter neuf que de les réparer. « Le gouvernement est-il allé assez loin dans la hausse de ses aides ? On le saura précisément en décembre 2024 », avance Ibtissam Mozher.

Comment choisir son réparateur ? 

Le bât blesse sur ce versant-là. La CLCV pointe un nombre de réparateurs agréés très insuffisant. Avec 2,46 points de réparation pour 10.000 habitants, ce qui est très peu, la Creuse pointe en tête du classement. Et que dire du Nord (0,38), de Paris (0,39) ou des Bouches-du-Rhône (0,46) ? En cause, disent les professionnels, des contraintes et des coûts administratifs beaucoup trop élevés.

L’État a répondu en partie aux réclamations en baissant le coût de la labellisation, pour trois ans, de 447 euros à 200 euros. Un effort suffisant pour embarquer le gros des troupes ? Sur 30.000 sites de réparation, seulement 2.052 sont labellisés, selon l’Ademe. « Depuis juillet, on assiste à une stagnation, souligne Ibtissam Mozher. Les réparateurs attendaient-ils la mise en place de cette réduction du montant du label ? Il semble que oui d’après les éco-organismes qui ont enregistré un afflux de nouveaux réparateurs. »

C’est vital pour le consommateur insiste la responsable de l’observatoire du fonds réparation des équipements électriques et électroniques. « Si votre appareil tombe en panne et que vous n’avez pas de réparateur labellisé à côté, vous n’allez pas parcourir 200 ou 300 kilomètres pour en trouver un. »

En outre, la multiplication des réparateurs agréés assurera à la fois une saine concurrence et une offre plus diversifiée pour le particulier. « 59 % des réparateurs labellisés concernent les équipements informatiques et les télécommunications, 46 % pour le gros électroménager et seulement 5 % pour les appareils photos. C’est handicapant pour le consommateur », indique Ibtissam Mozher.

Comment s’y prend-on ? 

C’est le bon point du dispositif. Pour le consommateur, il n’y a aucun justificatif à produire. Il suffit de se présenter à un réparateur « QualiRépar » et apporter son produit. La réduction est directement intégrée à la facture.

Les textiles et les chaussures aussi

Le gouvernement a lancé le 7 novembre un « bonus réparation textile » pour les réparations d’un coût supérieur à 12 €. Il concerne tous les vêtements et chaussures, à l’exception des sous-vêtements, de la lingerie, des vêtements en cuir (les chaussures en cuir sont éligibles) et des vêtements en vraie fourrure.

Côté cordonnerie, le bonus va de 7 € pour un changement de bonbout (pièce de cuir ou de caoutchouc placée sous le talon) à 25 € pour une opération de ressemelage de chaussures en cuir. Une couture ou un recollage de semelle permet d’obtenir 8 € de réduction ; une pose de patins également.

Pour les vêtements, le bonus minimum est de 6 € (refaire une couture non doublée), le maximum de 25 € (changement d’une doublure complexe). La réparation d’un trou, d’un accroc ou d’une déchirure permet de bénéficier de 7 € de ristourne ; un changement de zip de 8 à 15 € selon sa taille. Il suffit de se rendre chez l’un des 600 réparateurs « QualiRépar ».

Nathalie Van Praagh

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