Antony Blinken : que vient donc faire le secrétaire d’Etat américain en Afrique de l’Ouest ?
Quatrième tournée africaine pour Antony Blinken. Un an après le sommet Etats-Unis-Afrique, le secrétaire d’Etat américain est de retour sur place ce lundi 22 janvier. Un déplacement qui intervient dans un contexte de forte présence russe et chinoise dans la région. Présence qui tend à s’accroître depuis plusieurs années.
Et c’est précisément pour cette raison que les Etats-Unis ne comptent pas céder du terrain aux deux géants. Cette tournée sera ainsi placée sous le signe de "l’avenir", se réjouit Molly Phee secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires africaines. Et d’assurer : "Nous voulons souligner notre réponse aux préoccupations africaines."
De son côté, le porte-parole du département d’Etat, Matt Miller, a mis l’accent sur les enjeux économiques et commerciaux de cette visite. "Nous avons des défis sur le continent africain, mais… nous avons aussi beaucoup d’opportunités dont le président et le secrétaire d’Etat ont fait une priorité."
Renforcer les relations économiques et commerciales
Et pour cause, plusieurs projets d’ampleur en collaboration étroite avec les Etats-Unis sont déjà sur les rails. C’est le cas des infrastructures reliant la République démocratique du Congo et la Zambie via le port de Lobito, en Angola. Ou encore des partenariats en matière de santé et la sécurité alimentaire, "fondés sur le respect des droits de l’homme, la promotion de la démocratie et l’extension de l’Etat de droit" que Washington souhaite "faire progresser".
Les prochaines journées d’Antony Blinken promettent ainsi d’être chargées. Au programme, quatre pays : le Cap Vert, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et l’Angola. Première étape de sa tournée, le Cap Vert. L’escale est rapide, mais pas moins importante. Les Etats-Unis ont donné quelque 150 millions de dollars - soit environ 138 millions d’euros - à travers deux programmes. Parmi lesquels l’expansion du port de la capitale, Praia, ainsi que l’amélioration des routes et du système de distribution d’eau potable. Un troisième programme d’aide est actuellement à l’étude.
Aider au maintien de la stabilité régionale
Lundi soir, le chef de la diplomatie américaine posera ses valises à Abidjan, où la Côte d’Ivoire joue un match décisif pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qu’elle organise en ce moment. Dans l’optique d’encourager la stabilité et d’éviter les conflits au Bénin, Ghana, Guinée, Côte d'Ivoire et Togo, des pays côtiers, l’administration Biden a annoncé l’an dernier un plan sur dix ans de lutte contre le terrorisme. Antony Blinken devrait notamment saluer la consolidation de la démocratie depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011.
Car bien que frontalier du Mali et du Burkina, Yamoussoukro est parvenu jusqu’à présent à endiguer la menace djihadiste qui plane sur la région. Une étude de l’International Crisis Group (ICG) observe notamment un changement dans l’approche du gouvernement Ouattara. Depuis plusieurs années, l’exécutif ivoirien s’active sur deux fronts : une réponse militaire ferme et un développement économique des zones concernées, en particulier pour les jeunes. Et la stratégie semble porter ses fruits puisque le dernier incident lié à ces groupes armés dans le nord du pays remonte à début 2021.
Luttes d’influence
Quelques jours plus tôt, l’homologue chinois d’Antony Blinken a lui aussi opéré une tournée en Afrique. Au Togo, puis en Tunisie. Avant de finir par une escale en Egypte. Un déplacement qui s’inscrit dans un contexte de déploiement économique de la Chine sur le continent. Et pour cause, depuis une dizaine d’années, Pékin est très actif sur le continent en finançant notamment des infrastructures dans de nombreux pays.
A l’instar de la Russie qui d’années en années gagne du terrain dans un certain nombre de pays d’Afrique francophone, parvenant à se créer une véritable assise sur le continent. Une position que Moscou cultive grâce à ses relations privilégiées avec le Burkina Faso. Sans oublier, la récente présence des soldats du groupe paramilitaire Wagner en Centrafrique et au Mali. Leur chef, Evgueni Prigogine revenait notamment tout juste d’un séjour en Afrique lorsque son avion allant de Moscou à Saint-Pétersbourg s’est crashé le 23 août dernier.