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Sexisme : ce rapport qui pointe la famille, l’école et Internet

Une société de plus en plus au fait des inégalités femmes-hommes, mais un sexisme qui grimpe. Le paradoxe, qui peut surprendre à première vue, est soulevé par le rapport du Haut Conseil à l’égalité (HCE), publié lundi 22 janvier.

Dans le viseur de la commission indépendante, la famille, l’école et le numérique, qui seraient tous les trois "des incubateurs de sexisme". Le premier comme "origine" du sexisme, le second comme "cristalliseur", et le dernier comme "amplificateur".

"Le sexisme commence à la maison, continue à l’école et explose en ligne", conclut le HCE. Et de détailler : "Les parents, sans même s’en rendre compte, reproduisent les schémas genrés les plus traditionnels. Le système d’enseignement perpétue les inégalités, malgré la mixité. Et Internet, comme tout outil de communication, est à la fois la meilleure et la pire des choses […] en véhiculant dans ses contenus les plus vus, stéréotypes et violences sexistes et sexuelles."

Les vocations, sujet d’inégalités femmes-hommes

Les illustrations sont nombreuses. Deux tiers des femmes interrogées estiment ne pas avoir reçu la même éducation que leurs frères. Un avis à rebours de celui des parents, 41 % d’entre eux considérant avoir éduqué leurs enfants de sexe opposé de façon identique. Et ce alors même que 62 % des femmes déclarent avoir reçu des poupées, contre seulement 3 % des hommes.

Les vocations sont également sujettes à des inégalités. 74 % des femmes assurent ne jamais avoir été poussées à faire des études dans les domaines scientifiques ou techniques. Idem pour les métiers liés à la protection ou à la sécurité, non envisagés par 69 % des femmes, contre 54 % des hommes. Un écart de 15 points qui "va déterminer les possibles pour le développement et les choix respectifs des garçons et des filles".

Les milieux religieux plus propices aux inégalités

"La féminité et la masculinité sont des rôles attribués très tôt au sein même de la famille", décrypte le HCE. 36 % des Français pensent notamment que les inégalités sont dues à une différence naturelle, "ce qui entraîne une spécialisation des rôles […] : chez les garçons, on valorise la force, la compétition, le mépris de la faiblesse, voire du féminin. Chez les filles, on valorise l’écoute, l’empathie, la douceur et la docilité".

Une vision plus répandue dans les milieux familiaux pratiquants, toutes religions confondues. 21 %, contre 10 % pour l’ensemble de la population, considèrent par exemple que les hommes "doivent être parfois violents". Des comportements également légitimés par l’industrie pornographique – 9 contenus pornographiques sur 10 présentant des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes.

L’industrie pornographique, incubateur de fantasmes violents

Et les chiffres sont éloquents : 64 % des hommes de 25 à 34 ans déclarent que la pornographie "donne envie de reproduire les gestes sexuels" et qu’il ne faut pas la "diaboliser". En outre, une étude de l’Ifop révèle que 33 % des jeunes hommes de 18 à 24 ans seulement reconnaissent que les contenus pornographiques ont une influence négative sur leur sexualité.

"L’initiation précoce au porno semble avoir des effets réels sur les représentations que se font les hommes des femmes dans les relations sexuelles qu’ils et elles peuvent entretenir", alerte le Haut Conseil à l’égalité. C’est donc sans surprise que les hommes exposés jeunes à du contenu pornographique répondraient davantage par la positive à la question : "Lorsqu’on est en couple, il est normal d’avoir un rapport pour faire plaisir à son conjoint même si on n’en a pas envie."

Un sexisme qui ne cesse de gagner du terrain

En parallèle, le Haut Conseil à l’égalité observe un renforcement des stéréotypes chez les hommes. 70 % d’entre eux pensent par exemple qu’ils doivent assurer financièrement le train de vie du foyer. Et près d’un tiers d’entre eux estiment qu’un homme doit savoir se battre. Plus caricatural encore, 13 % des hommes jugent qu’ils "doivent avoir beaucoup de partenaires" pour se faire respecter.

"Quel que soit le genre concerné, les clichés de genre sont massivement diffusés dans la société et s’avèrent encore plus ancrés cette année", souligne le rapport. L’idée qu’il est "plus difficile pour les hommes de pleurer que pour les femmes" gagne 3 points auprès des hommes cette année. Plus 4 points également pour l’a priori selon lequel la contraception est une affaire de femmes, comme l’estiment 26 % des hommes interrogés.

Première Journée nationale de lutte contre le sexisme, le 25 janvier

"Le rapport montre bien le décalage entre cette prise de conscience et le maintien des stéréotypes qui continuent de forger les mentalités et les comportements, écrit le HCE, qui, pour étouffer la résurgence de ces préconçus sexistes, formule ses préconisations et définit un "plan d’urgence" qui se décline en trois axes : éducation, régulation, sanction.

Et de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation à l’occasion de la première Journée nationale de lutte contre le sexisme, le 25 janvier prochain. Avec un mot d’ordre : "Faisons du sexisme de l’histoire ancienne !"

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