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Colère des agriculteurs : le nouveau point de blocage créé sur l'A71 dans le Puy-de-Dôme devrait "durer"

C’est au son des klaxons qu’une cinquantaine de tracteurs et des dizaines de voitures se sont stationnées sur l’autoroute A71, ce mercredi 24 janvier, en fin de matinée.

Partis de Riom, Cournon, Ambert et Thiers, ils ont convergé en direction du Brézet afin de bloquer les deux voies de circulation sur quelques kilomètres, à l’appel de la FNSEA du Puy-de-Dôme et des Jeunes agriculteurs 63.

« J’ai envie de faire ça »

Parmi les troupes mobilisées, de très nombreux jeunes. Comme Loris Dubrouillet. À 25 ans, cet habitant de Saint-Ours-les-Roches est justement en pleine année d’installation, après sept ans de salariat dans le milieu agricole. Rejoindre le Gaec familial ? Une évidence. «On est né dedans, j’ai envie de faire ça, j’aime ça », lâche-t-il. Mais une question le taraude : « Je commence à peine et je ne sais pas si je finirai dedans… »

Le ras-le-bol ambiant est général. « Il y a de la colère, il n’y a plus moyen de gagner un sou », souffle-t-il. Les rentrées d’argent se font au coup par coup, au fil des ventes des bêtes. Et ces rentrées doivent être lissées sur les douze mois de l’année. Sauf qu’en juillet et août, « ça commence à devenir compliqué », dit Loris Dubrouillet.

L'administration, toujours plus compliquée

« L’administration, c’est le plus compliqué ; pour installer des jeunes, c’est trop dur », peste Benoît Perol, 22 ans, qui a rejoint l’exploitation familiale en février 2022.

J’ai toujours voulu faire ce métier. Mon père me freinait un peu, il me disait “Tu ne veux pas faire autre chose ?”, mais non.

Sur les quinze élèves de sa promotion du lycée agricole de Rochefort-Montagne, seuls quatre (dont lui) se sont installés, d’après lui. En cause ? Les banques qui ne suivent pas, un manque de soutien.

« Et puis il y a trop de paperasse, dès qu’on veut faire quelque chose, il faut faire des dossiers épais comme ça. Même la comptabilité devient une corvée, et une fois que tu te laisses dépasser… C’est pour ça qu’il y a plein de fermes qui arrêtent aussi. »

Pourtant « je suis carrément fier de me lever tous les jours pour faire ça ! », martèle Loris Dubrouillet. « Je suis carrément fier de me lever tous les jours pour faire ça ! » Après le stationnement des véhicules et l’installation de bottes de paille de part et d’autres du blocage, une remorque a servi de tribune aux premières allocutions.

Minute de silence

La première à prendre la parole a été la présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme, Sabine Tholoniat, pour demander d’abord le respect d’une minute de silence en hommage à l’agricultrice et à sa fille décédées dans l’Ariège.

Avant de scander :

Les sujets de mobilisation sont extrêmement nombreux et divers. Depuis le temps qu’on alerte, la situation n’est plus tenable !

La présidente de la FNSEA s’est félicitée de voir la mobilisation aussi forte à travers toute la France. « La manifestation devrait durer un peu dans le temps ; on attend des réponses de l’État et au niveau de l’Europe », a-t-elle prévenu, lasse de voir les agriculteurs pris en étau et des décisions prises de plus en plus par des personnes complètement hors sol.

« Les vrais professionnels de la production, c’est nous !, a-t-elle abondé. On a toujours su produire des produits de qualité supérieure par rapport à ce qu’on trouve dans le monde. »

Difficultés

Malgré la diversité des productions, dans le Puy-de-Dôme, toutes ne vont pas bien, a enchaîné Nicolas Chatard, le président des Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme. Et selon lui, le blocage risque de durer sans réponse, entre prix non rémunérateurs, heures de travail non reconnues… « De moins en moins de fils et filles d’agriculteurs qui ont ça dans le cœur ont envie de reprendre les exploitations », s’est-il attristé.

Parmi les sujets essentiels, Sylvain Deloche, secrétaire général de la FNSEA demande l’abandon de la stratégie « De la ferme à l’assiette » de la Commission européenne, le recul sur le verdissement de la Politique agricole commune et l’abandon de la fiscalisation du gazole non-routier. « Et on a des sujets locaux : nous plaidons pour un stockage massif de l’eau, multi-usage. »

Des réponses attendues

Tous ces sujets travaillés au quotidien n’ont pas été pris au sérieux ; et aujourd’hui, « la liste des courses est longue », a regretté David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Lui attend des réponses de fonds autour de trois axes : la dignité du métier, l’axe économique et le volet normatif.

« Soyons lucides, ça ne sera pas le grand soir demain, mais il se passe quelque chose », estime-t-il, attendant de voir le niveau de confiance que le monde agricole peut à nouveau accorder aux politiques.

Le préfet du Puy-de-Dôme, Joël Mathurin, ou encore le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Lionel Chauvin, sont venus échanger avec les agriculteurs.

Texte : Gaëlle Chazal

Photos : Fred Marquet

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