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"C'est notre liberté pédagogique qui est attaquée" : les enseignants du Cantal en grève jeudi 1er février

« Salaires insuffisants », « suppressions de postes », « dégradations des conditions de travail », « réformes qui accentuent le tri social et désorganisent les écoles, collèges et lycées »… « Rien ne va… », selon les organisations cantaliennes FSU, CGT Éduc’action et Sud Éducation. Sans parler de « l’attaque frontale contre l’école publique » et « les propos méprisants » d’Amélie Oudéa-Castéra qui ont ulcéré les représentants syndicaux. Lors d’une de ses premières sorties, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale a justifié la scolarisation de ses enfants au collège Stanislas, un établissement catholique parisien au « vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées ».

Une manifestation à Aurillac

Les syndicats appellent à la grève et à une journée de mobilisation, jeudi 1er février. À Aurillac, un cortège partira à 10 heures du collège de La Jordanne, dont la fermeture a été actée en fin d’année dernière par le Conseil départemental, pour rejoindre les locaux de la Direction des services départementaux de l’Éducation. Là, les manifestants sont appelés à tirer du sac un casse-croûte revendicatif, avant une assemblée générale.

Dans le Cantal, 13 postes en moins dans le 1er degré à la rentrée 2024??

Au cœur de leurs revendications, il y a donc les salaires, mais également les postes. « À la rentrée 2024, la suppression de treize postes d’enseignants dans le 1er degré est programmée dans le département », affirme Stéphanie Lavergne (FSU-SNUipp). « Il faut sortir de cette réflexion qui repose uniquement sur les chiffres, répète Pascal André (FSU-SNUipp). Qualitativement, c’est une catastrophe. On ne peut pas raisonner dans le Cantal comme à Paris ou à Lyon… »

« En six rentrées préparées sous la présidence Macron, ce sont plus de 8.000 postes qui ont été supprimés dans le second degré public, alors que dans le même temps, 21.000 élèves en plus étaient accueillis. Et cerise sur le gâteau, nos élus départementaux ont décidé de fermer un collège… »

« De plus en plus d'accidents de service à caractère psychique »

La conséquence de tout cela, pour Franck Lacrampe (CGT Éduc’action), « ce sont des conditions de travail qui se dégradent, la qualité de l’enseignement qui s’effondre comme le montrent les résultats des enquêtes internationales, et la perte du sens du métier chez de nombreux collègues qui pètent littéralement les plombs. » Et « cette multiplication des accidents de service à caractère psychique » pose un autre problème : l’absence de médecine du travail. « L’Éducation nationale compte 67 médecins pour 1,2 million agents… Sur le papier, cela veut dire qu’un médecin doit s’occuper de 17.910 agents… », calcule Mathias Leduc (Sud Éducation), qui réclame, par ailleurs, des moyens pour l’école inclusive, parmi lesquels « un vrai statut pour les accompagnants des élèves en situation de handicap et l’arrêt de la mutualisation de l’accompagnement ».

La France connaît "une baisse historique du niveau des élèves en mathématiques"

Non au « choc des savoirs »

Enfin, les syndicats dénoncent les mesures du « choc des savoirs » annoncées par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, pour relever le niveau des élèves français. Parmi elles, le redoublement qui va être facilité à tous les échelons de la scolarité et la mise en place de groupes de niveau au collège, « qui vont aggraver la relégation sociale des élèves les plus en difficulté », selon Mathias Leduc, ainsi que la labellisation des manuels scolaires, c’est-à-dire leur approbation par le ministère.

« C’est notre liberté pédagogique, le cœur de notre métier, qui est attaquée. »

« Quelque part, le constat d’Amélie Oudéa-Castéra n’est pas faux, ironise Denis Loubière. Cela fait trente ans que les gouvernements successifs cassent le service public. Il faut un plan d’urgence pour l’école, maintenant?! » 

Emmanuel Tremet

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