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Qui est Moto Hagio, l’autrice qui a révolutionné le manga ?

Moment fort du festival d’Angoulême, l’exposition consacrée à la Japonaise culte met en lumière la carrière d’une pionnière du manga moderne.

Si cela fait longtemps que le manga est bien représenté au festival d’Angoulême, l’exposition consacrée à la Japonaise Moto Hagio est un événement qui va faire bouger les lignes. D’abord, en termes de symbole : il s’agit de la première mangaka à avoir droit à sa rétrospective lors du festival. Si, il y a 5 ans, la dessinatrice Rumiko Takahashi (Ranma ½) avait remporté le Grand Prix, elle n’avait pas, selon son souhait, voulu que son travail soit exposé.

Moto Hagio, 74 ans, a enfin accepté, et on ne peut que se réjouir de pouvoir admirer les originaux grandioses de cette autrice révolutionnaire. Dans les années 1970, alors débutante, elle propose ses premières histoires marquées par des envies d’ailleurs et d’émancipation malgré les codes de l’industrie. Dans la préface du premier tome de sa série phare, Le Clan des Poe, elle explique à Fausto Fasulo, par ailleurs directeur adjoint du festival d’Angoulême : “à l’époque, on ne pouvait tolérer d’une fille qu’elle puisse faire certaines choses ou s’exprimer d’une certaine façon dans un manga (…) Je me sentais donc très à l’étroit et j’ai changé tous mes personnages féminins en garçons afin de pouvoir raconter mon histoire librement.”

Shōjo modernisé

Créé en 1972 et enfin éditée en France, Le Clan des Poe a conservé tout son lyrisme et son romantisme littéraire. À rebours de l’imagerie horrifique, Moto Hagio met en scène des vampires qui, s’ils sont contraints de se nourrir de sang humain comme les autres, sont affligés d’un mal encore plus profond : la mélancolie de devoir vivre éternellement. Les chapitres, s’enchaînant sans chronologie linéaire, entretiennent ce spleen avec leurs changements d’époque et de lieux.

En 1974, Moto Hagio entame Le Cœur de Thomas, une série sentimentale remarquable où elle préfigure le boy’s love, le manga qui raconte des histoires d’amour entre personnages féminins. Avec Riyoko Ikeda (La Rose de Versailles), Moto Hagio modernise ainsi le shōjo, ce manga ciblant le jeune public féminin qu’on aurait tort de croire formaté. L’autrice joue doublement avec les genres, d’abord en construisant des récits fantastiques ou de science-fiction pour jeunes filles mais aussi, influencée par l’autrice de science-fiction Ursula K.Le Guin, en plaçant dans ses intrigues des personnages androgynes à l’identité sexuelle floue. Nous sommes onze présente sur l’anthologie De La Rêverie montre toute son inventivité en la matière.

Les éditions Akata, partenaires de l’exposition, profitent de l’occasion pour éditer Barbara, l’entre deux-mondes, série de science-fiction qui date des années 2000. Le public français n’a pas fini de célébrer Moto Hagio. 

Exposition Moto Hagio au-delà des genres, musée d’Angoulême jusqu’au 17 mars 

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