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A Jérusalem, la colère d’un père contre Netanyahou : "Il est dangereux pour l’existence même d’Israël"

 A Jérusalem, la colère d’un père contre Netanyahou :

Le 8 octobre, son fils a été assassiné par le Hamas. Depuis, Yaacov Godo campe devant le bureau de Netanyahou pour réclamer son départ.

Quand il décrit l’horreur, sa voix ne tremble pas. Pour raconter la mort de son fils, Yaacov Godo garde le menton haut et son regard fixé sur le grand bâtiment de briques beiges où siège le Premier ministre Benyamin Netanyahou, à Jérusalem. Sur son tee-shirt blanc, le visage de Tom, 52 ans, assassiné par le Hamas le 8 octobre au matin. "Avec sa femme et ses trois filles, ils attendaient de l’aide depuis vingt-cinq heures dans la pièce sécurisée de leur maison, pose le septuagénaire. Mon fils tenait la poignée pour empêcher le Hamas d’entrer. Alors, ils ont tiré sur la porte et deux balles l’ont atteint." Dans la panique, Limor, sa compagne, ouvre la fenêtre de la pièce sécurisée et projette leurs filles - de 4, 6 et 11 ans - à l’extérieur. Toutes les quatre vont courir plusieurs minutes avant de tomber sur un groupe de soldats, qui les escortera en dehors de leur kibboutz.

Un militant de la paix qui aidait les enfants palestiniens

Aujourd’hui, Limor et ses filles vivent dans un hôtel sur les bords de la mer Noire, comme des milliers de réfugiés du sud d’Israël. Tom, lui, a été enterré juste après l’assaut meurtrier du Hamas, alors que les roquettes de Gaza volaient dans le ciel israélien. Sur sa tombe, son père lui a fait une promesse. "Je lui ai assuré que, malgré toute ma tristesse, j’irai m’asseoir devant le bureau du Premier ministre jusqu’à ce que ce gouvernement s’en aille, retrace Yaacov Godo. Après ce qu’ils ont fait, ils ne devraient plus jamais être aux responsabilités."

Passé les trente jours de deuil imposés par le judaïsme, ce militant de la paix a donc posé sa tente sur un trottoir de Jérusalem, au cœur du pouvoir israélien, entre la Knesset et le bureau de Netanyahou. Ce dernier concentre toute sa colère et Yaacov prend soin de ne jamais prononcer son nom. "En un an, son gouvernement a causé des dégâts terribles pour Israël, il a divisé la société pour mettre au pas les juges avec sa réforme du système judiciaire, souffle le militant pacifiste. Puis mon fils est mort, comme 1 200 autres Israéliens, massacrés dans la pire des cruautés. Et lui refuse toute responsabilité, préférant blâmer le monde entier. Cela montre le type d’homme qu’il est et à quel point il est dangereux pour l’existence même d’Israël."

Chaque jour, plusieurs dizaines d’Israéliens passent soutenir Yaacov sur son trottoir de Jérusalem, lui apportant un repas ou un petit mot. Ces dernières années, il profitait de sa retraite pour venir en aide à des éleveurs palestiniens menacés par des colons dans la vallée du Jourdain. Il transportait aussi des enfants de Cisjordanie et de la bande de Gaza vers des hôpitaux israéliens pour soigner leur cancer. A l’évocation de la guerre, le septuagénaire se fige. "Ce que notre pays fait à Gaza… Cela ne règlera rien. Certains enfants palestiniens que j’ai pu aider sont sans doute morts aujourd’hui, soit sous les bombardements soit en raison de l’arrêt des soins. Ils souffraient déjà à cause du Hamas, il n’est pas normal de les faire souffrir à notre tour."


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