Billard à trois bandes

C’est ce que l’on appelle du billard à trois bandes. Avaler sans broncher les couleuvres d’un texte droitisé pour obtenir une majorité à l’Assemblée et éviter un énième 49.3 en priant que, derrière, le Conseil constitutionnel le censure à la tronçonneuse. Le coup était téléphoné mais, au final, exécuté de main de maître. Merci les Sages. Les Républicains, qui bombaient le torse le soir de l’adoption, sont les dindons de la farce. L’ancien parti de gouvernement, qui n’aura servi que de marchepied dans l’opération, a désormais la tête sous l’eau. Minée par les débauchages élyséens, rongée sur sa droite par les idées du RN en mode termites, c’est toute sa structure politique qui menace de s’effondrer. L’exécutif, au contraire, ne se prive pas de fanfaronner. L’honneur est sauf. Les mesures les plus controversées ont été jetées aux oubliettes. La Macronie, sérieusement secouée par les débats sur cette loi immigration et la surreprésentation des sarkozystes au gouvernement, y puisera un semblant d’unité retrouvée. Mais le danger est grand que ce tour de passe-passe nourrisse un peu plus la rhétorique populiste du parti lepéniste d’un système politique vermoulu qu’il faut dynamiter de l’intérieur.

l’éditorial

Dominique Diogon