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En Corrèze, le docteur Chaumeil a pu trouver deux jeunes médecins pour reprendre son cabinet

En Corrèze, le docteur Chaumeil a pu trouver deux jeunes médecins pour reprendre son cabinet

A 66 ans, le docteur Jean-Marie Chaumeil a refermé la porte de son cabinet après quatre décennies de pratique médicale à Naves, en Corrèze. Le praticien, qui reste président de l’ordre des médecins, a pu trouver deux successeurs pour ses nombreux patients.

Lorsqu’il covoiturait avec des condisciples de la fac de médecine de Limoges, déjà, à l’époque, l’étudiant Jean-Marie Chaumeil lançait en passant dans les environs de Naves : « Peut-être que je m’installerai là ! » Dont acte, une fois les années de carabin passées, c’est en plein bourg navarois que, voilà une quarantaine d’années, le docteur Chaumeil s’est installé. Et c’est ce même cabinet, le 31 décembre dernier, dont il a refermé la porte pour la dernière fois, le moment de la retraite étant désormais arrivé.

Ces quatre décennies au chevet de milliers de patients, le docteur Chaumeil les referme à 66 ans révolus avec la satisfaction d’avoir pu passer le relais. « Grâce à l’association mise en place par des citoyens, des élus et des professionnels de santé de Naves, Saint-Clément et Lagraulière, la succession de mon cabinet a pu être assurée. Il s’agit de deux jeunes praticiennes, le Dr Chloé Vialle et le Dr Marie Guitton, qui se sont rencontrées lors des réunions organisées et ça a fonctionné », retrace-t-il dans un sourire.

Rassuré pour ses patients

Avec une patientèle de plus de 2.000 personnes, le docteur Chaumeil ne chômait pas. Comme les généralistes de sa génération, les journées débutaient tôt et s’achevaient tard. « Outre les consultations libres, j’assurais des consultations sur rendez-vous aux deux extrémités de la journée pour les gens qui travaillent et, bien sûr, des visites de patients », explique le docteur Chaumeil, avant de souligner : « Les visites, c’est important et obligatoire, car certaines pathologies ne permettent pas de se déplacer. Déontologiquement, ça s’impose. » À l’heure de raccrocher le stéthoscope, le praticien paraît soulager d’avoir deux personnes qui vont lui succéder. « Avant que les deux praticiennes officialisent leur arrivée, mes patients me disaient : “mais qui va vouloir de nous ?” C’était très compliqué car mes confrères alentour n’auraient pas pu absorber ma patientèle. »

Une problématique liée aux départs des médecins « ancienne génération », que l’arrivée de jeunes praticiens peine à résoudre. Pour remplacer un médecin de la classe d’âge du docteur Chaumeil, il faut aujourd’hui, montrent les études, 1,7 médecin fraîchement diplômé. « Les praticiens privilégient aujourd’hui beaucoup plus leur vie personnelle, familiale et leurs loisirs », constate le docteur Chaumeil, sans juger ce changement sociétal, observé au national, tout comme la très forte féminisation de la profession. « Les femmes réussissent, car elles sont plus appliquées dans les études ; nous, les hommes, on est plus dilettantes ! », s’amuse-t-il.

Pour ce natif de Tulle, qui a conservé la Corrèze chevillée au corps, « le département, finalement peu connu, a de vrais atouts à jouer pour attirer de nouveaux médecins », estime-t-il. C’est, poursuit-il, ce que le collectif qui a permis de trouver les deux nouvelles praticiennes à Naves a mis en avant et ce sur quoi l’association va continuer à travailler, car « à Saint-Clément, il n’y a pas de médecin et à Lagraulière, un seul exerce à mi-temps ».

Rester attractif pour les jeunes praticiens

Toujours en poste à la présidence de l’ordre des médecins, Jean-Marie Chaumeil est très conscient de la démographie à la baisse des médecins. Si, actuellement, la Corrèze compte 155 médecins généralistes libéraux, 194 étaient en exercice il y a cinq ans, selon les chiffres de l’ordre des médecins. Mais dans ce contexte de fléchissement de la démographie médicale, l’essentiel des missions est rempli, estime-t-il, notamment les gardes. « Les médecins continuent de s’investir », souligne-t-il, évoquant également le « SAS » (« Service d’accès aux soins »), mis en place récemment pour désengorger les urgences en proposant une solution, hors créneaux de gardes, aux personnes qui n’ont pas de médecin traitant ou dont le médecin n’est pas disponible.

Toujours un pied dans le métier du fait de ses fonctions ordinales, le docteur Chaumeil entend profiter de tous ses loisirs laissés de côté durant toutes ces années de pratique médicale intense. De celles-ci, il confie pudiquement garder le souvenir « des situations difficiles rencontrées aux côtés des patients », mais aussi le souvenir « de ces gens qui simplement vous remercient, vous témoignent de la reconnaissance ». Des moments profondément humains que se remémore ce médecin humaniste qui forme un vœu pour les nouvelles générations de soignants : « Il faut rester empathique. Si cette relation médecin-malade et malade-médecin telle que je l’ai connue disparaît, tout le monde a à y perdre. » 

Texte : Julien Bachellerie ; photo : Agnès Gaudin

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