Comment la médecine intégrative aide à lutter contre le cancer à Clermont-Ferrand
Cette médecine centrée sur le patient constitue le fondement de la médecine intégrative née aux États-Unis dans les années 90 et qui connaît un certain dynamisme en Auvergne. Éclairage avec le docteur Joël Fleury, qui est aussi président de l’Oasis des Dômes et membre de la Société française d’oncologie intégrative. Il place la médecine intégrative au cœur de sa pratique. Avec des soins complémentaires comme l’art-thérapie, le massage bien-être, la socio-esthétique… pendant les séances de chimiothérapie.
Comment définir la médecine intégrative ?
"Je reprendrais la définition du Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic) : "L’association des médecines conventionnelles et complémentaires dans une approche scientifique validée, centrée sur le patient avec une vision pluridisciplinaire". Il s’agit de considérer la personne dans sa globalité bio-psycho-sociale. En d’autres termes, "on ne traite pas un cancer, on soigne un ou une patiente atteinte d’un cancer". Il faut non seulement traiter le corps malade mais aussi prendre soin du patient. C’est l’âme des thérapies complémentaires et des interventions non médicamenteuses. Guérir d’un cancer ne signifie pas nécessairement être en bonne santé car on peut garder des séquelles thérapeutiques psychologiques, émotionnelles ou sociales… J’espère que ce sera la santé de demain, mais il faudra encore convaincre."
Quels sont ces soins complémentaires intégrés à la médecine ?
"Parmi les thérapies complémentaires : soutien psychologique, accompagnement nutritionnel, naturopathie, hypnose, méditation, sophrologie, ostéopathie, homéopathie, acupuncture… Parmi les interventions non médicamenteuses : activité physique adaptée, socio-esthétique, massages, art-thérapie, danse-thérapie, ateliers cognitifs, réflexologie…"
Quid de leur efficacité ? Ces thérapies ont-elles été évaluées ?
"Des milliers de publications, essentiellement anglo-saxonnes, ont été faites depuis vingt ans sur la médecine intégrative. Parmi elles, l’étude la plus importante est celle d’Andersen : 227 patientes ayant un cancer du sein ont été suivies, dont la moitié avec un accompagnement psychologique, nutritionnel et sportif. Après onze ans de suivi : pour les patientes accompagnées, moins 50 % de récidive et moins 68 % de décès. Au-delà de l’impact sur la qualité de vie, certaines études montrent un impact sur la quantité de vie. La prise en charge globale du patient peut permettre une meilleure tolérance et une meilleure observance des traitements conventionnels. On a aussi constaté 30 % de dépressions en moins chez ces patients. De surcroît, nous entrons dans l’ère de l’épigénétique, qui se définit par la possibilité de moduler l’expression de nos gènes par notre comportement ! Ne serait-ce pas le rationnel scientifique à cette approche intégrative ?"
En tout cas, l'épigénétique suggère que nous pouvons être acteurs de notre santé.
Quel est l’essor en France et en Auvergne de la médecine intégrative ?
"La mise en place en France de cette médecine humaniste est un véritable challenge car on est encore dans une médecine très prescriptive. Néanmoins, on compte huit centres ressources, structures de médecine intégrative fondées par le docteur Jean-Louis Mouyssit, l’institut Rafaël à Paris créé par le docteur Alain Tolédano en 2018… À Clermont-Ferrand, le pôle santé Magellan a été créé récemment par Claire Prasloix. L’Oasis des Dômes est un tuteur de résilience et un acteur d’oncologie intégrative. Il existe d’autres associations telles que Toutes uniques, ou encore Onco and Co et le Bazar de la santé. Depuis deux ans à Clermont, un colloque de santé intégrative est organisé par Virginie Vandermersch (il aura lieu cette année les 19 et 20 octobre). Un collectif d’oncologie intégrative rassemblant les acteurs privés et publics pourrait aussi voir le jour… "
Les standsSanté/bien-être. Réseau kiné du sein avec Marie-Eline Laborde ; Les massages du Phénix avec Lise-Anne Antoine ; réflexologie avec Jessica Malizia ; socio-esthétique et kératothérapie avec Isabelle Velasco ; naturopathie et réflexologie avec Carole Enjolras, accompagnement holistique (globale de la personne) avec Unique et féminine. Et aussi, présence de L’hair naturel, pour des colorations végétales avec Elodie Lozano ; coiffure énergétique avec Adeline Martins et Instant coiffure avec Stéphanie Rossignol. Pour l’image de soi : Amazone, Constance Lévigne, coach en image de soi ; photologie avec Olga Morcuende. Onco-diététique : Diet Liberté avec Sandrine Orio-Rousseau et une diététicienne clinique, Maëlle Masson.
Une table ronde à la faculté de médecineLundi 5 février. Une autre manifestation dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les cancers est organisée par l’Université Clermont Auvergne.
De 18 h 30 à 21 heures, dans le grand auditorium de la faculté de Médecine : table ronde "Médecine Intégrative, la médecine de demain ?" Avec le professeur Martine Duclos, chef de service de médecine du sport au CHU de Clermont-Fd ("Activité physique et cancer, tout ce que vous avez voulu savoir sans jamais oser le faire") ; Julien Scanzi, gastro-entérologue ("Le microbiote intestinal au cœur de notre santé ") ; Maya Corman, psychologue au CHU ("L’amélioration du bien-être et la gestion du stress") ; Bertrand Nouailles, professeur de philosophie ("Qu’intègre la médecine intégrative ?") ; Marie Phalente, témoin des soins de support, et Joël Fleury, hémato-oncologue ("L’épigénétique, rationnel scientifique de la médecine intégrative").
Michèle Gardette michele.gardette@centrefrance.com