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"J’ai eu un patron qui s’est suicidé"... Sur le barrage au nord de Brive, le blues de trois jeunes agriculteurs

Présents sur le barrage sur l’A20 au nord de Brive (Corrèze), les jeunes agriculteurs corréziens, Michel, Victor et Damien espèrent que le jour viendra où ils pourront enfin vivre de leur métier.

Normalement, ils sont l’avenir de l’agriculture corrézienne. Pourtant, assaillis par les difficultés qui touchent leur profession, ils doutent de plus en plus de leur capacité à pouvoir continuer l’histoire familiale commencée par leurs aïeuls.

Ce dimanche 28 janvier, sur le barrage mis en place sur l’autoroute A20, à hauteur du rond-point du Vergis à Ussac, la déclaration du Premier ministre, envisageant les mesures complémentaires pour les agriculteurs, a provoqué chez eux un gros soupir accompagné d’un haussement d’épaules.Le barrage d'agriculteurs sur l'A20 au nord de Brive reste en place.

« Je suis dégoûté ! »

« C’est du baratin. Il nous faut des mesures claires et concrètes. » Que pensent-ils du siège de Paris annoncé pour aujourd’hui lundi 29 janvier ? « On est dans le flou complet ».

Éleveur de broutards et de porc en vente directe, Michel Fornasier, 25 ans, est installé depuis cinq ans en GAEC avec son père à Allassac.

« Je n’arrive toujours pas à me payer sur la ferme. Pour avoir un salaire, j’ai dû me diversifier dans les travaux agricoles. Il a donc fallu prendre plus d’emprunts pour avoir des machines plus grosses. »

Le jeune homme en est conscient. « C’est une course en avant infernale, un cercle vicieux dont on ne se sort pas. Je suis dégoûté ! J’ai beaucoup réfléchi en ce début d’année. Je voulais tout arrêter. J’en ai marre de ne pas pouvoir vivre de mon travail, ni partir en vacances. Rien que cette année, j’ai eu quatre contrôles. Dans le métier d’agriculteur, il faut avoir de la passion. Et je commence à en manquer. »

Des fois, je me demande :  “À quoi bon ?”Les trois jeunes agriculteurs nous ont raconté leurs difficultés

« Je suis la cinquième génération d’agriculteurs, complète, Victor Jamin, 29 ans, éleveur de broutards à Ussac. Je ne sais pas s’il y en aura d’autres. Pour essayer de vivre, je travaille à l’extérieur. »

À quoi ressemble sa journée ? « Je suis debout à 5 heures du matin, je termine le travail à 20 heures. Je ne me rappelle plus de mes dernières vacances ou d’un week-end tranquille. Quand je ne travaille pas ailleurs, je suis sur la ferme. »

« Le médecin du travail me dit “Ça ne fait pas un peu trop” ? Mais, moi, je ne peux pas faire autrement. Des fois, je me demande :  “À quoi bon ?” »

"Je n'ai pas les moyens de m'installer"

 Âgé de 23 ans, Damien Goumet est ouvrier agricole. « Vu le contexte, je n’ai pas les moyens de m’installer et j’ai des doutes aussi. Je travaille actuellement sur deux exploitations, l’une en Dordogne, l’autre à Varetz. J’ai eu un patron en Dordogne qui s’est suicidé à cause de ses difficultés financières. C’était tellement inattendu. Il n’a jamais rien montré. Cela a été un coup extrêmement dur pour moi. » 

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Texte et photos : Dragan Perovic 

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