Il y a 60 ans, trois morts dans une explosion de la rue des Forgerons à Aurillac
À 8 h 45, il y a 60 ans, une énorme explosion retentissait dans Aurillac. « C’était très spectaculaire », se souvient Jean-François Clanet. Il avait sept ans et se trouvait dans la cour de récréation de l’école primaire Émile-Duclaux. « Il y a eu une première explosion puis des bruits de cartouches qui explosent. »
Le bruit, la catastrophe, venaient d’un immeuble de la rue des Forgerons, à l’angle de la rue du Salut, occupé au rez-de-chaussée par une armurerie et un salon de coiffure. Une première explosion, causée par une fuite de gaz de ville, était suivie par un « monumental et tragique feu d’artifice inopiné », selon l’article du journal La Montagne daté du 30 janvier 1964, causé par le stock de poudre et de cartouches conservés dans l’armurerie.
« Une vision, une audition d’apocalypse », écrivait La Montagne. « L’embrasement après l’explosion, c’est surtout ça qui m’a marqué », se remémore Jean-Pierre Estabel, 20 ans à l’époque.
Deux corps retrouvés dans les décombresL’accident a fait trois victimes. Deux corps retrouvés dans les décombres par les pompiers. D’abord à 11 h 30 avec Élie Fargues, un client du salon de coiffure Suc. Puis, bien plus tard, à 15 heures, Émile Charbonnier, propriétaire de l’armurerie, était découvert dans son lit. Son épouse, elle, avait réussi à sortir de l’immeuble, mais sans échapper aux flammes. « Les premiers témoins devaient avoir une autre tragique vision : celle d’une jeune femme sortant hébétée du brasier, les vêtements en flammes », racontait La Montagne. Transportée vers 14 heures du centre hospitalier Henri-Mondor en direction de l’hôpital Édouard Herriot, par la route, elle succombait à ses blessures peu après son arrivée.
Le drame avait également détruit les appartements des couples Mestrières et Costes, ainsi que celui de Josette Ribes, situés dans les étages au-dessus de l’armurerie et du salon de coiffure. « Je me souviens très bien que l’on voyait les restes des appartements, comme l’ouverture incroyable d’une maison de poupées, se souvient Sandrine. Mes yeux d’enfants de quatre ans ont bien enregistré des restes de pièces aux murs encore tapissés et un lavabo suspendu aux tuyaux rescapés. »
Évidemment, la catastrophe a fait « parler pendant un bon moment », selon Jean-Pierre Estabel, d’autant que les ruines sont restées sur place longtemps, rappelant la catastrophe. Une enquête avait été menée par le juge d’instruction Sauvadet, mais il ne lui fut pas possible de dire qui était pénalement responsable de cet accident et l’affaire s’acheva sur un non-lieu. Soixante ans plus tard, la place du Salut a pris la place de cet immeuble, sans laisser de traces de cette tragédie.
Mathieu Brosseau