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Vous pistez un poêle à bois ou une chaudière à granulés ? Dépêchez-vous, les aides vont être rabotées de 30 %

Vous pistez un poêle à bois ou une chaudière à granulés ? Dépêchez-vous, les aides vont être rabotées de 30 %

À compter du 1er avril, le gouvernement va réduire de 30 % le montant des primes accordées pour l’achat d’un chauffage au bois. La mesure enflamme la filière.

Une décision « incompréhensible », aux conséquences potentiellement « dévastatrices » pour une filière qui valorise une énergie « performante, locale, circulaire, renouvelable, décarbonée, créatrice d’emploi et économique » – rien que ça. Dans le courrier qu’ils ont adressé le 15 décembre dernier à Emmanuel Macron, Propellet et la Fédération des installateurs de poêles et de cheminées, deux des principaux acteurs du secteur, ne cachent ni leur surprise, ni leur colère face au coup de rabot qui s’annonce.

Le spectre d'un « effondrement »

Leur crainte : que la baisse de 30 % des aides pour l’achat d’un chauffage au bois provoque un « effondrement » du marché et ait plus largement un impact délétère sur une industrie majeure, qui couvre au sens large « 440.000 emplois directs et indirects ».

Dans le détail, et d’après les chiffres relayés par l’UFC-Que Choisir, les ménages dits « très modestes » pourront obtenir au mieux 1.750 € pour un poêle à granulés ou un poêle à bûches, contre 2.500 € aujourd’hui?; pour les chaudières à plaquettes ou granulés, le plafond de MaPrimeRénov’ sera ramené de 10.000 à 7.000 €. La même décote s’appliquera de façon proportionnelle pour les acheteurs ayant des revenus plus confortables.

Photo Christelle Besseyre

« C’est la douche froide. Au-delà du signal négatif qui est lancé, nous allons nous retrouver avec un frein majeur à l’achat. Vous imaginez bien qu’avec un reste à charge qui double et passe de 3.000 à 6.000 € pour les familles les moins aisées, ça va coincer », grince Thomas Perrissin, le vice-président du Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB).

D’après lui, la volte-face partielle du gouvernement serait notamment la résultante d’une « peur infondée », liée à la ruée récente des Français sur le chauffage au bois. « Nos dirigeants ont été effrayés par les ventes très importantes réalisées en 2021 et 2022, qui ont fait augmenter la facture des aides octroyées. Mais la tendance s’est déjà retournée : même si le bilan définitif n’est pas encore connu, 2023 a marqué un net recul. Bref, ils ont un an de retard, et au motif de vouloir faire des économies, ils vont appliquer une baisse sur un marché déjà baissier… »

D’après le dernier baromètre Observ’ER, 513.290 appareils de chauffage au bois (des poêles pour les trois quarts) ont été vendus en France en 2022, soit un bond de 21 % par rapport à 2021 et de 63 % depuis 2020. Cette même année 2022, le total des aides MaPrimeRénov’ sur ce segment a atteint 769 millions d’euros. Un montant qui est tombé à 585 millions d’euros en 2023, pour 198.000 primes engagées, selon des chiffres encore provisoires transmis par le ministère de la Transition écologique.

Thomas Perrissin s’étonne également que le ministère de la Transition écologique justifie les coupes rases dans les aides par la nécessité de préserver les forêts françaises (voir ci-dessous).

« Argument fallacieux »

« C’est un argument nouveau, qui me semble particulièrement fallacieux, tacle-t-il. D’une part, la surface boisée a doublé en France depuis 1850 et continue de croître, preuve qu’on est loin de toute surexploitation. D’autre part, les granulés que nous utilisons sont issus à 80 % de ce que l’on appelle le “connexe”, à commencer par les résidus de bois récupérés dans les scieries. Il est faux de faire croire que nous causons des abattages massifs d’arbres. »

Le vice-président du SFCB fait valoir qu’une chaudière à granulés « offre exactement le même bénéfice environnemental, en termes d’émissions de CO2, que les pompes à chaleur », qui ont désormais le vent en poupe au sommet de l’État – Emmanuel Macron veut que la France en produise un million par an en 2027.

« C’est une erreur d’opposer les uns et les autres, juge Thomas Perrissin. Il reste environ 3 millions de chaudières au fuel à remplacer dans le pays. Si l’on veut y parvenir dans un temps court, et tenir les objectifs, il faut valoriser toutes les solutions existantes. »

Stéphane Barnoin

Pourquoi des aides ratiboisées ?La réponse du ministère

Sollicité, le ministère de  la Transition écologique prend soin de réaffirmer que « les appareils de chauffage fonctionnant à partir de biomasse solide contribuent à l’atteinte de nos objectifs énergétiques et climatiques nationaux. Ces équipements permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre lorsqu'ils sont installés en remplacement d'équipement de gaz ou de fioul ».

D’après le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, la réduction des primes s’explique néanmoins par la nécessité de « tenir compte d’autres enjeux  à court et moyen terme », comme « le respect  des règles de durabilité  et le respect du puits  de carbone forestier.  La ressource est limitée  et l’usage du bois dans  le secteur résidentiel  doit être maîtrisé ». Autre raison invoquée : « En baissant les aides, le gouvernement vise seulement à ne pas favoriser le chauffage au bois plutôt que les pompes à chaleur ».

Pourquoi le prix des granulés pour votre chaudière ou votre poêle fait le yo-yo depuis 2022 ? (novembre 2023)

 

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