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Un nouveau cap de franchi pour le projet de mine de lithium dans l'Allier

Pourquoi ce calendrier, pour les annonces d'implantations de site ? 

"Ça arrive à un moment où va s'ouvrir le débat public, de mars à juillet, sous l'égide de la CNDP. C'est un moment important pour le projet et en tout cas nous, on est très heureux de dire qu'on est prêt."

Le projet avance donc bien, selon vous ?

"Nous avons toujours un enjeu de transition énergétique, d'urgence climatique, avec l'interdiction des ventes de véhicule thermique horizon 2035. Ce virage du tout électrique, il est inéluctable, et par rapport à l'année dernière, les ventes de véhicules électriques ont augmenté de plus de 30 % en France. Donc c'est vraiment un changement majeur dans la filière automobile qui est en train de s'opérer.Le deuxième enjeu, c'est autour de la souveraineté, parce que face à cette demande, il faut des batteries, et pour des batteries, il faut du lithium et du lithium. On n'en a pas du tout en Europe aujourd'hui. Et ni l'État, ni les filières, ni les constructeurs n'ont envie de revivre ce qui s'est passé avec la crise des semi-conducteurs.

Enfin, le troisième enjeu, c'est celui de la responsabilité, parce que c'est l'opportunité de développer un projet en Europe, en France en particulier, vertueux d'un point de vue environnemental et social. On a plutôt envie de faire mieux que ce qui existe aujourd'hui."

Les objectifs de votre projet Emili n'ont pas changé ?

"La cible, c'est toujours la production de 34.000 tonnes de production d'hydroxyde de lithium par an, à partir de 2028, ça n'a pas changé. Soit la quantité pour environ 700.000 véhicules électriques par an, soit entre 1/3 et la moitié des besoins français. Le projet s'inscrit une durée d'au moins 25 ans tel qu'on l'a communiqué, et probablement sera-t-on amené à revoir ce chiffre à la hausse, avec les résultats des campagnes de sondage qui sont très positifs et que nous menons en ce moment.

"Sur les deux dernières années, on a beaucoup travaillé, l'investissement se monte à plus de 40 millions d'euros sur ce projet, à date. Investissements dans les différentes campagnes de sondage, dans les la constitution d'une équipe, puisqu'on est maintenant 50 personnes dédiées, entre la mine de Beauvoir et Paris sur le projet Emili."

On investit sur des pilotes laboratoires avec des partenaires à l'étranger ; dans les études d'ingénierie. Et on peut confirmer aujourd'hui l'attractivité du gisement, l'efficacité de notre procédé industriel, et nos études environnementales sont lancées."

Vous venez d'annoncer le choix du site de chargement, et de l'usine de conversion. Pouvez-vous expliquer ces choix ?

"La station de chargement se situera au lieu-dit La Fontchambert, à cheval sur les communes de Saint-Bonnet-de-Rochefort et de Naves. Il y a eu beaucoup de discussions autour de cet emplacement de station de chargement.

On a beaucoup réfléchi, on a fait des études d'impact potentiel, il y avait peut-être 5 ou 6 options différentes, on a échangé aussi avec les maires, les conseils municipaux et on est arrivé à cette conclusion que ce lieu-dit est le seul endroit où c'est à la fois techniquement faisable, et le plus favorable en termes d’intégration dans son environnement.

Pourquoi il est favorable ? Parce qu'en fait, il est localisé le long de l'autoroute A71, de l'autre côté de l'autoroute par rapport aux habitations les plus proches qui sont à Chalignat. En plus, il est en contrebas, à peu près 3 ou 4 mètres du niveau l'autoroute, ce qui permet de faire un écran à la fois sonore et visuel pour assurer cette intégration dans son environnement. Le minerai y sera stocké, chargé sur des trains, qui n'opèreront ni la nuit ni le week-end, pour être envoyés vers le site de conversion. 

Sur la partie intégration paysagère, étude de bruit, je pense que là où peut-être les questions se posent, c'est vraiment autour de la station de chargement. Et vraiment, je pense qu'on peut vraiment arriver à une solution qui s'intègre très bien, voire qui ne se voit pas des habitations les plus proches, en pensant bien ces aspects d'intégration. Une vingtaine d'habitations sont concernées, à 450 mètres du futur site, et de l'autre côté de l'autoroute.

Quant au site de la Loue, près de Montluçon, il s'agit d'une friche industrielle, qui nous permettra de ne pas avoir à artificialiser de parcelle."

Combien d'emplois envisagez-vous de créer sur les différents sites ?

500 à 600 emplois directs, 250 à 300 à Échassières, une vingtaine sur le site de chargement, et 150 sur le site de conversion. Pour les emplois indirects, on dépassera facilement le millier.

"L'un des projets d'extraction de lithium qui consomment le moins d'eau au monde"

Parmi les questions qui entourent le projet de mine de lihium, celle de l'eau revient régulièrement...

"On a fait énormément de travail là-dessus, on sait que c'est un sujet sensible. On a beaucoup réfléchi, beaucoup travaillé à trouver des solutions pour limiter la consommation en eau. En fait, il y a trois questions autour de l'eau : combien on consomme, où on va prélever cette eau, et comment est-ce qu'on gère les rejets.

Dans notre cas, le procédé qu'on a développé nous permet de recycler 90 % de l'eau, ce qui est un chiffre élevé. Je pense qu'on peut dire qu'on sera parmi l'un des projets lithium qui consomment le moins d'eau au monde. Par tonne de lithium produit, on va être en moyenne entre 5 et 15 fois moins que les projets qu'on peut voir en Amérique du Sud et probablement à peu près deux fois moins que les projets existants en Australie.En consommation totale annuelle, on sera environ à 600.000 mètres cubes à Échassières, et autour de 600.000 mètres cubes aussi à Montluçon. Pourquoi 90 % ? Parce qu'il restera 10 % qu'on n'arrivera pas à récupérer, qui sera perdue dans l'humidité des produits sortants. Je vous donne un exemple concret. Si vous prenez un foyer moyen de quatre personnes par exemple, qui va acheter un véhicule électrique. Notre besoin en eau, dans ce projet, pour produire le lithium qui ira dans cette batterie, qui va durer entre 10 et 15 ans, c'est l'équivalent de ce que ce foyer-là consomme à la maison en trois jours.

Pour le prélèvement, on a lancé des études sur le massif de la Bosse, et nous avons décidé d'aller chercher l'eau plus loin, dans la Sioule. Le prélèvement correspondra à peu près à un millième du débit moyen de la Sioule. La rivière a donc un débit suffisant pour permettre un prélèvement avec un impact limité donc c'est cette solution-là que nous allons travailler.

Le projet Emili nourrit des oppositions. Par ailleurs, le débat public, orchestré par l'État, débutera en mars. Ce sera le temps des échanges et des explications ?

Les opposants à la mine de Lithium se font remarquer lors du passage du Tour de France, à Echassières, en juillet 2023. "L'objectif du débat public, c'est réellement que tout le monde participe. Et ce sera à nous de montrer les études qu'on a faites, les changements qu'on a faits pour répondre aux inquiétudes. On a d'ailleurs été invité à ne pas trop organiser de réunions parallèles au débat, pour ne pas le perturber."

Une longue étude du bureau d'expertise Geoderis, révélée par le site Disclose, indique les sols d'Échassières sont pollués par le plomb et l'arsenic...

"Ce rapport n'est pas forcément simple à comprendre, mais le fonds géochimique de ce territoire, le plomb et l'arsenic y sont naturellement présents. Ce n'est pas l'activité minière qui les a amenés. C'est connu depuis longtemps, et d'ailleurs l'eau potable de certaines communes est acheminée d'ailleurs. Ce n'est rien de nouveau, mais nous le prenons évidemment en compte dans nos études environnementales.

La bonne nouvelle, si je puis dire, c'est que le granite, dans lequel on envisage de construire la mine souterraine, ne contient pas d'arsenic, ou alors en très petites quantités. L'arsenic est porté par les mica schistes, une autre roche. Le granite lui-même n'en porte pas. Là-dessus, il n'y a pas d'inquiétude, on sait le quantifier, et on le prend en compte."

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Propos recueillis par Matthieu Perrinaud

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