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Un anarchiste guillotiné il y a cent ans va être jugé au tribunal de Guéret pour une pièce de théâtre

Un anarchiste guillotiné il y a cent ans va être jugé au tribunal de Guéret pour une pièce de théâtre

Des comédiens sont déjà passés devant la barre en janvier puis octobre 2023. Ce mardi 30 janvier, le théâtre s’invitera une fois de plus dans le tribunal de Guéret pour une affaire réelle.

L’accusé a bien existé mais plus d’un siècle auparavant.

L’histoire d’un certain Jean-Jacques Liabeuf, personnalité du début du XXe   siècle, fait déjà l’objet d’une représentation ce lundi 29 janvier au soir, à l’Espace Fayolle. Mais, demain mardi, la pièce prendra une ampleur plus solennelle encore quand le personnage joué par l’acteur Alain Besset se rendra dans la salle d’audience du tribunal afin d’être jugé par des membres du public.

La fiction face à la réalité, un acteur face à la justice

Jean-Jacques Liabeuf avait 24 ans en 1910 quand il sort de son premier procès, jugé coupable de proxénétisme. Il se venge avec l’assassinat de plusieurs policiers et devient un symbole pour les anarchistes. Son second passage devant la justice est celui dont il est question à présent.

Demain mardi 30 janvier, les jurés tirés au sort parmi les spectateurs délibéreront de son sort selon les règles et peines du siècle actuel. Même si, précise le président du tribunal, Michaël Humbert :

De nos jours, un procès avec un tel retentissement médiatique prendrait quatre, cinq jours.

L’esprit du procès est encore un concept nouveau pour cette troisième collaboration entre le Palais de justice et la Guérétoise de Spectacle. « C’est un mélange entre les deux choses qu’on a déjà faites », indique Michaël Humbert. En janvier 2023, des comédiens s’étaient déjà invités sur les lieux pour « Terreur », une pièce totalement fictive. « La salle avait été prêtée juste pour le décor, sans objectif pédagogique. »

Plus récemment en octobre, le directeur de la Guérétoise de Spectacle Hervé Herpe y a joué son propre rôle et s’est défendu face au président du tribunal, à la vice-procureure Lydie Warolin et le maître Philippe Lefaure, les vrais professionnels de la justice. « C’était une action d’instruction civique pour la Nuit du Droit. » Alors cette fois-ci, pour la représentation mardi, « on franchit un cap ».

Selon Michaël Humbert, l’intérêt de cette troisième collaboration repose sur le jeu entre réalité et fiction, histoire passée et procédure actuelle. Ce jeu, lui-même s’y prend. En parlant des lieux, il mentionne le « théâtre » avant de se reprendre. Le procès ne sera pas une représentation classique, également, car le tout sera improvisé, des deux côtés. « Nous, en fonction de ce qu’on connaît du dossier et des règles de procédure », explique le président du tribunal avant de nuancer : « Comme on le fait chaque jour pour n’importe quelle affaire ». Pas de script non plus pour le rôle principal.

« C’est un plaisir de participer à la nouvelle respiration d’une affaire », s’enthousiasme Alain Besset. « C’est une première pour cette initiative. Et c’est fabuleux de rejoindre fiction et réalité, théâtre et justice ainsi. Ça mène à respecter la façon dont la justice se fabrique, son authenticité. »

Pour les absents, une partie de l’expérience pourra être partagée grâce à deux nouveautés, « comme au tribunal » s’amuse Hervé Herpe : la présence de « journalistes » et d’un dessinateur. Si aucune image ne pourra sortir de l’audience, les croquis de l’accusé seront exposés et un compte rendu sera rédigé. Autre fait inhabituel : les journalistes auront l’occasion d’assister aux délibérations du public devenu jury pour informer la population des débats.

Une centaine d’années auparavant, Jean-Jacques Liabeuf était guillotiné pour ses actes.

Pratique. Il n’y a plus de places pour la représentation de ce lundi 29 janvier ni le procès de mardi 30 janvier. Pour suivre le programme de la Guérétoise de Spectacle, rendez-vous sur leur site.

Charlotte Mathiot

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