Les Ehpad pourraient être obligés d'accueillir les chiens et chats des résidents
La loi pour le "bien-vieillir" est étudiée à l'Assemblée nationale ce mardi 30 janvier. Un texte pour lutter contre l'isolement, faciliter le travail des aides à domicile ou encore améliorer la vie dans les Ehpad.
À l'Ehpad comme à la maisonPhilippe Juvin, député LR de la 3e circonscription des Hauts-de-Seine, veut inscrire dans le texte de loi, un amendement qui rendrait obligatoire l'accueil des animaux des personnes qui s'installent en Ehpad, si elles le souhaitent.
"L’Ehpad doit être un lieu de liberté équivalente au domicile", estime le député. "Quand on y entre, c’est déjà une rupture, ajouter à cela l’abandon contraint d’un animal est intolérable".
Pour l'heure, ces établissements ont le choix d'accepter ou non les animaux de compagnie de leurs résidents. L'amendement, voté par les députés, a été modifié par les sénateurs. Ils souhaitent laisser la main aux établissements.
L'AD-PA, association des directeurs d’Ehpad et services à domicile, approuve la proposition de Philippe Juvin. "Il faut rompre avec le modèle sécuritaire et sanitaire des établissements, qui conduit à des mesures liberticides", défend son président Pascal Champvert. La priorité est pour lui de "respecter les habitudes de vie des hommes et des femmes" intégrant un Ehpad.
D’autant que "les personnes âgées ont plus de difficultés à s’adapter au changement, elles ont besoin de repères", explique Isabelle Fromantin, infirmière chercheure à l’institut Curie et Paris Est Créteil. "Or, l’animal de compagnie en est un, assurant le lien entre la vie d’avant et la nouvelle existence".
Éviter les abandons d'animauxLors de leur admission en Ehpad, les personnes sont âgées de 85 ans en moyenne, ce qui soulève toutefois certaines questions d’organisation vis-à-vis de l’animal. Si le maître perd en autonomie ou se retrouve hospitalisé, il faut savoir qui s'occupera des chiens et chats. "Des solutions existent, la famille peut prendre le relais, des bénévoles peuvent aussi venir prêter main forte", assure Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d’amis, qui milite depuis des années pour que les animaux entrent en Ehpad. "Il faut définir un cadre afin d’éviter ces séparations cruelles", tant pour le maître que pour le chien ou le chat, parfois abandonné en refuge.
L’association Terpta propose, elle, une nouvelle solution en réponse à la perte d’autonomie des propriétaires d’animaux qui vivent en Ehpad : la création d’un espace spécifique dans l’établissement, pouvant accueillir 18 bêtes, animé quotidiennement par un des salariés et un bénévole. "Il s’agit d’être la soupape de sécurité pour le propriétaire de l’animal comme pour l’Ehpad", précise Fabienne Houlbert, fondatrice de l’association. Un projet pilote va être mené à partir de mai dans un Ehpad de Libourne, en Gironde.
Avec AFP