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“L’Étoile filante” d’Abel et Gordon : la joie enfantine du burlesque

Qu’on le crie dans les rues : Abel et Gordon reviennent ! De retour avec leur petit cirque de clowns, où il et elle sont les augustes (lui plus rêveur qu’elle, elle plus rousse et maladroite) et où Philippe Gratz joue une fois de plus le clown (blanc) ou le M. Loyal, comme vous voulez.

On retrouve immédiatement ce qui fait le charme de leur œuvre, sans grand changement. Si vous avez aimé Rumba, L’Iceberg, Paris nus pieds, vous aimerez forcément L’Étoile filante, polar foutraque et burlesque sous légère influence kaurismäkienne (dans les couleurs, le découpage, la sobriété verbale des personnages).

Des protagonistes antipathiques

Pourtant, le cinéma “abelgordonien” commence mal, avec des personnages assez inquiétants, assez noirs et antipathiques : un ancien terroriste (Abel) qui a pris la couverture d’un serveur de bar ou d’estaminet (qui répond au doux nom de L’Étoile filante, d’où le titre du film) prénommé Boris, une patronne japonaise sévère mais amoureuse du serveur (Kaoti Ito), un physionomiste machiavélique et patibulaire (Philippe Gratz), qui va ourdir une ruse pour protéger Boris d’un illuminé au bras amovible et capricieux (Bruno Romy, le coréalisateur des trois premiers films d’Abel et Gordon), lequel veut se venger de Boris mais n’y parvient jamais.

Car un jour, le vigile peu loquace de L’Étoile filante rencontre dans une rue de Bruxelles (enfin, apparemment) le dénommé Dom, un sosie de Boris, un homme qui vit coupé du monde depuis la mort de son enfant. Il lui propose un emploi de barman à condition qu’il accepte qu’on l’appelle “Boris”…

Un entertainment insensé

Pas d’inquiétude, cher·ères lecteur·rices : tout est bien qui finira bien, parce que nous sommes dans un film certes noir mais qui reste burlesque, et regorge d’idées de gags plus sophistiquées les unes que les autres. Et puis, Fiona (Gordon), la femme de Dom, qui vit elle aussi dans le chagrin, est devenue détective privée (tendance Jack Palmer). Elle va découvrir le pot aux roses et venir au secours de son mari.

Mais l’intérêt du film, vous l’aurez compris, est moins dans son histoire que dans sa mise en scène au cordeau, sa chorégraphie (danses, mimes, enchaînements, humain·es qui bougent comme des machines, etc.), cet entertainment insensé qui veut et parvient à donner à ses spectateur·rices ce pour quoi ils sont venu·es : de la joie. Abel et Gordon ont de nouveau réussi leur coup, et l’humour belgo-anglo-saxon a encore de beaux jours devant lui. Personne n’en doutait.

L’Étoile filante, de Dominique Abel et Fiona Gordon, avec Philippe Gratz, Sarah Bensoussan, Bruno Romy. En salle le 31 janvier

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