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Agriculteurs : la Coordination rurale, ce syndicat qui veut bloquer Rungis

La mobilisation des agriculteurs ne faiblit pas. Et leur colère non plus. Ce mardi 30 janvier, pour la deuxième journée consécutive, ils bloquent des axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu’ils peuvent tenir si les "nouvelles mesures" dévoilées dans la journée par le gouvernement déçoivent. D’autant qu’un convoi de 200 tracteurs devrait les rejoindre en fin de journée pour "investir" le marché d’intérêt national (MIN) à Rungis, ceinturé par la gendarmerie.

Ce convoi, parti d’Agen lundi matin, s’est organisé à l’appel du syndicat Coordination rurale. D’autres agriculteurs venus de la Haute-Vienne et de Charente devraient encore gonfler l’effectif, selon le syndicat. "L’idée, c’est de rassembler autour de nous toute la France profonde", a dit à l’AFP Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne et figure historique de la Coordination Rurale du 47 (CR47) qui a lancé le mouvement.

Un syndicat à l’initiative pour bloquer Paris

Depuis le début du mouvement, le syndicat de la Coordination rurale s’illustre par des actions coup de poing et un discours tranché. La semaine dernière, c’est à leur initiative que des agriculteurs ont déversé du lisier (mélange d’excréments d’animaux utilisé comme engrais dans le monde agricole) sur la façade d’un supermarché d’Agen. Après les annonces du gouvernement, jugées "décevantes" selon eux, un gros feu de pneus et de déchets avait été allumé devant les grilles de la préfecture, tandis qu’une citerne arrosait sa façade de lisier. D’autres bâtiments (Direction départementale des territoires, Mutualité sociale agricole, banques) avaient été ciblés mercredi. Jeudi, les agriculteurs avaient multiplié les actions contre la grande distribution avant d’aller déverser des déchets devant la gare d’Agen et sur les voies ferrées dans une commune voisine. Jusqu’à ce que l’idée d’aller bloquer Paris et le marché de Rungis ne germe ce week-end.

La Coordination rurale a vu le jour au début des années 1990, en réaction à la réforme de la politique agricole commune (PAC). Depuis deux décennies, le syndicat contrôle la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne (quatre mandats au total), avec 60 % des suffrages lors des derniers scrutins. Depuis 2019, la Coordination Rurale administre également les Chambres d’agriculture de la Vienne et de la Haute-Vienne (pour des premiers mandats). C’est le deuxième syndicat derrière la FNSEA.

La CR47 est connue de longue date pour ses actions, notamment une opération commando chez un négociant, une occupation des locaux de la Mutualité sociale agricole, des saccages de supermarchés et centrales d’achat, ou encore le blocage d’Agen. Autant d’actions qui ont souvent fini devant la justice. Serge Bousquet-Cassagne, l’un des leaders du mouvement, revendique 18 procès en 30 ans. "Que les autres prennent exemple sur nous : nous sommes incontournables dans le Lot-et-Garonne alors que partout ailleurs, elles sont inaudibles et invisibles", a déclaré Serge Bousquet-Cassagne.

Proche de l’extrême droite

La CR47 est ciblée aussi par une information judiciaire ouverte après une plainte de la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, dont un déplacement dans le Lot-et-Garonne, l’an dernier, avait été fortement perturbé par le syndicat – il lui avait signifié, la veille, qu’elle n’était "pas la bienvenue". La responsable écologiste avait alors fustigé "un syndicat d’extrême droite".

Serge Bousquet-Cassagne assume sa proximité "avec toutes les droites" et l’un de ses fils a été secrétaire départemental du Front national (devenu Rassemblement national) et plusieurs fois candidat à des élections avec l’étiquette du parti lepéniste. Jeudi à Agen, la députée RN du Lot-et-Garonne, Hélène Laporte, est venue soutenir les agriculteurs mobilisés. "Vous avez complètement raison et nous, on vous soutiendra. Vous pouvez compter sur nous, c’est pour ça qu’aujourd’hui je suis là", a dit la vice-présidente de l’Assemblée nationale aux dirigeants de la CR47.

Interrogée sur d’éventuelles accointances, Karine Duc avait assuré la veille que ce n’est "pas du tout" le cas. "On est une organisation syndicale, on ne fait pas de politique […] Tous ceux qui se soucient de nous, s’ils veulent travailler pour l’agriculture, qu’ils le fassent", avait-elle balayé en appelant à ne "pas faire de sensationnel" sur le sujet.

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