Pourquoi les agriculteurs ne vendent pas en direct pour contourner la grande distribution ?
La marge de la grande distribution est au cœur des revendications des agriculteurs. De l'ail vendu à 4 euros à un grossiste qui conditionne le produit le vendant à 7 euros au supermarché qui l'affiche à 18 euros le kilo comme le soulignait Nicolas Chatard, président des Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme. Pour beaucoup de citoyens (et consommateurs), la question se pose : pourquoi ne pas vendre en direct alors ?
Denis Rigoulet, éleveur de Charolsaises à Condat, s'y essaie.
Je vends une bête tous les deux mois, que je viens livrer pas loin d'ici, au Zénith. Ca marche super bien. J'amène d'ailleurs une bête demain à l'abattoir de Brioude pour une livraison le 14 février. Tout est déjà vendu.
Dans le Puy-de-Dôme, les agriculteurs veulent éviter les dégradations mais marquer le coup auprès de la grande distribution. Sa viande, Denis Rigoulet la vend 16 euros le kilo. Pas de quoi assurer son chiffre d'affaires sur une bête qui rend 350 kilos de viande. "On fait surtout ça pour redonner le goût du local et de la bonne viande aux gens."
Le principal de l'activité de Denis consiste à vendre ses bêtes à une Scop. "Je leur vends 3 à 4 bêtes par mois à 5,22 euros le kilo alors que mon coût de production est de 6,20 euros. Il manque 1 euro." L'éleveur s'est installé en 1985, mais s'il était en début de carrière il lancerait "une petite boucherie sur la ferme".
Pourquoi ne pas créer une boucherie pour vendre à plusieurs alors ? "Il faudrait être certain de la qualité des autres producteurs. Et puis, ce serait de nouveaux contrôles. Et on a bien assez d'emmerdes."
Simon Antony