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Manifestation du Modef à Thiers : "On est en train de tuer l'agriculture française"

Manifestation du Modef à Thiers :

Comme partout en France, des dizaines d'agriculteurs des bassins de Thiers et Ambert (Puy-de-Dôme) se sont rassemblées sur le rond-point du Chambon, en bas de la cité coutelière, pour manifester leur colère.

Les premières réponses du gouvernement n'ont pas calmé la colère des agriculteurs du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef). Mardi 30 janvier, plusieurs dizaines d'entre eux se sont donné rendez-vous sur le rond-point du Chambon, à Thiers, en attendant les prochaines déclarations qui auront lieu dans l'après-midi. Ils sont venus de Peschadoires, Lezoux, Arlanc, Saint-Just ou encore Saillant pour manifester leur "ras-le-bol" et distribuer des tracts pour sensibiliser les consommateurs. "On est là pour leur expliquer notre démarche. Leur dire qu'on est dans le même bateau", développe Angélique Thiallier, présidente du Modef 63. 

Vivre plus dignement

Les manifestants revendiquent notamment des prix plancher garantis par l'État, pour permettre aux producteurs de vivre plus dignement. "On veut être payés comme tout le monde, mais le but n'est pas que les produits français deviennent des denrées de luxe. Ce qu'il faut contrôler, c'est la marge qui est faite derrière nous par les grandes distributions", détaille-t-elle. 

"Le litre de lait est payé 43 centimes et revendu 1,18 euro par les grandes surfaces. Et avec l'augmentation des charges, on dépense 0,56 centime pour le produire. Vous voyez bien que les calculs ne sont pas bons."

Les deux anciens producteurs laitiers d'Arlanc sont à la retraite et touchent respectivement 1.036 euros après 40 années travaillées, et 400 euros après 17 ans. Ils ont laissé les rênes de l'exploitation à leurs deux fils en janvier dernier, mais à termes, ils craignent la disparition de la société familiale créée dans les années quatre-vingt. "Ce mois-ci, les garçons ne pourront certainement pas se verser de salaires. Et même si eux s'en sortent, qui dit que nos petits enfants voudront reprendre dans ces conditions ?"Explosion des coûts du carburant, de l'électricité, volet administratif de plus en plus chronophage, contrôles récurrents, investissements qui coûtent de plus en plus cher... "Ça devient invivable pour nous. On est en train de tuer l'agriculture française." 

Le Modef est le plus petit syndicat agricole en France. Il soutient les élevages familiaux et prône la souveraineté alimentaire, qui d'après les manifestants est un autre enjeux. "L'importation de produits qui ne respectent pas les mêmes normes que nous, c'est de la concurrence déloyale qui met à mal notre production", détaille Guy Chautard, agriculteur à la retraite.

Aider à l'installation des jeunes

Comme ces camarades présents ce mardi à Thiers, l'ancien producteur laitier à Saint-Just considère que les premières mesures prises par le gouvernement ne sont pas suffisantes. "C'est du mépris et rien d'autre. On attend un plan concret pour que les agriculteurs obtiennent de meilleures conditions de vie, mais aussi pour aider à l'installation des jeunes", rapporte le retraité, prêt à monter à Paris "s'il le faut". Aux alentours de midi, les agriculteurs ont ralenti la circulation avec des bottes de paille autour du rond-point.

Dans la matinée, les agriculteurs ont également reçu la visite de Julien Brugerolles, député suppléant d'André Chassaigne, venu apporter son soutien : "Le parti communiste a toujours été très proche du Modef. En matière d'agriculture, nous défendons les mêmes axes et on défend les petits producteurs locaux."

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En attendant les prochaines déclarations du gouvernement cet après-midi, les agriculteurs des bassins de Thiers et Ambert continueront de distribuer les tracts jusqu'à 18 heures aux quatre sorties du rond-point. "Les gens sont très compréhensifs, ils nous soutiennent et ça fait chaud au cœur", sourit Maurice, sous le bruit des klaxons. 

Angèle Broquère

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