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A l'image de Jürgen Klopp à Liverpool, l’usure mentale guetterait-elle tous les entraîneurs de football ?

L’annonce, inattendue, a fait le tour de la planète foot en quelques minutes à peine. Vendredi 26 janvier, Jürgen Klopp, l’homme qui a remis Liverpool sur le devant de la scène européenne, dévoilait dans une vidéo publiée par son club qu’il quittera son poste à la fin de la saison, en juin prochain. « C’est que je suis, comment dire, à court d’énergie », a déclaré l’entraîneur de 56 ans, vainqueur de six trophées majeurs depuis octobre 2015 avec les Reds (*).

Plus tard, devant la presse, il poussait davantage son explication. « Je me suis rendu compte que mes ressources n’étaient pas illimitées et je préfère tout mettre dans cette saison, puis faire une pause ou m’arrêter », a-t-il avancé. Une réflexion mûrie, née dès le mois de novembre, tandis que le technicien allemand, qui il y a dix-huit mois avait prolongé jusqu’en 2026, devait déjà se projeter sur la saison prochaine avec ses dirigeants.

« Lorsque nous étions assis ensemble et que nous parlions des recrues potentielles, du prochain stage d’été et de la possibilité d’aller où que ce soit, l’idée m’est venue, “je ne suis pas sûr d’être encore ici”, ce qui m’a surpris moi-même », s’est-il remémoré.

Une année de repos

En tête du championnat, encore qualifié en Coupe d’Angleterre et en Ligue Europa, futur finaliste de la Coupe de la Ligue (le 25 février contre Chelsea), Jürgen Klopp est usé mentalement, plus de huit ans après son arrivée outre-Manche. Cette longévité, remarquable aujourd’hui en Europe, reste largement inférieure à celle de la légende d’Anfield, l’Écossais Bill Shankly (en poste de 1959 à 1974), mais supérieure de trois ans à celles de Kenny Dalglish (1985-1991) ou Gérard Houllier (1998-2004). Très loin, cependant, des 27 ans de présence d’Alex Ferguson à Manchester United, des 22 ans d’Arsène Wenger à Arsenal ou des 44 ans (dont 34 en D1 et D2) de Guy Roux.

Le football actuel serait-il plus énergivore ? Sans nul doute. Le calendrier, de plus en plus serré, n’offre pas de temps morts de juillet à juin. La pression de l’environnement (supporters, dirigeants), le poids des enjeux économiques et l’exigence – personnelle ou imposée – de compétitivité, dans un championnat et des compétitions européennes hyperconcurrentielles, finit par avoir raison des caractères les plus endurcis.

« Avec toutes les responsabilités que vous avez à ce poste, vous devez être au sommet de votre art ».

Comme Jürgen Klopp, qui a déjà passé deux septennats sur les bancs de Mayence (2001-2008) et de Dortmund (2008-2015), n’a rien d’un peintre, ses trois mandats s’inscrivent dans un cadre rare. Selon une étude de l’Observatoire du football CIES, publiée en mars 2022, la “durée de vie” moyenne d’un entraîneur est de 772 jours en Premier League et de 506 en Europe. Sur 90 championnats de 1re Division analysés dans le monde, 20 % à peine des coachs étaient alors en poste depuis plus de deux ans. 39 % l’étaient depuis moins de six mois…

Christian Streich et Diego Simeone ont la santéDans les cinq grands championnats européens, Diego Simeone (Atlético Madrid) et Christian Streich (Fribourg) sont, à une poignée de jours près (23 décembre 2011 et 1er janvier 2012), les deux plus anciens sur le banc de leur club respectif. Derrière eux, il faut sauter quelques années pour trouver Jürgen Klopp, devant Gian Piero Gasperini (Bergame) et Pep Guardiola (Manchester City), nommés en juin 2016 pour la saison suivante. En France, la palme revient à Pascal Gastien (Clermont Foot), en poste depuis le 1er septembre 2017.

Sébastien Devaur

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