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Mort de Steve Caniço à Nantes : l'étonnante mutation du commissaire de police bientôt jugé pour homicide involontaire

Plus qu'une simple mutation, une réelle évolution de carrière. A compter du 1er juin 2024, Grégoire Chassaing quittera son poste d'adjoint du directeur départemental de la sécurité publique du Puy-de-Dôme pour devenir chef de la circonscription de police nationale de Lyon. Il sera alors à la tête de plusieurs centaines de fonctionnaires.

Neuf jours plus tard, le même a pourtant rendez-vous avec la justice : il comparaîtra pour "homicide involontaire" devant le tribunal correctionnel de Rennes dans l'affaire Steve Caniço, ce jeune homme mort noyé dans la Loire lors de la fête de la musique 2019 à Nantes.

Le commissaire divisionnaire de 53 ans, toujours présumé innocent à ce stade, est arrivé à Clermont-Ferrand en mai 2021. Il a été mis en examen deux mois plus tard. 

En décembre 2023, au terme de leurs investigations, les juges d'instruction en charge du dossier ont décidé de le renvoyer devant la justice - il sera d'ailleurs l'unique prévenu à la barre, l'ex-préfet de Loire-Atlantique et son directeur de cabinet ayant eux bénéficié d'un non-lieu.

"Moyens inappropriés" et "manque de discernement"

Le soir du drame, Grégoire Chassaing dirigeait l'intervention des forces de l'ordre sur les quais du fleuve. En réponse à des "jets de projectile", ses hommes avaient "fait usage de trente-trois grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et de douze tirs de lanceur de balle de défense", d'après le décompte de l'Inspection générale de l'administration (IGA). L'enquête a permis d'établir que Steve Caniço était bien tombé dans la Loire au moment de cette riposte musclée. Le corps sans vie du jeune homme de 24 ans a été retrouvé plus d'un mois plus tard.

Dans son réquisitoire, préalable à la décision finale des juges en charge du dossier, le procureur de la République avait estimé que le commissaire avait eu recours ce soir-là à des "moyens inappropriés". L'IGA pointe de son côté un "manque de discernement" dans l'intervention.

"Etonnement" de l'avocate des parties civiles

Contactée ce lundi matin, Cécile de Oliveira, l'avocate de la famille de Steve Caniço, affirme que "(sa) première réaction, c'est l'étonnement face à la gestion de la carrière de M. Chassaing par la police nationale, alors même qu'il est mis en cause dans une affaire gravissime."

"Je suis également très étonnée, poursuit-elle, de ce calendrier qui le fait changer de poste à quelques jours d'une audience qui pourrait déboucher sur une décision susceptible de le gêner, voire de l'empêcher dans ses fonctions de policier. La famille (de la victime, NDLR) entend rester à distance des questions administratives et disciplinaires concernant M. Chassaing. Mais il est très douloureux pour elle d'entendre aujourd'hui parler de promotion, alors même que le calendrier judiciaire est connu depuis déjà deux semaines..."

Egalement sollicité, le conseil de Grégoire Chassaing n'a pas donné suite à notre demande ce stade. A l'annonce du renvoi de son client devant le tribunal, Me Louis Cailliez avait fustigé chez nos confrères Ouest-France une décision "scandaleuse et infondée juridiquement (...). Il fait office de bon fusible".

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