Quelle est cette fumée visible sur les monts du Cantal ? Petit rappel sur la pratique de l'écobuage en hiver

Avec un week-end printanier et sans neige, de nombreux randonneurs ont remarqué des fumerolles sur les monts du Cantal. La technique agricole est ancestrale, les conditions sont propices en ce moment, et tout se passe bien cette année.

La fumée est visible depuis Aurillac, et pose une ambiance toujours particulière dans les montagnes : avec un hiver doux, c'est la saison des écobuages.

Cette année, tout se passe bien. Les pompiers ont régulièrement été prévenus, et n'ont pas eu à intervenir. Dans le cadre d'une série de dérapages, en 2019, Vincent Nigou, responsable du service juridique, foncier et environnement, à la Chambre d'agriculture du Cantal, rappelait l'intérêt de cette pratique particulière.

« L'intérêt, c'est d'éliminer des broussailles, des plantes ligneuses (arbres, arbustes, ndlr...) ou de l'herbe qui n'a pas été consommée dans des parcelles qui ne sont pas forcément accessibles pour être nettoyées de manière mécanique »

Une pratique ancienne

En débarrassant ainsi l'herbe de concurrents plus solides, la pousse est favorisée. « Ce sont des végétaux qui prennent le dessus, ou cachent la lumière en faisant une couverture, qui va gêner l'herbe. Le sol risque aussi de mettre plus de temps à se réchauffer ».La fumée était visible de loin sur la vallée de la Cère, dimanche 4 février Le technicien prend également en compte la question du paysage : « C'est ce qui permet de maintenir certaines parcelles pâturables. Et tant qu'elles seront pâturées, elles resteront ouvertes. Si on ne les brûle pas, elles vont très vite se fermer. »

Logiquement, la période est plus tardive, mais il arrive que cela commence dès le mois de février. « C'est une pratique qui est très ancienne, estime Vincent Nigou. Cela a toujours existé, soit qu'il y avait des terrains très encaissés, soit que cela aurait demandé trop de monde pour être nettoyé. Ce n'est pas une pratique qui est arrivée avec la modernisation de l'agriculture. »

Dans la foulée des incendies de 2019, Isabelle Sima, alors préfet du Cantal, avait publié un arrêté précisant la réglementation de janvier à fin-avril : il faut faire une déclaration en mairie bien en amont de l'allumage, et prévenir les pompiers deux à quatre heures avant le début de l'écobuage. Les pompiers ou le maire peuvent ne pas donner l'autorisation d'allumer, notamment si les conditions météos ne sont pas réunies.

Pierre Chambaud