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"Macron, Attal et Bardella n’ont pas d’enfant" : quand Reconquête fait de la parentalité un acte militant

Peut-être avez-vous raté ce lundi, le sermon de Guillaume Peltier au micro d’Europe 1 et CNews ? Le n° 2 de la liste Reconquête (le parti d’Eric Zemmour) pour les élections européennes a un message pour les dirigeants politiques : engagez-vous ! Par des propositions de loi ? Des publications d’ouvrages ? Une candidature à un scrutin national ? Vous n’y êtes pas. En faisant des enfants, bien sûr. Fin janvier, Emmanuel Macron appelait au "réarmement démographique", début février, Guillaume Peltier aimerait l’appliquer aux responsables politiques.

"Je suis assez gêné de voir cette nouvelle mode, cette nouvelle tendance chez nos politiciens ne pas avoir d’enfant. Emmanuel Macron n’a pas d’enfant, Gabriel Attal n’a pas d’enfant, nos têtes de liste aux européennes, Messieurs Bellamy et Bardella n’ont pas d’enfant, a asséné l’ancien député LR. Je le dis avec beaucoup de délicatesse et sans aucun jugement, je dis simplement qu’à l’heure où la natalité est en baisse, où la politique familiale est attaquée, où tant de jeunes se posent des questions sur l’avenir et même le fait d’avoir des enfants, compte tenu de la pression et de l’influence des écolos bobos, avoir des enfants est un message politique."

Marion Maréchal et Marine Le Pen, mères de famille

La parentalité comme acte militant, l’idée n’est pas nouvelle. Encore moins à l’extrême droite, encore moins pour Reconquête, qui a fait de la défense du modèle familial traditionnel et de l’éducation des enfants un de ses principaux combats. Marion Maréchal, tête de liste pour les élections européennes à venir, le rappelle régulièrement : elle est mère de deux petites filles, fait de sa maternité le moteur de son engagement politique et de son combat une affaire de transmission. Pour Reconquête, la volonté de favoriser la natalité revêt une dimension civilisationnelle. Faire des enfants français pour lutter contre la menace, sans cesse brandie par la zemmourie, du "grand remplacement" (du nom de la théorie complotiste et raciste popularisée par Renaud Camus). Pendant la campagne, rêvant de repeupler les campagnes, Eric Zemmour avait même promis une prime de 10 000 euros à la naissance de chaque enfant dont la famille serait domiciliée depuis deux ans dans un territoire rural.

Marine Le Pen, aussi, politise régulièrement son statut de mère. "La maman des Français", comme la surnomment désormais les militants frontistes et cadres du parti, joue la carte famille dans sa communication. Jusqu’à sa photo de couverture Twitter, capturée sur le vif en train de faire la bise à une petite fille. Directement ou par le biais de son entourage. "Marine est très heureuse en ce moment, elle va être grand-mère, ce qui la comble de joie", répète régulièrement un de ses proches. Moins rigide sur les questions sociétales que ses congénères zemmouristes, elle n’en défend pas moins une politique nataliste. Parmi ses propositions pour 2022 : l’institution d’une part fiscale complète dès le deuxième enfant, la création d’un prêt à 0 % pour les jeunes familles françaises transformé en subvention pour les couples qui auront un troisième enfant.

Démagogie ou déclaration clientéliste

Différence notable : dans leur communication, les Le Pen, tante et nièce, se cantonnent à leur cas personnel. Guillaume Peltier extrait une situation personnelle du champ privé et verse dans la police des mœurs en établissant un lien direct entre les qualités professionnelles d’un dirigeant politique et sa situation familiale. Et fait d’une décision privée un totem moral censé guider l’action politique. Démagogie ou déclaration clientéliste de niche ? Ce n’est pas la première fois que le conseiller départemental de Chambord enfile ses gros sabots. Celui qui se revendique "blanc, chrétien, hétérosexuel, qui roule au diesel et se chauffe au fuel" et n’a "aucune intention de demander pardon" pour ça est un habitué des déclarations quelque peu caricaturales.

Même à Reconquête, où les questions sociétales font plus ou moins consensus, la déclaration suscite quelques moqueries. Sur la forme essentiellement. "Quel manque de finesse", se lamente un cadre. "Réduire notre discours à la police de l’enfant, ce n’est vraiment pas au niveau…" La campagne des européennes risque d’être longue.

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