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Aux Etats-Unis, un Joe Biden bien plus combatif qu'il n'y paraît

Aux Etats-Unis, un Joe Biden bien plus combatif qu'il n'y paraît

La santé du président américain interroge. Le procureur spécial Robert Hur, à défaut de trouver des motifs de poursuite dans l’enquête sur les documents classifiés de Joe Biden, a récemment évoqué sa mémoire supposée défaillante. Reste que Robert Hur doit son poste à Donald Trump et que Joe Biden dirige fermement sa campagne portée par le rebond de l’économie américaine.

À neuf mois de la présidentielle américaine, la question se pose avec insistance : les deux rivaux de 2020 seront-ils finalement en lice. D’un côté, le tonitruant et irascible candidat conservateur Donald Trump, plus tout jeune non plus, n’en a pas fini avec ses démêlés judiciaires. De l’autre, le poussif et apaisé candidat démocrate Joe Biden, 81 ans, de quatre ans à peine son aîné, inquiète par ses bourdes à répétition.

« Il faut, même si son âge y invite, se garder de toute surinterprétation quant à l’état de santé du président des États-Unis, relativise Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’IRIS*. Des bourdes, tous les hommes et toutes les femmes politiques en font. Donald Trump n’a-t-il pas dernièrement fait de Viktor Orban le président de la Turquie?? »

Faire le jeu de Trump

« Joe Biden, poursuit-elle, est tout au contraire passé à l’offensive dans sa campagne en répondant à ses adversaires, d’une part, et en faisant des propositions, d’autre part. Et cette campagne, il l’orchestre lui-même. C’est bien la preuve qu’il a encore toute sa tête. Surinterpréter ses bourdes, c’est entrer dans le jeu du camp de Donald Trump qui ne manque pas d’insister sur celle-ci. On parle de ses bourdes et de ce qu’elles supposent comme dégradations intellectuelles depuis son élection et même avant. Or, il y a deux ans aux midterms, les élections de mi-mandat, il s’était montré à la hauteur, faisant bien plus que limiter la casse. Ces erreurs et les prises de parole en public esquivées restent toutefois bien la grande faiblesse du camp démocrate. »

L’absence de plan B interroge d’autant plus que les personnalités susceptibles de remplacer Joe Biden ne sont pas si nombreuses et gagneraient assurément à être plus connues. « Des candidats en attente dans les starting-blocks, il y en a, reprend la politiste. Je pense notamment à Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, et à Gretchen Whitmer à la tête, elle, du Michigan. Et il y a des figures plus jeunes encore. Mais si un remplacement devait intervenir, le plus tôt serait le mieux afin que le nouveau candidat gagne vite en notoriété. Joe Biden, quoi qu’il en soit, ne se retirera pas de lui-même. Les Républicains, eux, savent déjà pouvoir compter sur Nikki Haley qui se tient prête. »

L'ONU : des actes tout autant que des mots

Difficulté supplémentaire pour les Démocrates : désigner aujourd’hui un possible remplaçant à Joe Biden reviendrait à accréditer la thèse que son état de santé se dégrade…

Droit à l'avortement

Qui pis est, le bon bilan économique de leur gestion est escamoté par une campagne tronquée par la personnalité excessive de Donald Trump. « L’ex-président, relève Marie-Cécile Naves, a perdu le vote populaire de 2016 et 2020. L’élection ne se jouera de toute façon pas à l’échelle nationale, mais État par État. La baisse du chômage et de l’inflation comme la reprise de la consommation sont autant de bons indicateurs économiques que les Américains commencent à percevoir dans leur vie quotidienne, notamment dans des États comme le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie ou la Georgie. Or, ces États ont fait l’élection de 2020. Par ailleurs, les enquêtes d’opinion enregistrent un intérêt grandissant pour les programmes. Certes, en face, il y a les algorithmes des réseaux sociaux et le buzz entretenu par un Donald Trump qui n’hésite pas à se servir des prétoires comme des tribunes de meeting. Pas sûr que les démocrates modérés et les indépendants y soient sensibles, eux qui font souvent la différence. »

Et les Démocrates disposent d’un nouvel atout :  « Longtemps attaché au récit des droits des femmes, conclut la politiste, le droit à l’avortement s’inscrit, depuis le Covid, dans le récit des libertés individuelles auquel tous les Américains sont sensibles. Les Démocrates défendent ce droit alors que les Républicains s’ingénient à en restreindre l’accès. Une majorité des Américains y est pourtant favorable… »  (*) Institut de relations internationales et stratégiques

Jérôme Pilleyre

Lire. Marie-Cécile Naves, Trump, la revanche de l’homme blanc, Éditions Textuel, 2018, 17,50 €

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