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Pour faire des économies sur le logement, une commune des Yvelines propose des thérapies de couple gratuites

Pour faire des économies sur le logement, une commune des Yvelines propose des thérapies de couple gratuites

À Viroflay, dans les Yvelines, la Ville met à disposition de ses habitants une conseillère conjugale et familiale qui les reçoit gratuitement pour des consultations. Objectif ? Sauver les couples. 50 % des demandes de logements sociaux proviennent de familles monoparentales.

Mauvaise communication, charge mentale, lassitude, poids de l’éducation des enfants, parents vieillissants, répartition des tâches... Dans les couples, les motifs de rupture ne manquent pas. Selon un rapport de la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques de 2020, depuis le début des années 2010, 425.000 séparations conjugales ont lieu en moyenne chaque année.

Emmanuelle Leprince-Ringuet, conseillère conjugale et familiale, ausculte les maux qui rongent les couples. Et tente de sauver ce qui peut l'être. "Je les restaure dans leur estime d’eux-mêmes, car, souvent, ils arrivent assez cassés", résume-t-elle. Particularité : la professionnelle n'exerce pas dans un cabinet traditionnel, mais en mairie, à la demande de la Ville de Viroflay, commune des Yvelines de 16.000 âmes dirigée par un maire LR, à l'origine de ce "partenariat". Des séances de thérapies conjugales et familiales sont ainsi proposées le mardi après-midi et le vendredi matin. Des consultations gratuites pour les habitants de la commune (contre minimum 60 euros le rendez-vous dans le privé). "La mairie me rémunère pour être au service des couples, qui n’ont ainsi pas de barrière financière pour venir chercher un accompagnement", salue Emmanuelle Leprince-Ringuet. Chaque année, une dizaine de couples sont accompagnées. 

Les familles monoparentales représentent la moitié des demandeurs de logements sociaux

À l'origine de cette initiative, une prise de conscience pécuniaire : les ruptures coûtent cher. "En 2017, nous nous sommes aperçus que les familles monoparentales représentaient la moitié de nos demandeurs de logements sociaux. Et que la moitié de notre budget d'aide sociale leur était également distribué, explique Laure Cottin. Ces deux constats nous ont interpellés. On s'est demandé pourquoi les couples rencontraient des difficultés,  pourquoi ils étaient amenés à se séparer."

Dans la majorité des cas, la rupture s'explique par le fait que l'on n'a pas pris soin de notre vie de couple. On a fait passer le boulot et les enfants avant de prendre en compte la vie à deux. Or, on reste persuadés que toutes les ruptures ne sont pas inévitables. L'idée, c'est : est-ce que je vais me former à mon "CDI perso" que représente ma vie de couple ?

Dans une tribune publiée en novembre 2023 dans le JDD, 550 professionnels de la relation conjugale défendaient la mise en place d'une politique publique pour "prendre soin du couple afin de mieux protéger l’enfant", arguant notamment que "le risque de redoublement est deux fois plus élevé chez les enfants de familles monoparentales et que les probabilités d’obtenir un diplôme bac + 5 chutaient de 45 % à 25 % pour les enfants de parents séparés."

Outre les dégâts causés au sein de la sphère privée, les séparations plombent aussi les finances publiques. D'après une étude du Crédit foncier de France publiée en 2006, chaque divorce engendre un besoin de 0,7 logement supplémentaire. En France, 90.000 logements supplémentaires seraient ainsi construits chaque année en raison des séparations. 

"Un couple qui se sépare, de fait, c'est deux logements, idéalement sur la même commune, ou vraiment proches l'un de l'autre, pour pouvoir soulager la logistique des gardes partagées ou alternées, explique Laure Cottin, adjointe au maire en charge des affaires familiales et sociales. Lors de la dernière commission logement, où on devait attribuer un appartement T3, sur 11 dossiers en balance, on avait dix mamans solo et un couple. Voilà, c'est ce que nous vivons aujourd'hui."

"Ne pas s'immiscer dans l'intimité" 

Prévenir les séparations via la mise à disposition d'outils de médiation pour économiser. C'est toute la philosophie du projet de la commune de Viroflay, qui se défend de s'immiscer dans la vie privée des couples. "On leur propose simplement des outils pour avancer", affirme Laure Cottin.  

Outre les séances de thérapies conjugales et familiales, la collectivité propose aussi des ateliers de soutien à la parentalité très fréquentés par les parents solos. Là aussi, le but est bien de tenter de sauver la vie de couple. "Ces dispositifs représentent une charge minime par rapport aux répercussions. Combien coûte, à l'État, aujourd'hui, les ruptures conjugales ? Ce sont des centaines de millions d'euros par an, entre les médiations familiales, entre toutes les prestations nécessaires." 

Nicolas Faucon

 

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