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Comment le collège Blaise-Pascal de Saint-Flour lutte contre le harcèlement

Comment le collège Blaise-Pascal de Saint-Flour lutte contre le harcèlement

Le collège Blaise-Pascal a tenu à marquer les esprits de ses élèves, en dédiant une journée pleine, la semaine dernière, à la prévention du harcèlement. Un moyen de lutte parmi d'autres.

Grégory Gillet, principal adjoint, place des gommettes sur le front de chacun des élèves d’une classe de quatrième. Il y a des bleues, autant de vertes… et une seule rouge. Puis il leur demande de se répartir par couleur. Dans un des groupes, l’un d’eux prend d’emblée le leadership, et trie ses camarades. « Sa réaction est classique, il n’y a pas à le blâmer, débriefe leur encadrant. Mais pourquoi l’avez-vous suivi ? Pourquoi vous avez joué aux bons petits soldats ? » « Pour ne pas être exclu », répond un élève. « Et celui qui s’est retrouvé seul, vous vous sentez comment pas par rapport à lui ? » « Embêtés » ou « tristes » répondent les jeunes. « Eh bien vous voyez, c’est la base d’une situation de harcèlement : une mise à l’écart, pour une question de différence, et puis ça se gangrène. »

Une journée dédiée

Nouvelle série de pastilles sur les fronts des élèves. Avec une consigne plus simple, qui tient en un mot : « jouez ». Instinctivement, les élèves commencent par se regrouper par couleur. Ceux en portant une rare se retrouvant une nouvelle fois de côté. L’occasion de les faire réfléchir sur l’importance des différences dans leurs comportements, et la mise à l’écart de tout ce qui sort du groupe.Un atelier parmi de nombreux autres que les élèves de Blaise-Pascal ont pu suivre mardi dernier. Car au-delà de leur principal adjoint, la conseillère principale d’éducation, de nombreux professeurs, l’infirmière, les surveillants, mais aussi des gendarmes ou des membres du programme « Promeneurs du net » les ont sensibilisés sur le harcèlement. Sous toutes ses formes. Ainsi, les aspects psychologiques, mais aussi la sexualité, le cyberharcèlement ou les risques pénaux ont été traités, sous des angles différents selon les niveaux des élèves. Lors d’une journée entièrement banalisée.

Marquer les esprits

« Les élèves doivent suivre dix heures de sensibilisation dans l’année, mais on a trouvé que c’était un bon moyen d’évoquer la question en profondeur que d’y consacrer une journée pleine. L’idée était de frapper les esprits des élèves », détaille Gregory Gillet.

Cellule dédiée

Même si le sujet est pris en compte toute l’année, par une cellule dédiée d’enseignants, et par des élèves référents, au moins deux par classe, sur la base du volontariat. Car, même à Saint-Flour, « on n’est pas épargné, même si c’est certainement moins pire qu’ailleurs. Et si ce genre de phénomène démarre plus jeune, on hérite d’ailleurs parfois de situations compliquées issues de la primaire, ces âges-là peuvent être particulièrement problématiques. »

La question des réseaux sociaux

Et encore plus difficiles à traiter pour les personnels de l’Éducation nationale depuis l’apparition des réseaux sociaux. 

Ils apportent deux difficultés supplémentaires. D’une, nous, on ne les voit pas, en particulier les snaps, qui disparaissent. De deux, ils ne laissent aucun répit au harcelé. Avant, quand il arrivait à la maison, ça prenait fin, même s’il avait le moral dans les chaussettes. Là, ça le poursuit à la maison. 

Le rôle des parents

Reste donc la sensibilisation. Qui, passée cette première dense journée, pourrait être étendue, en particulier aux parents. « Ils doivent prendre conscience qu’ils sont responsables pénalement de ce que peuvent faire leurs enfants sur les réseaux sociaux. Leur rôle de parent, c’est de parler aux enfants, mais aussi de contrôler leur téléphone. »

L'écoute

Autre arme pour le collège : l’écoute. « C’est essentiel. D’abord pour démêler ce qui est une simple chamaillerie, ou un conflit, d’un cas de harcèlement. Ensuite, on doit écouter la victime, mais aussi le harceleur, qui lui aussi est parfois une ancienne victime, et pour lui faire prendre conscience de la compassion nécessaire. C’est un peu comme de la justice restaurative. »

Yann Bayssat

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