Lutter contre l'illectronisme via le volet économique : à la MJC de Montluçon, on prône la réparation et les logiciels gratuits

À la MJC-Centre social de Montluçon (Allier), la lutte contre l’illectronisme passe aussi par une maîtrise des coûts financiers qu’engendre souvent l’informatique.

"En plus d’être un MacGyver de l’informatique, il est très patient et pédagogue", insiste Nicole. Jean et Martine, les deux autres participants du cours d’informatique proposé par Anthony Viau, médiateur numérique à la MJC-Centre social de Montluçon, confirment avec le sourire.

À l’heure de la dématérialisation des documents et des services publics de plus en plus accessibles par Internet, la MJC-Centre social participe à la lutte contre l’illectronisme, à l’image d’autres structures et de collectivités publiques, en proposant des cours collectifs et individuels.

"Je ne viens pas aux cours collectifs. Je demande des cours individuels suivant mes besoins. C’est plutôt des SOS. L’informatique n’est pas quelque chose qui me passionne mais on n’a plus le choix que de s’en servir."

Martine explique être dans la même situation que sa camarade de cours.

Une lutte qui va au-delà de la maîtrise technique

Mais pour Anthony Viau, le combat contre la fracture numérique va au-delà de la maîtrise technique. L’achat d’un ordinateur neuf peut parfois représenter un coût financier que certains ne peuvent pas se permettre, les éloignant du numérique et des nouvelles technologies. Le médiateur n’hésite pas alors à se muer en réparateur quand il le peut.

"On m’apporte des ordinateurs morts sur lesquels je récupère ce que je peux : un disque dur, des barrettes de RAM… "

"Les personnes qui viennent au cours vont sur Internet, font du traitement de texte, téléchargent leurs photos. Par rapport à l’usage qu’en font la plupart des gens, les ordinateurs qu’ils ont déjà suffisent. C’est pourquoi plutôt que de leur en faire un neuf très cher, je leur fais des petites réparations quand je peux "

Le jeune homme invite à l’achat d’ordinateurs de seconde main qui, en plus d’êtres économiques, sont plus écologiques.

Des logiciels gratuits

Le médiateur mise également sur des systèmes d’exploitation gratuits. "On est en 2024 et on paie toujours pour tout et rien. Si on peut faire les choses à bas prix ou gratuitement, pourquoi se priver ? En ce moment, j’installe beaucoup Linux Mint. Ça ressemble beaucoup à Windows tout en étant plus simple et moins onéreux. En plus avec Windows, si vous ne faites pas les mises à jour, ça rame. Linux vous propose de les faire mais vous laisse tranquille si vous ne le faites pas", pointe Anthony Viau.

Pour les participants, leurs progrès sont un gage de la pertinence des cours d’Anthony et de sa philosophie. "Mon ordinateur a beaucoup de capacité de stockage et je ne le savais même pas", se réjouit Jean, octogénaire Montluçonnais.

"Jean se sert très bien de son ordinateur. Il a déjà une base. On évite de lui créer un nouveau besoin. Il suffit qu’il s’habitue à travailler avec Linux qui n’est pas si différent que ça de Windows. La crainte des gens qui travaillent sous Windows est de ne pas retrouver certains logiciels sous Linux. Or, il y a toujours une alternative gratuite."

Tenir des besoins des participants

Côté cours, que ce soit en collectif ou en individuel, l’animateur tient aussi compte des besoins des participants plutôt que de leur imposer une thématique. 

"Je ne saurais pas faire un cours magistral. Mon idée est que les gens viennent pour apprendre. Quand quelqu’un veut que j’évoque un thème ou un problème, ça parle très vite aux autres. On voit que l’on a quasiment tous les mêmes besoins. De fil en aiguille, une chose en amène une autre aussi."

Le fait de ne pas se sentir contraints au-delà de leurs besoins ou leurs envies séduit les participants. "Anthony a un intérêt pour la discipline mais aussi pour l’humain. Il se met à la place de l’autre. Il utilise souvent les images pour nous faire comprendre ce qui se passe dans nos ordinateurs et ça fonctionne bien", confie Martine.

Florence Farina